samedi 11 mai 2024
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Vivre sa jeunesse : IV. POUVOIR D’ACTION V. RALENTISSEMENT DU TEMPS VI. ÊTRE ADULTE

Dans cette série d'entretiens :

XVI. PERFORMANCE ET CONFORMISME : BOBO

Un master II en poche, deux amies de 24...

XV. RELATIONNER EN SÉCURITÉ

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XIV. LIBERTÉ ET LIMITES

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XIII. MONDE DE LA NUIT ET RÉSEAUX

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XII. FAIRE LA FÊTE

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XI. AMOUR ET AMITIÉ

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IX. GENRE X. SITE DE RENCONTRE

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VIII. RÉSEAUX SOCIAUX

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VII. INTERGÉNÉRATION

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III. CRISE ÉCOLOGIQUE ET ENGAGEMENT

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 II. POLITIQUE

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I. VIE SOCIALE ET PROFESSIONNELLE

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Un master II en poche, deux amies de 24 ans se retrouvent “volontaires” en service civique. . Il transparaît au travers de leurs échanges une conscience et une maturité criante, et pourtant inhabituelle aux oreilles de leurs aînés — bien souvent sourdes… Au fil de la conversation chez l’une d’entre elles, altermidi interroge leur vécu en prenant le parti de laisser libre cours à leur dialogue.

Sur le sujet « vivre sa jeunesse », la conversation se décline en plusieurs thèmes au travers desquels ces jeunes femmes en prise avec des désirs individuels et des aspirations collectives, parfois indépendamment, souvent de concert, se racontent …


Être mis de côté 

 

IV. POUVOIR D’ACTION

 

En tant que jeunes, quel rapport avez-vous à la liberté ?

O : Il y a plein de manières différentes d’être jeune ; être étudiant ce n’est pas pareil qu’être jeune travailleur.

S : En quoi est-on libre et qu’est-ce que ça veut dire, et puis en quoi être jeune c’est une liberté ? Pourquoi plus les jeunes qu’autre chose ?

O : Je n’ai pas l’impression qu’en tant que personne jeune on puisse avoir l’impact sur la société qu’on voudrait avoir. On est plus comme des éléments pris dedans, qu’on en ait envie ou pas, parce qu’on n’a pas le temps en fait peut-être, qu’on a pas la possibilité, pas d’espace pour ça. On a pas trop de pouvoir en réalité.

 

Pouvoir de quoi ?

O : Je ne sais pas si ce sont que les jeunes ou si c’est tout le monde, mais on peut observer qu’on est de plus en plus dans une forme d’impasse démocratique… enfin je veux dire que la jeunesse en soi est quand même parfois un peu laissée de côté dans les décisions politiques qui sont prises, et d’ailleurs ça se ressent même au niveau des budgets de fac, d’école, d’APL… tout ce qui est dirigé vers les jeunes. C’est à deux niveaux : il y a une diminution des moyens qui sont mis en œuvre pour les jeunes et il y a aussi une absence d’écoute vis-à-vis des jeunes en général.

S : Le problème démocratique effectivement se pose à tous. La différence c’est que nous, entre guillemet, on a plus de temps devant nous, donc peut-être plus d’espoir, d’envie de ne pas vivre ça tout le temps, parce qu’il y a encore plein de choses à vivre. Mais ce n’est pas qu’au niveau du temps que ça se pose. C’est aussi que, vu qu’on est encore dans des étapes de nos vies où on peut être par exemple professionnellement instables, plus les moyens sont limités, plus les possibilités diminuent, et plus on se retrouve dans des impasses personnelles.
Par exemple les restrictions pendant le Covid ont imposé un temps d’arrêt, qui était pour nous le début de la vingtaine, qui m’a dans mon cas empêchée de voyager, de développer les relations amicales que j’avais débutées à la fac. Ça a fait une grosse coupure à ce moment-là. C’était des moments qui pouvaient être clé pour vivre certaines choses et du coup qui se reportent ou s’annulent.

