Karine Soulé, directrice de l’éducation au Conseil départemental de l’Hérault, revient sur les missions et l’implication du Département ainsi que sur le travail qu’il mène en collaboration avec l’Académie.


 

 

Depuis les années 80, les compétences relatives aux collèges se partagent entre les départements et l’Éducation nationale. Quelles sont les missions du Conseil départemental ?

Un des objectifs poursuivis par les réformes de décentralisation consistait en l’attribution de compétences propres aux collectivités territoriales. L’éducation est un service public national dont l’organisation et le fonctionnement sont assurés par l’État.  Pour les collèges, une partie des compétences de l’État a été transférée aux départements pour les associer au développement de ce service public. Le Département a la charge des collèges publics dont il assure la construction, la reconstruction, l’extension, les grosses réparations, l’équipement et le fonctionnement. À ce titre, l’acquisition et la maintenance des infrastructures et des équipements — les matériels informatiques et les logiciels prévus pour leur mise en service inclus — nécessaires à l’enseignement et aux échanges entre les membres de la communauté éducative sont à la charge du Département. Les personnels liés aux compétences départementales également, cela représente 660 postes et une centaine de contractuels.

 

Cette répartition suppose néanmoins une collaboration régulière avec le rectorat et les établissements. Comment travaillez-vous ensemble ?

En effet, la collaboration entre le Département et l’Académie s’opère au sein du Conseil départemental de l’Éducation nationale (CDEN), lequel est également composé des personnels des établissements et des usagers (parents d’élève, associations…). C’est l’instance où s’évalue l’attribution de classe, la répartition des postes, les budgets. Nous avons également des instances de travail où nous travaillons en relation avec le rectorat pour évaluer les besoins. Cette année, nous avons une hausse d’effectifs de 600 élèves dans l’Hérault.

 

Une telle situation suppose de s’organiser, quels sont vos leviers d’action ?

Nous nous adaptons à la situation, on peut gérer les salles de classe ou modifier la sectorisation en équilibrant avec un collège voisin. Dans certains cas, il faut construire de nouvelles capacités d’accueil. Nous estimons aussi les besoins avec des comités techniques, que ce soit pour établir des plans de rénovation ou mener des actions éducatives sur le territoire. Un travail collectif est conduit pour assurer une école inclusive afin d’offrir de bonnes solutions d’accueil aux enfants en situation de handicap et prendre en compte la singularité et les besoins éducatifs particuliers. Les décisions sont prises avec le directeur académique et le vice-président du Département.

 

Comment se met en place l’aide humaine aux élèves en situation de handicap ?

La Maison départementale de l’autonomie (MDA) détermine si l’enfant a besoin d’un suivi. Le dossier est ensuite transmis à L’État qui décide. Sur le terrain, des Unités localisées pour l’inclusion scolaire (ULIS)1 sont mises à disposition. Il y en a 55 sur les 80 collèges publics de l’Hérault. Le Département priorise la question du handicap et va renforcer les liens. Il a souhaité qu’il y ait une unité d’accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) par collège.

 

Le  Département croise-t-il différents objectifs dans sa mission éducative ?

En dehors de ses compétences, l’Assemblée départementale s’implique dans le soutien logistique et financier d’activités éducatives, sportives, culturelles et scientifiques, pour un épanouissement personnel et citoyen. En donnant la parole et la capacité de faire des propositions au sein du Conseil Départemental des jeunes (CDJ), il favorise la participation citoyenne des collégien.ne.s.

 

Cela concerne-t-il l’action sociale ?

Nous menons des actions de soutien scolaire et de remise à niveau pour lutter contre le décrochage scolaire, qui concerne souvent les enfants issus de milieux défavorisés. Même si la question du décrochage relève davantage de la compétence pédagogique. En collaboration avec le milieu associatif, la médiathèque départementale Pierresvives, à Montpellier, a lancé « Aide aux devoirs » destinée aux élèves de la primaire au lycée afin de les accompagner. La numérisation du territoire et la lutte contre la rupture numérique sont d’autres axes à caractère social. Le Département y porte attention en s’impliquant pour l’égalité d’accès aux outils numériques. Les périodes de confinement ont permis de mesurer toute l’acuité de cette question. Elles renouvellent l’action départementale contre la fracture numérique et révèlent la place croissante que le numérique occupe dans l’éducation.

 

Quels sont les points d’amélioration qui pourraient faire avancer la collaboration ?

Globalement, nous sommes dans un partenariat constructif avec l’Académie et les acteurs de la communauté éducative. Le fait que les personnels du Département demeurent sous tutelle de l’Éducation nationale génère parfois des incompréhensions dans la gestion des équipes d’agents techniques, en termes de ressources humaines. Parmi les choses à développer, je pense à l’approche des usagers ; lorsqu’on mène un projet comme « Bien dans ma cour et dans mon collège », on doit associer les usagers. Ce n’est ni facile, ni naturel, il faut travailler sur la notion de confiance. Enfin, l’alliance éducative est peut-être plus pertinente à Montpellier, du fait de la proximité des acteurs, que sur les territoires ruraux. Nous avons besoin de nous rapprocher du terrain. Cela entre dans les référentiels du département de l’Hérault qui mène une démarche soucieuse d’équité.

 

Notes:

  1. Les ULIS permettent la scolarisation dans le premier et le second degrés d’un petit groupe d’élèves présentant des troubles compatibles. Elles offrent la possibilité, grâce à des aménagements et adaptations pédagogiques et des mesures de compensation mis en œuvre par les équipes éducatives, de poursuivre en inclusion des apprentissages appropriés à leurs potentialités et besoins, et d’acquérir des compétences sociales et scolaires, même lorsque ses acquis sont très réduits.
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Après des études de lettres modernes, l’auteur a commencé ses activités professionnelles dans un institut de sondage parisien et s’est tourné rapidement vers la presse écrite : journaliste au Nouveau Méridional il a collaboré avec plusieurs journaux dont le quotidien La Marseillaise. Il a dirigé l’édition de différentes revues et a collaboré à l’écriture de réalisations audiovisuelles. Ancien Directeur de La Maison de l’Asie à Montpellier et très attentif à l’écoute du monde, il a participé à de nombreux programmes interculturels et pédagogiques notamment à Pékin. Il est l’auteur d’un dossier sur la cité impériale de Hué pour l’UNESCO ainsi que d’une étude sur l’enseignement supérieur au Vietnam. Il travaille actuellement au lancement du média citoyen interrégional altermidi.