À Montpellier, le nouveau collège Port-Marianne ouvrira ses portes dès la rentrée. À l’ère de l’anthropocène, l’architecture scolaire a été ainsi mise au service d’une politique qui se donne pour objectif d’agir sur tous les leviers de la réussite scolaire.


 

Au sud-est de Montpellier, le quartier Port-Marianne compte une majorité d’appartements récents (95 % contre seulement 5 % de maisons individuelles). Il dénombre 7 000 habitants dont la moyenne d’âge est de seulement 34 ans et participe pleinement à l’essor démographique de la ville qui appelle les pouvoir publics à satisfaire de manière continue aux besoins éducatifs.

On trouve déjà dans le quartier quatre structures pour les tout-petits, dont une crèche familiale. Il recense aussi trois primaires dont les écoles primaires André Malraux et Chengdu, le lycée Georges Frêche ainsi que le lycée professionnel Pierre Mendès France.

Le 10 mars sur le chantier situé au 121 rue du Mas Rouge, au bout du parc Georges Charpak, a eu lieu la présentation du futur Collège Port-Marianne en présence du président du Conseil départemental de l’Hérault, Kléber Mesquida, entouré du Maire de Montpellier, Michaël Delafosse, de la rectrice d’Académie, Sophie Béjean, de Renaud Calvat délégué à l’éducation et du parlementaire Hussein Bourgi.

 

« Apprendre dans les meilleures conditions »

 

L’établissement, dont le coût des travaux pris en charge par le Département s’élève à 18M €, vient compléter l’offre éducative sur le quartier. Encore en construction, il accueillera ses premiers élèves dès la rentrée de septembre. 330 collégiens de 6e et 5e suivis, en 2023, par 390 élèves de 4e et 3e. Le nouvel établissement viendra par ailleurs soulager le collège voisin des Aiguerelles, aux classes surchargées et dont les parents avaient, à de nombreuses reprises, dénoncé les conditions d’enseignement.

Les architectes de l’agence d’architecture montpelliéraine A+Architecture et AMG Architectes ont présenté les grands axes de leur travail dont l’esthétique est portée par l’anthropocène1. Une telle esthétique entre minéral, végétal et sublime technologique permet de porter la démarche politique du Département sur le thème Bien dans mon collège que revendiquent les architectes eux-mêmes. « Nous apportons une petite graine permettant aux enfants d’apprendre dans les meilleures conditions. »

D’une surface d’environ 5000 m2, le collège répondra aux normes environnementales les plus exigeantes. Une grande partie du bâtiment, dont la façade et l’ossature, seront construits en bois (provenant des Cévennes). Le socle du rez-de-chaussée en béton bas carbone génèrera moins de gaz à effet de serre. L’agencement modulaire permet d’agrandir le collège selon la poussée démographique du quartier ; le collège pourra ainsi passer d’un effectif de 720 à 840 élèves.

 

 

Le collège Port-Marianne

 

 

Maintenir un engagement fort

 

Lors de la conférence de presse sur le chantier, le maire de Montpellier a souligné que les enfants pourraient se rendre au collège avec les transports en commun gratuits et qu’un aménagement cyclable était prévu le long de l’Avenue du Mondial-98. Il rappelle que ce type de projet relève d’un temps long qui suppose de maintenir un engagement fort des participants tout au long de la réalisation.

Des propos confirmés par Kléber Mesquida qui a remercié officiellement le maire pour avoir alloué le terrain, car la disponibilité des terrains est devenu rarissime pour les projets publics. Le président du Conseil départemental a évoqué la poursuite du Plan collèges qui mobilise 198M€ sur 5 ans avec la construction de nouveaux collèges prévue à Juvignac et Maraussan en 2024 et la rénovation durable des établissements dans le département qui compte 81 collèges publics.

La volonté politique d’une approche plaçant résolument les facteurs environnementaux, climatiques, et sanitaires en amont des évènements sociaux pour habiter et construire le monde de demain, est devenue plus que nécessaire face aux enjeux du réchauffement climatique. Elle présente cependant le risque de nourrir les inégalités. La sociologie du quartier Port-Marianne est principalement constitué de couples (49 %). 59 % des actifs sont cadres ou chefs d’entreprise. Raison pour laquelle le Département a souhaité associer à ce nouvel établissement un enjeu de mixité sociale.

Sophie Béjean a accueilli cette requête favorablement en acceptant de modifier la carte scolaire. Pour la rectrice d’Académie, le collège Port-Marianne répond à un triple enjeu. Celui de s’adapter à la croissance démographique, celui de la mixité : l’établissement comprendra une unité localisée d’inclusion scolaire2 et permettra l’accueil et la scolarisation des élèves allophones3 nouvellement arrivés qui relèvent du droit commun et de l’obligation scolaire. Enfin, celui de répondre aux enjeux de l’attractivité internationale (avec une section bilangue Anglais-Chinois) à travers la qualité pédagogique assurée par la communauté éducative et l’environnement favorable qu’il propose.

Avec ce nouveau concept, grâce à un travail collaboratif à poursuivre dans un temps long, la rationalité administrative semble se soumettre aux besoins environnementaux et sociétaux du monde en devenir dans lequel la priorité donnée à l’éducation apparaît comme une évidence.

JMD

 

Collège Port-Marianne : Voir la vidéo de présentation

Notes:

  1. En architecture, la thèse de l’anthropocène peut se lire comme la nécessité de sortir d’une approche strictement énergétique des changements climatiques, pour penser une manière de développer un autre rapport au monde, de créer de nouvelles manières d’habiter et de construire notre monde avec toutes les entités vivantes.
  2. les Unités localisées pour l’inclusion scolaire (ULIS) sont des classes particulières pour la scolarisation d’élèves en situation de handicap
  3. En sociolinguistique et en sociodémographie, un allophone est une personne qui, dans un territoire donné, a pour langue première une autre langue que la ou les langues officielles, et qui réside habituellement dans ce territoire.
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Après des études de lettres modernes, l’auteur a commencé ses activités professionnelles dans un institut de sondage parisien et s’est tourné rapidement vers la presse écrite : journaliste au Nouveau Méridional il a collaboré avec plusieurs journaux dont le quotidien La Marseillaise. Il a dirigé l’édition de différentes revues et a collaboré à l’écriture de réalisations audiovisuelles. Ancien Directeur de La Maison de l’Asie à Montpellier et très attentif à l’écoute du monde, il a participé à de nombreux programmes interculturels et pédagogiques notamment à Pékin. Il est l’auteur d’un dossier sur la cité impériale de Hué pour l’UNESCO ainsi que d’une étude sur l’enseignement supérieur au Vietnam. Il travaille actuellement au lancement du média citoyen interrégional altermidi.