Agriculteurs en colère, il aura suffit que Gabriel Attal freine un grand coup sur l’écologie pour  satisfaire la FNSEA qui a invité les tracteurs à retourner aux champs…


 

La cogestion gouvernementalo-FNSEA du secteur agricole, symbolisée par les heures de négociations en tête-à-tête ces derniers jours, a montré sa toute-puissance, commente L’Humanité. Le ministre de l’agriculture, Marc Fesneau, a annoncé la mise « en pause » du projet qui doit définir la stratégie française de réduction de l’usage des produits phytopharmaceutiques à l’horizon 2030.

« On nous dit “On vous donne quatre sous, on ne vous embête pas trop sur les normes environnementales et on assure se battre au niveau européen contre les accords de libre-échange”, ce que l’on réclame depuis des années. Mais il n’y a rien sur les revenus. N’aurions-nous qu’un problème de paperasse ? », Résume avec ironie le président du Mouvement de défense des exploitants familiaux, Pierre Thomas.

L’une des revendications essentielles du mouvement des agriculteurs français : la fin des accords de libre-échange, accusés d’installer une concurrence déloyale entre les producteurs étrangers de denrées non soumis aux mêmes normes sociales et environnementales que les agriculteurs européens, remet directement en question la stratégie de la politique agricole commune. On comprend qu’elle ait été mise en sourdine par la FNSEA qui est favorable aux accord de libre-échange. Le patron de la FNSEA a appelé ses troupes « au calme et à la raison ». « L’attente est énorme » face au « cumul de normes et de règles », a ainsi souligné Arnaud Rousseau. Mais « il y a aussi beaucoup de sujets européens qui ne sont pas des sujets qui se règlent en trois jours ».  En d’autres termes, on s’adapte au contexte conjoncturel sans remettre aucunement en cause la structure de marché privilégiant la production intensive et les grandes exploitations.

 

Temporisation avant de reprendre comme si de rien n’était

Sur les obligations de jachères imposées par la nouvelle Politique agricole commune (PAC), entrée en vigueur début 2023, la Commission européenne propose une « dérogation partielle » leur permettant de toucher les aides même sans respecter la proportion d’au moins 4 % de terres arables en jachères.

Cette semaine, le gouvernement français a fait savoir qu’il n’était pas favorable, en l’état, à l’accord UE-Mercosur. Ce traité « n’est pas bon pour nos éleveurs et ne peut pas, ne doit pas être signé en l’état », a d’ailleurs souligné hier le ministre de l’Économie Bruno Le Maire. Il a promis que la France s’engagerait dans un « bras de fer » à Bruxelles pour que cet accord ne soit pas signé, en tout cas tel qu’il est actuellement. L’exécutif bruxellois avait déclaré, la veille, qu’« à l’heure actuelle, l’analyse de la Commission est que les conditions pour conclure des négociations avec le Mercosur ne sont pas réunies ». Mais les discussions continuent et l’Union européenne continue à poursuivre ses objectifs.

« Notre évaluation montre que la PAC ne peut pas répondre de manière adéquate aux nouveaux défis sociétaux et qu’elle est limitée dans sa capacité à concilier les contraintes des marchés agricoles avec le modèle agricole européen et les nouvelles demandes sociétales », lit on dans la synthèse d’une étude pour la commission AGRI à propos de l’avenir du modèle agricole européen. Un modèle qui sort de cette crise encore plus déconnecté de la transition écologique.

 

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