À neuf mois du scrutin, Le Rassemblement National lancera, ce week-end à La Rochelle, sa campagne des municipales. L’occasion de rappeler l’appétit communal du mouvement et d’arrêter les termes d’un « manifeste municipal », censé fixer plusieurs engagements que l’ensemble des candidats RN devront reprendre à leur compte dans leur programme. L’effondrement des partis traditionnels et l’absence d’implantation locale de LREM donnent au RN l’espoir d’importantes conquêtes aux prochaines municipales après la dynamique enregistrée au soir des européennes.

Deux commissions d’investitures ont désigné les candidats les plus évidents parmi lesquels figurent les maires sortants David Rachline à Fréjus dans le Var, Julien Sanchez à Beaucaire dans le Gard. Comme Stéphane Ravier et Louis Aliot, chacun en piste pour prendre Marseille et Perpignan.

Le parti d’extrême droite s’organise autour d’une stratégie ciblée pour profiter de la nouvelle géographie politique. Pas question de présenter 600 listes partout en France comme il y a 5 ans. Le parti de Marine Le Pen ne va se concentrer que sur une dizaine de départements. En Occitanie et Paca nous nous trouvons dans l’oeil du cyclone !

Le plan de bataille de Marine

Le service politique de France Inter a dressé le plan de bataille de Marine Le Pen, là où elle compte décrocher des mairies, réaliser des alliances, accentuer son influence.

PERPIGNAN (66)

C’est la priorité de ces municipales : faire tomber la capitale des Pyrénées-Orientales, 120.000 habitants. Mission portée par Louis Aliot, déjà élu député de cette circonscription il y a deux ans. En 2014, le compagnon de Marine Le Pen avait recueilli près de 45% des voix au second tour face à l’UMP Jean-Marc Pujol. Aux Européennes, le mois dernier, la droite n’a rassemblé que 7% des voix, contre 30% pour le RN. Pour réaliser ce défi, Louis Aliot a pris ses distances avec les instances dirigeantes du parti : il est de moins en moins présent à Paris.

CARPENTRAS (84)

L’heure de la revanche pour le dauphin de Marion Maréchal Le Pen. Hervé de Lepinau avait perdu d’un rien les législatives en 2017 face à Brune Poirson (50,67%) devenue ensuite secrétaire d’État. Cette fois, il compte bien décrocher la mairie de Carpentras, tenue par la gauche. En 2014, il avait déjà atteint 42% des suffrages. Depuis son « départ » de la vie politique, Marion Maréchal n’y a quasiment jamais remis les pieds.

FRONTIGNAN (34)

Dans l’Hérault, Frontignan fait partie des villes les plus favorables au RN. La droite n’avait déjà pas réussi à se qualifier pour le second tour en 2014. En duel face à une liste d’union de la gauche, portée par Pierre Bouldoire, le FN avait rassemblé 43% des voix. Aux Européennes, Jordan Bardella a attiré 37% des suffrages.

VAUVERT (30)

Cette commune de Camargue, dans le Gard, a été ces dernières années très favorables au FN, sur les terres de l’ancien député Gilbert Collard. La ville est tenue par la gauche, et en 2014, le FN y avait rassemblé 35% des suffrages. Le successeur de Gilbert Collard à l’Assemblée, Nicolas Meizonnet, devrait beaucoup s’investir dans cette campagne.

LA TRINITÉ (06)

Si Nice paraît quasiment acquise à Christian Estrosi, à en croire les sondages, sa petite voisine semble accessible. La commune de la Trinité, limitrophe de Nice, retient l’attention du RN, et pour cause : le parti y a atteint 40% des voix lors des européennes de mai 2019.

TARASCON (13)

Dans cette ville des Bouches-du-Rhône, voisine de Beaucaire (déjà détenue par le FN), Valérie Laupies avait failli l’emporter en 2014 : 47% des voix au second tour. Depuis, cette ancienne prof a claqué la porte du parti et s’est rapproché de Nicolas Dupont-Aignan. Mais l’étiquette RN sera-t-elle toujours aussi forte ? 42% aux Européennes, en tout cas.

BRIGNOLES (83)

Sous-préfecture du Var, cette ville de 20.000 habitants avait échappé au FN, Laurent Lopez, en 2014 : 40% au second tour devant une liste d’union de la droite. Cette fois, les hommes de Marine Le Pen comptent profiter de l’affaiblissement des LR pour monter « une liste de rassemblement ».

