samedi 4 mai 2024
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Vivre sa jeunesse : IX. GENRE X. SITE DE RENCONTRE

Dans cette série d'entretiens :

XVI. PERFORMANCE ET CONFORMISME : BOBO

Un master II en poche, deux amies de 24...

XV. RELATIONNER EN SÉCURITÉ

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XIV. LIBERTÉ ET LIMITES

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XIII. MONDE DE LA NUIT ET RÉSEAUX

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XII. FAIRE LA FÊTE

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XI. AMOUR ET AMITIÉ

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IX. GENRE X. SITE DE RENCONTRE

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VIII. RÉSEAUX SOCIAUX

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VII. INTERGÉNÉRATION

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III. CRISE ÉCOLOGIQUE ET ENGAGEMENT

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 II. POLITIQUE

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I. VIE SOCIALE ET PROFESSIONNELLE

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Un master II en poche, deux amies de 24 ans se retrouvent “volontaires” en service civique. . Il transparaît au travers de leurs échanges une conscience et une maturité criante, et pourtant inhabituelle aux oreilles de leurs aînés — bien souvent sourdes… Au fil de la conversation chez l’une d’entre elles, altermidi interroge leur vécu en prenant le parti de laisser libre cours à leur dialogue.

Sur le sujet « vivre sa jeunesse », la conversation se décline en plusieurs thèmes au travers desquels ces jeunes femmes en prise avec des désirs individuels et des aspirations collectives, parfois indépendamment, souvent de concert, se racontent …


Entre balisage, brassage et algorithme

 

IX. GENRE

 

Avez-vous le souvenir d’avoir réaliser votre genre, que vous n’êtes plus une enfant et ce que ça implique ?

S : T’es déjà orientée quand t’es enfant.

O : Je me souviens que quand on était au collège et au lycée, les questions liées au genre, au sexe, c’était encore très très normé au collège, et les adolescents étaient vraiment dans une recherche de coller au mieux aux stéréotypes du genre. Alors que maintenant j’ai l’impression que c’est pas pareil, que les jeunes sont beaucoup plus éveillés sur ces sujets-là, enclins à remettre tout ça en question plus tôt et à accepter des sexualités qui ne sont pas dans la norme, on va dire, alors que ça l’était moins quand on était adolescentes. Quand j’étais aux Beaux-Arts, au début il y avait, je pense, une fille qui était lesbienne dans toute l’école alors qu’on était 200. Aujourd’hui ça n’a rien à voir, tout le monde est queer.
Je pense que c’est hyper fracturé en fonction des milieux. Il y a des milieux où la déconstruction du genre est vraiment une norme, et si des personnes disent des choses qui vont être perçues comme misogynes ou homophobes, ou je sais pas, peu importe, ça va être très mal vu. Et à l’inverse il y a des milieux où c’est encore la norme. C’est surprenant de naviguer entre les deux, il y a vraiment une dissonance.

S : C’est vrai c’est très marrant, il y a des milieux où c’est impardonnable de dire un truc qui peut être perçu comme limite, et d’autres milieux, si tu fais preuve d’ouverture et que tu essaies d’être respectueuse envers tous, tout de suite on va te dire « ah ouais toi t’es la “meuf” chiante qui est féministe ».  C’est très très balisé.

 

X. SITE DE RENCONTRE

Comment appréhendez-vous l’application de rencontre Tinder ? Vous apparaît-elle être un outil comme les autres ?

O : C’est un peu paradoxal, il y a plein de choses différentes. Certaines personnes donnent l’impression de commander une pizza ; en mode : où est la personne ? Est-ce qu’elle est à côté ? Est-ce que physiquement elle est ok ? Est-ce qu’elle correspond à ce dont j’ai envie maintenant ? Ok j’y vais, je vois la personne une fois, après je repars, et j’lui reparle plus jamais.
Tinder peut être un moyen de rencontrer des personnes qui sont éloignées du milieu dans lequel on évolue. Une étude expliquait que l’algorithme Tinder montrait à chaque individu des personnes qui lui ressemblaient le plus, et même notamment en se basant sur le nombre de fautes d’orthographe qui étaient faites dans les messages qui étaient échangés sur l’application, donc avec un tri en fait comme ça. D’un autre côté, il y a plus de mélange social sur Tinder que dans la « vraie vie », potentiellement. Ça brasse tout le monde.

S : Et vous n’aviez pas de point commun évident, de premier abord rien ne vous invitait à vous rencontrer.

O : Tu peux rencontrer une personne qui va complètement être déracinée du milieu dans lequel elle évolue.

 

Est-ce que rencontrer des gens qui viennent d’un milieu qui nous est totalement inconnu répond à ce qui est recherché ?

S : Je pense qu’il s’agit avant tout de tromper sa solitude en réalité, et souvent de manière un peu gênée de devoir en arriver là, mais pourquoi pas, parce que ça amène des fois des choses inattendues.

O : Je ne suis pas gênée d’être sur Tinder ou de rencontrer des personnes sur Tinder. Par contre j’ai pas envie, si je suis dans le tram’ ou au travail, d’ouvrir la grosse application Tinder avec un flamme rouge, j’aurais quand même envie d’intimité. Une autre plateforme pour échanger des messages c’est plus pratique.

 

Derrière cet aspect pratique, est-ce que ce système ouvre sur des questionnements ?

S : Paradoxalement c’est très rassurant et très effrayant en même temps. C’est-à-dire que — pour une fille en tout cas — dans l’immédiat c’est pas très compliqué, tu peux voir quelqu’un de plaisant facilement et passer un bon moment, sans forcément trop de danger, ni d’engagement. Mais en même temps c’est effrayant par rapport aux modes de relation que ça peut impliquer sur le long terme et le système dans lequel tu dois rentrer pour que ça marche : par la photo.

Recueilli par Sophie Duvauchelle

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