« Parce que pendant qu’ils et elles parlent, la situation s’aggrave, parce que l’Amazonie est en flammes (…) parce que le réchauffement climatique et l’accroissement des inégalités sont des maux indissociables, parce que nous partageons un monde commun que nous comptons bien préserver, parce que nous pouvons construire un futur désirable ensemble, parce que nous connaissons notre force » : des « parce que » dans l’appel lancé par une vingtaine d’associations, collectifs, syndicats de Martigues et sa région (1), il y en a à foison. A deux jours de la tenue du sommet de l’ONU sur le climat, tous et toutes les citoyens-citoyennes qui désirent conjuguer urgence sociale et urgence climatique sont appelés à participer à un rassemblement le samedi 21 septembre.

La cité des Bouches-du-Rhône (50 000 habitants) fait partie des 110 villes qui prendront part à cette mobilisation nationale organisée dans le cadre de la semaine internationale pour le climat. De Marseille à Paris où doit avoir lieu une grande manifestation placée sous le signe de la convergence, notamment avec les « gilets jaunes » et les syndicats. La convergence, devenue le maître mot d’une bataille qui réunira localement (mais le phénomène existe bien évidemment ailleurs), la CGT, FSU, Sud-Solidaires, la Ligue des Droits de l’Homme, France-Amérique latine comme Alternatiba Ouest Etang de Berre ou une association qui défend la pratique du vélo autour de l’étang de Berre, Les vélos des étangs.

Comme les actions des décrocheurs de portraits du Président de la République, ou les deux millions de signataires de la pétition « l’affaire du siècle », ces initiatives entendent pointer l’inaction des pouvoirs. « En France, le Haut Conseil pour le Climat, mis en place par notre gouvernement lui-même, dénonce l’insuffisance et l’inertie des politiques alors que rester sous la barre des +1,5° signifie rien de moins que diminuer par trois nos émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030! » soulignent les organisations signataires de l’appel. En ligne de mire, là comme ailleurs : le grand écart entre les déclarations et la signature de l’accord final de la Cop 21 et les actes… ou l’absence d’actes. Des voix de plus en plus nombreuses, des lycéens en grève pour le climat (avec d’impressionnantes manifestations le vendredi 20 septembre dans le monde entier)  aux analyses de scientifiques, alertent pourtant sur l’urgence d’agir.

« Avec le changement climatique, l’occurrence des sécheresses va augmenter en intensité, en superficie et en durée »  (2) rappelle ainsi Florence Habets, chercheuse en hydrométéorologie, directrice de recherches au CNRS,  » or la France n’ a pas la culture de ce phénomène. En 2018, ce sont des régions peu habituées au manque d’eau qui ont été les plus touchées : la Bourgogne, la Franche-Comté, l’Artois, la Picardie… »

Pour la chercheuse, « le moyen le plus efficace de garder la ressource hydrique, ce sont les nappes et les sols qui se gorgent de volumes conséquents et les transfèrent vers le sous-sol. Nous savons ce qu’il faut faire à leur égard mais nous le faisons pas. Les moyens d’améliorer le stockage de l’eau dans la nature sont les mêmes que pour lutter contre les nitrates: planter des haies, protéger les zones humides, arrêter l’artificialisation des terres… Nous venons de subir deux canicules sévères mais nous n’agissons pas ».

Les citoyens-citoyennes sont en revanche invités à agir à Montpellier (34), Aix-en Provence (13), Marseille (13), là aussi à l’appel de plusieurs associations, où le rassemblement est prévu à 14h, sur le Vieux-Port…A Nîmes ou devait se dérouler tenir la fête de la transition organisée par le collectif « Nîmes en transition », la tenue de la marche pour le climat sera soumise aux caprices de la météo.

N.P.

(1) 11h30, Place Jean-Jaurès à l’appel d’Alternatiba Martigues-Ouest Etang de Berre, CCFD-Terre solidaire, Mouvement de la Paix, Amnesty International, Maison des Jeunes et de la culture, Amaps, café associatif « Le Rallumeur d’étoiles »…

(2) Le Monde du 14 août 2019