La tête de liste du Printemps marseillais qui réunit toutes les formations de gauche et les collectifs citoyens répond aux questions d’altermidi, à la veille d’un deuxième tour où tous les regards seront tournés vers Marseille. Arrivée en tête au premier tour 1, la liste incarne les promesses de changement et l’espoir pour beaucoup d’une page qui se tourne : celle du « système Jean-Claude Gaudin ».


 

Quels enseignements tirez-vous de la période actuelle, marquée par la pandémie de coronavirus ?

 

La période de confinement a été très compliquée pour la majorité d’entre nous, mais en particulier pour les femmes. Durant cette période, les violences faites aux femmes ont augmenté : plus de plaintes ont été déposées, alors que nos concitoyennes en danger ne pouvaient pas quitter leur domicile. Nous souhaitons changer cela et créer un environnement plus propice aux Marseillaises. Cela passera par la création d’un service municipal afin d’accompagner les victimes de violences sexuelles dans le dépôt de plainte, former les policiers municipaux à la protection des femmes et des minorités dans l’espace public, créer de nouveaux foyers, entres autres.

Ces actions pour répondre à l’urgence seront complétées par des actions de long terme. L’éducation et la prévention auprès de nos jeunes permettra d’éviter l’adoption de comportements discriminants. Cela leur permettra de ne pas avoir à s’en défaire plus tard. Mais le confinement a également souligné la précarité que subissent nombre de nos concitoyens. Il y a la précarité visible, mais aussi la précarité que l’on ne voit pas. Les logements indignes notamment : le rapport Nicol de 2015 estimait que 13 % du parc privé marseillais est indigne, soit 42 400 logements. Depuis rien n’a changé, et le drame de la rue d’Aubagne est venu le rappeler. Dès notre entrée à la mairie, nous déclarerons la réhabilitation des logements indignes « grande cause municipale » et métropolitaine, et mobiliserons les moyens sur ce sujet.

 

Les électeurs-électrices risquent « d’avoir la tête ailleurs ». Après un premier tour marqué par un fort taux d’abstention, comment les convaincre d’aller voter ?

 

Je suis persuadée que notre projet pour Marseille répond aux urgences que connaît notre ville, et que cette raison amènera les citoyens à se mobiliser. Les 3 derniers mois nous ont aussi permis d’apprendre à vivre avec le virus, et nous voyons la vie démocratique reprendre ses droits, partout en France. Je pense aussi que les révélations de France 2, le 11 juin, de l’organisation d’une fraude massive par des colistiers de Mme Vassal en indigne plus d’un. Pour protester contre de telles pratiques, qui symbolisent tout ce que les Marseillaises et les Marseillais ne veulent plus, ils se déplaceront massivement afin de dire non au système Gaudin / Vassal.

 

Compte tenu des circonstances, comment menez-vous campagne ? Quel type d’initiatives avez-vous mis en place ?

 

Compte tenu de la situation sanitaire, il a bien évidemment fallu inventer de nouvelles façons de faire campagne. Les outils numériques sont d’une grande aide, et nous permettent de garder le contact avec nos sympathisants. Pour la sécurité de tous, nous communiquons sur les réseaux sociaux et sur notre site internet. Par exemple le 12 juin, Éric Piolle, ingénieur et maire de Grenoble, est venu échanger avec nous. Cela nous permet de présenter notre vision de Marseille différemment à nos citoyens.

Afin d’informer sur nos projets pour la Ville et la Métropole, nous essayons de multiplier les relations avec la presse, et de répondre aux questions qui nous sont adressées le plus et le mieux possible. Bien entendu, comme tous, nous regrettons les contacts directs.

 

Quels sont vos principaux projets, notamment en matière de transports, logement, cadre de vie, égalité hommes-femmes… ? 

 

Notre programme est infusé par les urgences environnementales. Mais si Marseille est une des villes les plus polluées de France, c’est aussi la ville où les immeubles de l’hyper-centre s’effondrent sur les habitants. Cette question de l’habitat indigne qui mine notre ville, dans l’hyper-centre mais dans le reste de la cité aussi, est une urgence absolue. En plus, les logements sont trop chers pour les revenus des Marseillais. Près de 50 % des habitants de notre cité sont éligibles à un logement social. Pour répondre à ce besoin de logements abordables nous produirons donc 30 000 logements adaptés aux revenus des Marseillais pendant le mandat.

Mais à Marseille, il n’y pas que les immeubles qui tombent : les écoles aussi. Les écoles, c’est notre autre gros combat. Je ne peux pas tolérer plus longtemps que les petites Marseillaises et les petits Marseillais soient accueillis dans ces conditions. Pour rattraper le retard pris par la mairie sortante, nous doublerons le budget du bâti. Nous réaliserons également un inventaire complet pour connaître l’état des écoles : aujourd’hui, on ne sait pas s’il y a de l’amiante dans les écoles, du plomb ou autre. Nos écoles seront aussi le fer de lance de notre projet écologique. Le changement climatique mettra notre ville à rude épreuve mais je suis persuadée qu’avec une véritable volonté politique on peut éviter le pire. Lors de la rénovation des écoles nous veillerons à ce que des îlots de fraîcheur soient installés. Cela serait fait à l’échelle de la ville aussi où la bétonnisation à tout va devra cesser. 

Propos recueillis par Morgan G.

(Photo: printemps marseillais)

Notes:

  1. Avec 23,44% des voix, elle a devancé Martine Vassal (LR) et ses 22,33 % et Stéphane Ravier (RN, 19,45%). Particularité du scrutin à Marseille : il est organisé par secteurs (8)
JF-Arnichand Aka Morgan
"Journaliste durant 25 ans dans la Presse Quotidienne Régionale et sociologue de formation. Se pose tous les matins la question "Où va-t-on ?". S'intéresse particulièrement aux questions sociales, culturelles, au travail et à l'éducation. A part ça, amateur de musiques, de cinéma, de football (personne n'est parfait)...et toujours émerveillé par la lumière méditerranéenne"