Après les enjeux électoraux et post-électoraux, les rapports quotidien entre les collectivités locales (municipalité et agglomération) démontrent une nouvelle fois l’éloignement des institutions des citoyens. Alors que les communes ont pendant des siècles assuré les services publics de base, les agglomérations et les métropoles s’y substituent, absorbant au fil des années des « compétences » qui,  ne retirent pas aux municipalités leur responsabilités en matière de politique générale. Étude de cas concernant l’enlèvement des encombrants, et notamment les dépôts sauvages.


 

Qu’il s’agisse de la collecte des ordures, avec deux entreprises privées et une régie publique, ou des encombrants, c’est désormais l’agglomération qui en a la charge. Pour les encombrants il est possible, soit d’appeler le service qui propose de sortir les objets à jeter au jour dit et à une heure précise, soit d’emmener soi-même ses déchets à l’une des déchetteries du Grand Avignon. Mais pour les dépôts sauvages ? A priori c’est aux communes de régler cette question mais la délégation de pouvoir, et donc de compétence, n’est pas comprise de la même façon dans toutes les communes de l’agglomération. Sur la ville-centre Avignon, de nombreux dépôts sauvages ont été signalés pendant des années, notamment sur la ceinture verte, zone agricole préservée en bord de Durance. L’arrivée des réseaux sociaux a démultiplié la dénonciation de tels dépôts par les citoyens qui révèlent aussi de plus en plus de dépôts sauvages au pied d’immeubles collectifs ou de résidences. Sur ces pages traînent quelquefois des élus qui sont parfois interpellés. Mais concernant Avignon, il semblerait que le Grand Avignon soit responsable de la récupération des dépôts sauvages.

 

Ping-pong institutionnel

À Vedène où, rappelons-le, le maire Joël Guin est aussi depuis peu le président de la communauté d’agglomération, on se renvoie la balle. Une élue d’opposition, Mme Véra, habitant au quartier des Pessades, a d’ailleurs signalé plusieurs fois des dépôts sauvages qui semblent être le fait de personnes n’habitant pas le quartier, sur l’ensemble des 4 points de collecte dont un concerne les résidences privées voisines, ce qui exclut le cas échéant l’intervention du bailleur social. Car ici la commune renvoie d’abord les demandeurs vers ce dernier — qui n’est pourtant pas chargé de l’enlèvement des ordures — avant de renvoyer sur le Grand Avignon. Mais vraisemblablement, la communauté d’agglomération a laissé à la ville le soin de ramasser les dépôts sauvages d’encombrants, se chargeant, elle, de la collecte des ordures et encombrants sur rendez-vous. Après des dizaines de coup de fil, Mme Véra a cherché partout les textes qui préciseraient la responsabilité d’un des acteurs ; le Grand Avignon répond de manière définitive que c’est à la charge de la ville. Pour une partie des dépôts concernés, une photo sur Facebook avec des commentaires bien sentis a fini par provoquer un premier ramassage, mais par qui ?

 

Le problème vient sur la table

La dernière séance publique du conseil communautaire n’a pu éviter cette question, plusieurs élus, notamment d’Avignon, intervenant sur le problème des encombrants, tant en ce qui concerne Avignon que les autres communes de l’agglomération. Pour Isabelle Labrot, élue de la majorité avignonnaise, « il y a un problème avec les déchetteries et il peut arriver que les gens qui ont du volume à jeter se voient fermer les portes. Alors bien sûr, ils ne rentrent pas chez eux avec leurs déchets et les posent un peu n’importe où. C’est une pratique qui a pris une nouvelle dimension avec un propriétaire privé qui, contre rémunération, laisse déposer les ordures d’artisans sur son terrain. Il faut sévir sur ce cas particulier mais il faut améliorer l’accueil sur les déchetteries et faire de l’information et de la pédagogie auprès des citoyens pour en finir avec les dépôts sauvages ».

 

Éduquer, oui mais qui ramasse ?

Pour le président Joël Guin, il s’agit avant tout de faire de la pédagogie, « d’éduquer », quand le vice-président en charge des déchets, Jacques Demanse, assure que des projets sont en cours, particulièrement pour améliorer les collectes, ce dernier admettant que « tout est perfectible ». Seuls des élus de la majorité siégeant au Grand Avignon, le cas de Vedène ne sera évidemment pas abordé. Le président-maire peut continuer son ping-pong entre les deux administrations qu’il dirige.

Reste désormais à vérifier que ces dépôts sauvages, qui sont en nette augmentation, soient au final ramassés. Aux Pessades, les plus visibles ont été dégagés ; d’autres y restent depuis plusieurs semaines à la date où sont écrites ces lignes, à la même place, malgré les signalements répétés. À suivre.

Christophe Coffinier

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Passionné depuis l’âge de 7 ans, de photo, prise de vue et tirage, c’est à la fin d’études de technicien agricole que j’entre en contact avec la presse, en devenant tireur noir et blanc à l’agence avignonnaise de la marseillaise. Lors d’un service national civil pour les foyers ruraux, au sein de l’association socio-culturelle des élèves, c’est avec deux d’entre eux que nous fondons un journal du lycée qui durera 3 ans et presque 20 numéros. Aprés 20 ans à la Marseillaise comme journaliste local, et toujours passionné de photo, notamment de procédés anciens, j’ai rejoint après notre licenciement, le groupe fondateur de l’association et suis un des rédacteurs d’Altermidi, toujours vu d’Avignon et alentours.