Davantage d’alliances

Le RN essaie de nouer des alliances avec des maires sortants sans étiquette, par exemple à Aimargues (Gard), au Thor (Vaucluse). L’autre cas de figure, ce sont des personnalités de droite, souvent d’anciens RPR, qui cherchent à monter une liste d’alliance avec le RN. C’est le cas à Agde (Hérault), Uchaud et Milhaud (Gard), et Vidauban (Var). Dans ce même département, le délégué départemental, Frédéric Boccaletti essaie de monter une « liste d’union » à Six-Fours-les-plages.

villes ciblés dans d’autres départements

VAUCLUSE

Sur l’ancienne terre d’élection de Marion Maréchal Le Pen et Thierry Mariani, tous les espoirs sont permis, notamment à Carpentras, Cavaillon, Bédarrides et Valréas. Mais tous les regards seront tournés vers Avignon. L’ancienne cité des papes avait échappé au FN en 2014 dans une triangulaire : 47% pour la liste de gauche, 35% pour le FN et la droite à 17%. « En duel, ce sera impossible, mais grâce à une quadrangulaire, on peut s’en sortir », analyse déjà un cadre local. Autrement, le parti se concentra sur Cheval-Blanc, Monteux, Vedène et Sorgues.

BOUCHES DU RHÔNE

À Marseille, le RN présentera évidemment des listes dans tous les secteurs, mais « la prise de la mairie centrale est impossible » admet un conseiller régional. Stéphane Ravier paraît bien installé dans le 7e secteur, il fonde beaucoup d’espoirs dans les 5e, 6e et 8e secteurs.

La grande ville des Bouches-du-Rhône que le RN espère faire tomber, c’est Istres. En 2014, dans une quadrangulaire, ils avaient réuni 33% des voix. Et par ailleurs, les amis de Marine Le Pen tenteront à nouveau leur chance à Tarascon, Vitrolles, Miramas, Gignac-la-Nerthe, Chateaurenard, Châteauneuf-les-Martigues et Saint Victoret. Pendant que le délégué national du RN, Laurent Jacobelli, va lui tenter de prendre Allauch à la gauche.

VAR

Dans le Var, David Rachline est bien parti pour conserver la ville de Fréjus. Et il va tout faire pour que le RN dirige aussi deux communes voisines : Puget-sur-Argens et Roquebrune-sur-Argens, conquête cruciale pour obtenir « l’agglo ». Le parti de Marine Le Pen pourrait aussi cette fois rafler Brignoles (40% au second tour en 2014) et s’intéresse de près à Draguignan. Il y aura des listes également à Six-Fours-les-Plages, au Muy, à Signes et à la Seyne-sur-Mer.

ALPES-MARITIMES

Tous les projecteurs seront braqués sur Nice, où Philippe Vardon, influent conseiller de Marine Le Pen, va tenter sa chance, et essayer de faire vaciller Christian Estrosi. « Bon courage », lui souffle un de ses amis, pessimiste. Le RN a davantage de chances, juste à côté, à La Trinité, et dans une moindre mesure à Saint Laurent du Var, et entre Cannes et Antibes, à Vallauris. Ils seront aussi présents notamment à Saint André de la Roche, Carros et Levens.

GARD

L’objectif principal, dans ce département, est de prendre l’agglomération de Beaucaire et la communauté de communes de Petite Camargue. Pour cela, le maire de Beaucaire, Julien Sanchez, va essayer de faire « briller la flamme » à Bellegarde (45% des voix aux Européennes). Et sur les terres de l’ex-député, Gilbert Collard, le RN peut croire en ses chances à Vauvert et Saint-Gilles, ce sera bien plus difficile à Aigues-Mortes. Dans le viseur, il y aussi Marguerittes et Pont-Saint-Esprit. Quant au Grau-du-Roi, ils pourraient profiter de la division de la droite, mais partent de loin (6% en 2014). Dans les arènes de Nîmes, enfin, ça s’annonce compliqué. « Mais on va se battre jusqu’au bout » assure l’équipe de Yoann Gilet.

HÉRAULT

Le patron dans l’Hérault s’appelle Robert Ménard. Le maire de Béziers va mener « une liste de rassemblement, sans étiquette ». Et il espère que cette stratégie fera des émules autour de lui. Une sorte d’union des droites que l’on pourrait retrouver à Frontignan, Florensac, Lunel et Mèze. Le RN rêve, par ailleurs, de décrocher Agde, mais la droite devrait pouvoir garder cette place forte.

PYRÉNÉES ORIENTALES

Perpignan figure dans le Top 10 des villes ciblées (lire plus haut). Louis Aliot y avait rassemblé 51% des voix au second tour des législatives il y a deux ans, face à une candidate de la majorité. Il sera aussi en campagne dans les communes voisines : Le Soler, Canet-en-Roussillon, Argelès-sur-Mer, Claira, Le Barcarès et St-Laurent-de-la-Salanque.

RN et LREM, une même stratégie

Le Rassemblement national se trouve finalement dans le même situation que son meilleur ennemi : La République en marche, qui manque aussi d’un maillage territorial. Tout deux comptent profiter de l’affaiblissement de la marque « LR » à la suite des européennes pour nouer des alliances et placer leurs militants, quitte à ne pas briguer la tête de liste.

 

Source : France Inter : Les 100 communes dans le viseur de Marine Le Pen, 14/06/2019

Photo Dr : Valérie Laupies et Julien Sanchez en 2014

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