« On est plus chauds, plus chauds, plus chauds que le climat » : de la mobilisation des jeunes dans les rues de Marseille le 15 mars à celle de « moins jeunes » (quoique des enfants en trottinettes aient largement fait baisser la moyenne d’âge) le samedi 16 mars une cinquantaine de kilomètres à l’Ouest, un même slogan qui fait déjà partie des « tubes » des marches contre le dérèglement climatique. Si la palme de l’invention en matière de slogans et de pancartes revenait aux lycéens et étudiants marseillais, la manifestation martégale du lendemain réunissait les tee-shirts verts d’Alternatiba et les « gilets jaunes », et toutes sortes d’instruments de musique, certains très improvisés.  Après la « convergence » entre « gilets jaunes » et CGT du 5 janvier, l’affaire était déjà un événement si l’on se réfère aux débuts du mouvement.  En novembre 2018, certaines voix « autorisées » se sont complu dans une opposition aussi stérile que simpliste entre les revendications des « gilets jaunes » et l’écologie. Mais une « écologie » version punitive et méprisante, symbolisée par la phrase de Benjamin Griveaux sur « ceux qui fument des clopes et roulent en diesel ». Bref, des « beaufs », des irresponsables qui saccagent la planète.

L’évolution du mouvement des gilets jaunes qui a quitté la seule question du prix du carburant pour aborder d’autres rives (la justice fiscale et sociale, les  services publics, le référendum d’initiative citoyenne, la redécouverte de la solidarité sur les ronds-points…) et le pari de ceux qui ne veulent pas séparer urgence sociale et urgence climatique ont créé les conditions de cette rencontre. Elle ne se limite pas aux rives de l’étang de Berre, comme l’a démontré la concomitance des trois cortèges de ce même samedi 16 mars  à Paris (gilets jaunes, marche pour le climat et marche des solidarités).

A Martigues, la manifestation réunissait aussi des militant-e-s du Mouvement de la paix venus rappeler qu’ « il n’ y a pas de planète B » et que  » la France doit ratifier le traité d’interdiction des armes nucléaires » ( adopté par 122 Etats le 7 juillet 2017), des représentants de 19 associations, des militants de la France insoumise, du PCF, de la CGT, de la FSU, de Solidaires…

Qu’une telle initiative rassemblant près d’un millier de personnes ait eu lieu sur un territoire à la fois industriel et riche sur le plan environnemental, est probablement aussi porteur de sens. Celui du dépassement possible des frontières et de la hiérarchie entre les luttes.

Morgan

JF-Arnichand Aka Morgan
"Journaliste durant 25 ans dans la Presse Quotidienne Régionale et sociologue de formation. Se pose tous les matins la question "Où va-t-on ?". S'intéresse particulièrement aux questions sociales, culturelles, au travail et à l'éducation. A part ça, amateur de musiques, de cinéma, de football (personne n'est parfait)...et toujours émerveillé par la lumière méditerranéenne"