Lorsqu’elle évoque la journée de grève impulsée par FO « contre l’inclusion scolaire systématique », la presse locale, nationale ou spécialisée laisse souvent entendre que les positionnements de Force Ouvrière et leurs revendications sont celles de l’ensemble des travailleuses et travailleurs de l’Éducation nationale, qu’ils feraient consensus.


 

Communiqué du Collectif «Une Seule École»

 

Nous souhaitons par cette rapide expression tordre le cou à cette idée fausse et rétablir la vérité à propos de nombreux mensonges véhiculés dans cet appel.

Il n’y a certainement pas d’unanimité quant à la place que nous souhaitons donner — ou non — aux enfants handicapé.e.s à l’école.

Nous sommes nombreux et nombreuses, militantes et militants de collectifs antivalidistes comme le Collectif Luttes et handicaps pour l’égalité et l’émancipation (CLHEE), Handisocial ou le Collectif Une Seule École (CUSE), militantes et militants à la CGT éduc’action ou à SUD éducation, directement concerné.e.s par le handicap ou allié.e.s, à nous opposer radicalement à des orientations que nous jugeons validistes et réactionnaires.

Nous militons très clairement pour l’accueil inconditionnel de tous les enfants dans l’école ordinaire. Nous militons pour obtenir les moyens d’accueillir dans de bonnes conditions tous les enfants. FO travaille à la mise à l’écart d’enfants en raison de leur écart à la norme valide. Nous l’affirmons avec force : les moyens dédiés aux établissements spécialisés doivent maintenant être consacrés à la scolarisation dans les classes ordinaires avec tous les accompagnements nécessaires dans une approche pluridisciplinaire pour que les élèves bénéficient d’aides, d’aménagements et de compensations dans tous les espaces sociaux qui existent : les domiciles, les crèches, les écoles, les collèges, les lycées, les universités, les clubs de sport, de loisir, les transports, les logements, les services publics, les espaces militants et de travail, etc.

Nous rappelons que la persistance d’une scolarisation ségréguée dans des établissements et classes spécialisés est contraire aux droits humains, aux principes d’égalité en droit et en dignité de notre Constitution et au droit international rappelé par l’ONU. Nous rappelons que l’ONU appelle la France à fermer ces établissements et à se donner les moyens d’une scolarisation en milieu ordinaire pour tous enfants, quel que soit leur handicap et avec tous les accompagnements nécessaires pour permettre l’égalité réelle. Nous rappelons enfin que ce que porte la Convention relative aux droits des personnes handicapées est le fruit des luttes des militant·e.s antivalidistes et concerné·e.s par le handicap.

Nous rappelons qu’il est fallacieux et hypocrite, pour asseoir des revendications d’exclusion, de présenter quasiment systématiquement les enfants handicapé.e.s comme des enfants violents sans ne jamais interroger les conditions qui bien souvent génèrent cette violence. Cette démarche sensationnaliste est révoltante.

Non, contrairement à ce qu’affabule FO, l’État ne bafoue pas les droits des enfants handicapé·e.s en supprimant des places en institut médico-éducatif (IME), il les bafoue en laissant les IME ouverts et en en déployant de nouveaux.

Non, l’État n’a pas engagé la destruction des structures spécialisées et adaptées, il confirme au contraire son attachement aux associations gestionnaires qui structurent la gestion du handicap en France autour de l’institutionnalisation en déployant 100 projets pilotes d’instituts médico-éducatifs dans l’école.

Participer à la journée de mobilisation initiée par Force ouvrière, c’est :

  • s’opposer à la lutte d’émancipation antivalidiste, promouvoir l’idée qu’il y a une hiérarchie des vies ;
  • défendre un milieu qui n’a de protégé que le nom : 35 % des viols et 36 % des agressions sexuelles sur mineur·e.s handicapé.e.s sont par exemple commis dans les IME, selon le ministère de l’Intérieur ;
  • promouvoir un système de ségrégation, de discrimination et d’oppression ;
  • s’opposer à l’école publique, car les institut thérapeutique, éducatif et pédagogique (ITEP) et IME sont gérées par des associations gestionnaires qui cherchent le profit et ne sont pas des services publics.

Pour nous, membres du Collectif Une Seule École, l’école doit accueillir massivement tous les enfants de ce pays, quelles que soient leurs conditions sociales, culturelles ou leur état physique, mental ou psychique. Nous portons l’exigence d’une scolarisation inconditionnelle.

Nous avons des idées, des outils et des pratiques à proposer pour que cette scolarisation advienne, notamment parce qu’elle existe déjà et est mise en place dans des pays proches. Il s’agit désormais pour la France d’appliquer les lois qu’elle a votées au début du siècle ainsi que la Convention internationale qu’elle a ratifiée. Elle doit respecter réellement les enfants handicapé·e.s de ce pays en scolarisant tous les enfants au sein de l’école de la République.

À bas le validisme !

Les militant·e.s du CUSE (Collectif Une Seule École)

Lire aussi : Alerte de la Défenseure des droits sur : L’accès à l’éducation des enfants en situation de handicap

Avatar photo
Compte contributeurs. Ce compte partagé est destiné à l'ensemble des contributeurs occasionnels et non réccurents d'altermidi. Au delà d'un certain nombre de publications ou contributions, un compte personnalisé pourra être créé pour le rédacteur à l'initiative de la rédaction. A cette occasion, nous adressons un grand merci à l'ensemble des contributeurs occasionnels qui nous aident à faire vivre le projet altermidi. Toutefois, les contenus des contributions publiées par altermidi n'engagent pas la rédaction.