C’est lors d’une première installation du conseil communautaire que les nouveaux élus du Grand Avignon ont désigné leur exécutif. Trois candidats étaient en lice, comme nous l’écrivions précédemment : la maire d’Avignon, Cécile Helle, Joël Guin, maire de Vedène, et Jean Pierre Cervantes, le candidat écologiste à Avignon. Pour éviter que la maire socialiste d’Avignon Cécile Helle ne décroche la communauté d’agglomération, les élus du Rassemblement National n’ont présenté aucune candidature et soutenu celle du maire Divers droite de Vedène, Joël Guin. 


 

Cette semaine aura été lourde en rumeurs et démentis. Arithmétiquement, le candidat de droite (mais sans étiquette) Joël Guin ne pouvait être élu avec les voix des maires de droite mais seulement avec le vote des élus Rassemblement National, au nombre de 12, qui pouvaient lui assurer une majorité absolue (37 votes). Pourtant, assurait l’intéressé, il n’avait pas sollicité les voix du RN.

Fort de ses trois élus, le candidat écologiste Jean Pierre Cervantes maintenait un discours sur le registre de la vague verte.

Quant à Cécile Helle, seule à développer un projet pour l’ensemble de la communauté d’agglomération de par ses connaissances des dossiers, elle pouvait compter au mieux sur 33 votes à condition bien sûr qu’une logique politique se dégage en lieu et place d’une opposition ville centre / communes périphériques.

C’est que malgré une présidence à droite détenue par des élus du Gard rhodanien, l’ancienne mandature, avec le chantier du tramway et celui du renouvellement urbain, avait fait la part belle aux initiatives concernant la ville centre.

Les transports au centre des allocutions

Présidée par le doyen des élus, cette séance d’installation a débuté par la présentation des candidats qui ont chacun dit quelques mots. Jean Pierre Cervantes parlant le premier engageait ses concurrents à le suivre sur le terrain de la transition écologique avec sa mesure phare de gratuité des transports publics mais ne développait pas son projet d’agglomération en 26 points. Il affirmait son « refus d’une gouvernance avec le RN », se présentant en champion du refus de la compromission.

Intervenant à son tour, Joël Guin reprenait à son compte les actions de la précédente mandature se disant notamment fier du PDU qu’il avait eu à porter de par sa délégation. Il affirmait, concernant le RN, que ce ne sont pas ses valeurs, mais « si le maire d’Avignon avait été au RN nous aurions du travailler avec lui ». Prétendant s’engager dans la voie de la transition écologique, il lançait même un appel du pied à son concurrent écologiste, parlant de revenir à la « naturalité ».

Enfin, Cécile Helle maîtrisant les enjeux rappelait, en matière d’écologie, le rôle que joue l’agglomération « dans la réouverture de lignes SNCF dans le Gard rhodanien » et soulignait auprès de l’assemblée que la fin de la DSP des transports publics serait « l’occasion de reprendre la main en tant que puissance publique et de faire en sorte que des lignes soient ouvertes dans l’intérêt des usagers. »

Joël Guin élu président

Ce ne sont pas les propositions des candidats qui ont fait ce vote, mais bel et bien des arrangements préalables. Joël Guin a donc été élu avec 39 voix devant Cécile Helle qui ne recueille que 29 voix et Jean Pierre Cervantes, trois. Ce sont donc au moins 4 voix qui ont manqué à la maire d’Avignon ; si deux peuvent se trouver dans le bulletin blanc et l’abstention, deux autres sont allées à l’élection du maire de Vedène qui entend maintenir la continuité de l’exécutif précédent.

La surprise de Morières

Pour l’élection des vice-présidents, Cécile Helle ayant décliné de se présenter, c’est Joël Peyre, son adjoint aux finances de la précédente mandature, qui a été élu premier vice-président de l’agglomération. Sans surprise, Joris Hébrard (RN), autour duquel la droite prétendait établir un cordon sanitaire, a été élu deuxième vice-président avec 34 voix, son opposant de droite avec 5 voix, les 34 autres voix se répartissant entre nuls et blancs. On est ainsi tenté de croire qu’il y a bien eu un accord, mais l’élection du vice-président pour la ville de Morières-lès-Avignon, récemment conquise par le RN, a réservé une surprise à l’assemblée : Son opposante de gauche, Annick Dubois, seule femme vice-présidente de cet exécutif parmi les 15, est élue avec 32 voix contre 30 pour son adversaire, le nouveau maire, et 11 blancs et nuls. Pour cette élection là, les voix de gauche n’ont pas manqué…

Mais la réalité est bien que l’exécutif de l’agglomération est aux mains de la droite. On espère que ce ne sera pas l’occasion pour les élus d’Avignon de renvoyer leur impuissance à l’agglomération quand les citoyens les interpelleront. La séance à laquelle nous avons assisté n’honore pas la démocratie et montre que, plutôt qu’un projet qui impliquerait des efforts mais aussi du volontarisme, les élus préfèrent se reposer sur un exécutif qui, bien que se présentant comme « technique », est bel et bien à droite.

Christophe Coffinier
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Passionné depuis l’âge de 7 ans, de photo, prise de vue et tirage, c’est à la fin d’études de technicien agricole que j’entre en contact avec la presse, en devenant tireur noir et blanc à l’agence avignonnaise de la marseillaise. Lors d’un service national civil pour les foyers ruraux, au sein de l’association socio-culturelle des élèves, c’est avec deux d’entre eux que nous fondons un journal du lycée qui durera 3 ans et presque 20 numéros. Aprés 20 ans à la Marseillaise comme journaliste local, et toujours passionné de photo, notamment de procédés anciens, j’ai rejoint après notre licenciement, le groupe fondateur de l’association et suis un des rédacteurs d’Altermidi, toujours vu d’Avignon et alentours.