 

En dehors du Covid, avez-vous le sentiment que vous pourriez agir aujourd’hui ?

S : Essayer de construire des choses, c’est déjà une manière d’agir. Il y a beaucoup d’actions qui sont risquées et qui se font sur le temps long, or il y a des choses qu’on a envie de faire rapidement. Si j’ai envie d’avoir un projet, pour le réaliser je sais qu’il va y avoir des tâches administratives, des contraintes budgétaires, potentiellement des sacrifices aussi, voire des échecs. J’aimerais faire plus de choses sans barrières.

 

V. CONFINEMENT ET RALENTISSEMENT DU TEMPS

 

Comment avez-vous vécu l’expérience du confinement, qu’avez-vous ressenti dans ce cadre très particulier ?

O : D’une part, que tout ce qui était pris pour acquis dans le monde qui nous entoure, en fait ne l’est pas forcément. D’autre part, la chance de pouvoir continuer à exercer un travail a entretenu des interactions sociales et un quotidien rythmé. Parallèlement, cette pause, cet arrêt imposé dans la vie sociale a permis un recentrage et l’enclenchement d’un processus conduisant à régler des problèmes personnels.

S : En situation de couple, les confinements, le temps dégagé à cette période m’a permis de développer des activités d’intérieur mais également d’envisager un autre environnement d’habitation, à la campagne, avec d’autres perspectives d’activités. Mais d’un point de vue individuel, le projet d’étude a été compromis ainsi que ma propre vie sociale.

 

Vous avez parlé d’une pause à l’occasion du Covid comme un besoin, quelque chose de positif, une occasion de prendre le temps de vivre. Avez-vous envie de ralentir  ?

S : Dans la vie, tu as en permanence des objectifs et des obligations. ce que tu dois accomplir est souvent très important en plus, pour toi ou pour les autres, ce qui provoque des angoisses.Avec le Covid c’était accepté que tu ne fasses « rien ». En fait ce n’est pas rien, tout le monde pouvait faire ce qui lui faisait plaisir, sans obligation de progression. le fait de ne pas avoir le droit de faire autre chose, du coup ça m’a donné plus de temps pour moi, pour développer des activités, ou juste pour prendre le temps de faire ce que je voulais sans culpabiliser. Ça m’a soulagée momentanément. À un moment dans ta vie, la société commence à attendre des choses de toi,, positives et négatives, qui sont liées à l’âge. Il y a des moments clés où les attentes sont nombreuses et il faut progresser vite. Certains parents disent d’ailleurs à leur enfant de 18 ans « si tu t’en sort pas financièrement : dehors ».

 

VI. ÊTRE ADULTE

 

Qu’est-ce qui fait que vous vous sentez adultes ?

S : En dehors de l’aspect financier, c’est le fait de pouvoir gérer tous les aspects de sa vie : son propre environnement, ses centres d’intérêt, ses amis, sa confiance en soi, son autonomie… C’est aussi le développement de repères avec des bases stables et solides à différents endroits et auprès d’un entourage varié.

O : Également pouvoir construire en dehors de la famille et pouvoir rebondir. Être indépendante émotionnellement et affectivement.

 

Y a-t-il une déception par rapport aux adultes ?

S : De la prise en charge du corps médical, en passant par l’encadrement de mon maître de master, jusqu’au Covid et mes études compromises, tu es seule. Et pourtant on est obligée de passer par des institutions et un système social ou sociétal dysfonctionnel dans lequel tu évolues, qui te dirigent, mais tu ne peux pas t’en sortir seule. On ne peut pas s’en extraire, donc on y participe tous.

O : Il s’agit surtout d’inquiétudes face à la violence, à la manière dont on peut, ce qu’on peut et qu’on est capable de construire, même si j’ai eu la chance d’être protégée. C’est une inquiétude à l’échelle individuelle et à l’échelle collective, l’échelle individuelle étant privilégiée.

Recueilli par Sophie Duvauchelle

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