Dominique Damiano est le président du syndicat des commerçants non sédentaires du Vaucluse, ceux qui animent les marchés. Inquiet des propos de l’ancien premier ministre sur les marchés « pas nécessaires s’il y a une supérette », il parle de la situation telle que vécue dans le Vaucluse, pendant et après le confinement.


 

Comment ça s’est passé pendant la période de confinement ?

Du 15 au 23 mars, les marchés étaient fermés mais on continuait d’approvisionner. Il faut savoir que nous représentons 30% de l’approvisionnement des villes, par nos réseaux. Mais après le 23 mars, tout a été fermé et on a mis tout le monde dans le pétrin. Notre fédération des commerçants non sédentaires a fait un référé liberté. On nous a alors proposé de faire des dérogations pour certains commerçants, de respecter des entrées et des sorties. On nous a indemnisé, mais juste de quoi payer nos factures. Édouard Philippe a clairement dit à ce moment là que nous n’étions pas nécessaires si la commune disposait de commerces de proximité. On a finalement autorisé de nouveau les marchés paysans, mais pas les revendeurs. Eux ont repris des ventes directes sur des plateformes. Et la grande distribution a pris la main, parce qu’il fallait approvisionner les gens.

 

Aujourd’hui comment voyez-vous les choses, l’avenir ?

On va voir si on passe l’été. Nos commerçants ont tout fait pour jouer le jeu mais nous attendions une remise en place pour le mois de juin. Alors c’est vrai, on ne nous a pas fait payer les emplacements mais malgré quelques aides beaucoup n’ont tout simplement pas eu de revenu pendant ces six semaines. S’il n’y a pas d’argent qui rentre en juillet et août… Nous voulons qu’on nous laisse travailler. Nous n’avons pas besoin de communication basée sur l’image d’Épinal des marchés de Provence. Nous assurons 30% de l’approvisionnement des villes.

Jusqu’ici on a fait des choix favorisant la grande distribution, on l’a vu pendant le confinement. Ils se sont gavés d’ailleurs, et maintenant ils menacent de licencier sous prétexte des pertes qu’ils auraient subies.

 

Mais il y a du monde sur les marchés, non ?

Avec le tourisme, on l’espère. Nous espérons travailler, avec les touristes, tout en sachant que des maires profitent de cette saison pour réduire les périmètres des marchés avec le prétexte de donner plus de places aux terrasses.

 

Des difficultés pour appliquer les mesures de sécurité ?

Nous n’avons pas de problèmes avec les précautions à prendre mais nous sommes inquiets. Nous savons que s’il y a un retour de manivelle, nous serons parmi les premiers touchés. Les autorités préfèrent nous infantiliser plutôt que de laisser travailler l’intelligence collective.

 

Christophe Coffinier

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Passionné depuis l’âge de 7 ans, de photo, prise de vue et tirage, c’est à la fin d’études de technicien agricole que j’entre en contact avec la presse, en devenant tireur noir et blanc à l’agence avignonnaise de la marseillaise. Lors d’un service national civil pour les foyers ruraux, au sein de l’association socio-culturelle des élèves, c’est avec deux d’entre eux que nous fondons un journal du lycée qui durera 3 ans et presque 20 numéros. Aprés 20 ans à la Marseillaise comme journaliste local, et toujours passionné de photo, notamment de procédés anciens, j’ai rejoint après notre licenciement, le groupe fondateur de l’association et suis un des rédacteurs d’Altermidi, toujours vu d’Avignon et alentours.