Elle veut nommer, trouver les mots justes pour décrire l’intérieur de son corps ; son corps exposé au regard des spécialistes : parents, médecins, hommes dans la rue ; son corps qu’elle va réinventer, réinventant ainsi sa manière propre d’entrer en relation au monde.


 

« Mon corps, à vrai dire, ne se laisse pas réduire si facilement. Il a, après tout, lui-même, ses ressources propres de fantastique ; il en possède, lui aussi, des lieux sans lieu et des lieux plus profonds, plus obstinés encore que l’âme, que le tombeau, que l’enchantement des magiciens. Il a ses caves et ses greniers, il a ses séjours obscurs, ses plages lumineuses. » Michel Foucault, Le corps utopique.

Ou

« plus ma voix s’écoule en dehors

plus je sens tous les contours de mon corps

tout le poids et les contours de ma vie

entre mes mains

entre mes bras

entre mes lèvres

je vais au bout de mon corps

touche les limites

touche les bords

je suis au bord

je suis corps

rien que corps

pulsation

je sens la vie en moi

elle me traverse

elle me tisse au monde »

Marie Dilasser, Ceci est mon corps (anatomie/autonomie) – extrait

Une femme regarde une poule, et elle la fait parler. Et de ce que lui dit la poule, la femme se met à revoir sa vie organique et physique ; à partir des révélations de la poule, la pensée de la femme s’enclenche ; elle veut nommer, trouver les mots justes pour décrire l’intérieur de son corps ; son corps exposé au regard des spécialistes : parents, médecins, hommes dans la rue ; son corps qu’elle va réinventer, réinventant ainsi sa manière propre d’entrer en relation au monde.

Il y a de la surprise dans le texte de Marie Dilasser, on pourrait croire de la folie. Mais tout ce qui se dit ici émerge de l’expérience d’un vécu et d’un ressenti. Il n’y a pas de fard. La langue est fluide, continue, s’adresse à soi, à personne et à tous.tes. Si j’écoute bien cette langue, j’entends la mienne cachée quelque part.

Faire le chemin de la connaissance de son propre corps, par la parole qui s’invente en sortant d’un trop-plein, adressée. Cette parole circulaire, libérée du tabou, surgissante, inévitable, qui se dévide dans une fugacité, c’est la nôtre.

Ceci est mon corps est une commande d’écriture à l’autrice Marie Dilasser. Elle est la première pièce d’un cycle de créations, qui propose un voyage du Je au Nous.

Texte : Marie Dulasser
Mise en scène : Claire Engel
Avec Charlotte Daquet

Premières lectures publiques du texte Les 8 et 9 décembre à 19h30 à la Baignoire, 7 rue Brueys à Montpellier. Réservation Ici.

Création prévue saison 23/24, pour l’espace public. Coproduction l’Atelline. Soutien DRAC Occitanie. La compagnie Chagall sans M est soutenue par la Mairie de Montpellier.