Le drame s’est produit vers 00h40. Cinq personnes, résidents d’immeubles voisins, ont été blessées, et 33 au total prises en charge, mais aucun habitant du bâtiment effondré ne s’est manifesté, ce qui accroît l’inquiétude.


 

Le drame, sans doute dû à une explosion mais dont les causes exactes ne sont pas encore connues, s’est produit vers 00h40 dans un secteur résidentiel en bordure du quartier de la Plaine connu pour ses restaurants, bars et sa vie nocturne. « Il faut se préparer à avoir des victimes », a averti dimanche matin le maire de Marseille, après l’effondrement d’un immeuble d’habitation de quatre étages dans le centre de la deuxième ville de France, qui a fait cinq blessés selon un bilan provisoire.

L’effondrement « d’un immeuble au 17 rue de Tivoli a entraîné dans sa chute une partie des (bâtiments du) 15 et du 19 » voisins, a déclaré le maire Benoît Payan aux journalistes sur place. Six heures plus tard, les opérations de secours se poursuivent  alors que le jour se levait sur le quartier, bouclé par les forces de l’ordre.

A 7 h 40, une partie de l’immeuble du numéro 15 s’est à son tour effondrée, sans faire de blessés, libérant un épais nuage de poussière. Les marins-pompiers redoutaient cet effondrement et avaient pris les précautions nécessaires pour ne pas être ensevelis sous les décombres. Huit personnes qui s’étaient réfugiées sur le toit-terrasse de cet immeuble ont pu être sauvées dans la nuit à l’aide d’une grande échelle.

Le ministre de l’Intérieur qui s’est rendu sur place dans la matinée a  expliqué que le travail des secouristes était compliqué par l’incendie toujours en cours sous les décombres. «Il ne faut pas faire n’importe quoi. Il faut voir la capacité que nous avons à le calmer et à l’éteindre. Il faudra sans doute encore plusieurs heures (…) Cela sera peut-être plus long encore», a-t-il expliqué.

Cinq personnes, résidents d’immeubles voisins, ont été blessées, et 33 au total prises en charge, mais aucun habitant du bâtiment effondré ne s’est manifesté, ce qui accroît l’inquiétude. Aucune liste de disparus n’a encore pu être établie et les pompiers luttent toujours contre un incendie qui s’est déclaré dans les décombres, entravant les recherches, a souligné le vice-amiral Lionel Mathieu, commandant des marins-pompiers de Marseille. « L’objectif c’est de maîtriser l’incendie pour envoyer les chiens le plus vite possible », a souligné un peu plus tard le commandant Laurent qui dirige les opérations.

«Nous pensons qu’il y a entre quatre et une dizaine de personnes sous les décombres», précise le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, présent sur place. Quatre personnes y sont de façon «certaine» et «une dizaine pourraient être là», a déclaré le ministre. Des chiffres relevant d’une «déduction» formulée à partir du nombre d’appartements de l’immeuble et des premiers appels des familles touchées par le sinistre, précise le maire de Marseille.

Une centaine d’hommes appuyés par de nombreux équipements sont mobilisés, mais les équipes de recherches avec chiens n’ont pas pu entrer en action pour rechercher d’éventuels survivants, la chaleur étant trop intense. « Nous essayons d’accélérer le mouvement car le temps compte », a souligné l’amiral Mathieu, alors que l’odeur de fumée persiste dans le quartier.

 

Le temps compte

 

Une course contre la montre est aussi engagée dans l’immeuble voisin, au numéro 15, « qui menace de s’effondrer » lui aussi, mettant en danger les secouristes, a souligné le maire. « En ce moment on est en train de déblayer les immeubles à côté en prenant garde de ne pas mettre en danger la vie des personnes qui seraient vivantes à l’intérieur des décombres », a-t-il dit.

Au moment de l’explosion, « tout a tremblé, on voyait les gens courir et il y avait de la fumée partout, l’immeuble est tombé sur la rue », a dit à l’Agence France-Presse (AFP) Aziz, qui tient un commerce d’alimentation ouvert la nuit dans la rue où l’immeuble s’est effondré. « Il y a de fortes suspicions qu’une explosion ait provoqué l’effondrement, mais il faut rester très prudent sur les causes à ce stade », a indiqué à l’AFP le préfet de la région des Bouches-du-Rhône, Christophe Mirmand, en évoquant la piste d’une fuite de gaz.

D’autres immeubles de la rue ont été évacués par mesure de sécurité en cette nuit du long week-end de Pâques et leurs résidents accueillis en urgence dans une école, a précisé le préfet. Le périmètre d’évacuation des habitants a été élargi dans la matinée. La mairie avance le chiffre de 163 personnes évacuées, orientées vers une école et un gymnase ouverts dans la nuit. Les autorités veulent s’assurer que l’onde de choc n’a pas affecté d’autres bâtiments. Une enquête est ouverte pour déterminer les causes du sinistre et la police judiciaire est sur les lieux, selon le maire.

En novembre 2018, l’effondrement rue d’Aubagne de deux immeubles dans un autre quartier du centre de Marseille, Noailles, avait fait huit morts et suscité une vague d’indignation contre le mal-logement dans cette ville où 40 000 personnes vivent dans des taudis, selon des ONG.

Le maire et le préfet ont semblé écarter l’hypothèse d’un accident dû à l’insalubrité de l’immeuble situé dans un quartier plutôt connu pour ses restaurants, ses bars et son ambiance nocturne. « Il n’y avait pas d’arrêté de péril pour ce bâtiment et ce n’est pas un quartier recensé comme ayant de l’habitat insalubre », a noté le préfet. « À ma connaissance, il n’y a pas de problèmes particuliers sur cet immeuble. On n’est pas sur le cas d’une rue avec de l’habitat insalubre », a également déclaré le maire.

Avec AFP

Mise à jour le 9 avril à 16h.

 

Pour plus d’information

Suite à l’effondrement d’immeubles rue Tivoli, la Ville de Marseille est pleinement mobilisée. Un numéro d’urgence pour les personnes directement concernées est en place : 04 91 55 11 11 (24h/24) Informations sur Marseille.fr bit.ly/419sOsU

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