Jeudi, le président de la République a appelé les ambassadeurs français, réunis à l’Élysée, à « mieux utiliser le réseau France Médias Monde, qui est absolument clé » provoquant la réaction des journalistes de France 24 et RFI et celle des diplomates concernant la refonte de la hiérarchie.


 

Les journalistes des médias publics France 24 et RFI ont protesté vendredi après des déclarations d’Emmanuel Macron sur l’influence internationale de la France, qui les assimilent selon eux à des « porte-voix » de l’État. Jeudi, devant les ambassadeurs français réunis à l’Élysée, le président de la République a appelé à « assumer une stratégie d’influence et de rayonnement de la France ».

Dans ce discours qui pointait « le narratif russe, chinois ou turc » en Afrique, le chef d’État a exhorté les diplomates à « mieux utiliser le réseau France Médias Monde, qui est absolument clé, qui doit être une force pour nous ».

Fronde des journalistes

Les SDJ (Société des journalistes) des médias concernés ont chacune diffusé un communiqué sur les réseaux sociaux ce vendredi. « France 24, média du groupe FMM (France Médias Monde), n’est en aucun cas la voix officielle de la France », a répliqué la SDJ de la chaîne de télévision d’information continue. « Elle est un média de service public, pas un média gouvernemental. Elle n’est pas, non plus, un opérateur de la diplomatie d’influence. »

Dans un communiqué distinct, son homologue de la radio RFI, qui appartient également à France Médias Monde, a martelé que ce groupe « n’est pas le porte-voix de l’Élysée ». « Nos journalistes ne sont en aucun cas et ne seront jamais un outil au service de votre communication et de votre politique », poursuit la SDJ de RFI, radio très écoutée en Afrique.

« Nous ne céderons jamais une once de notre indépendance. (…) Nous ne sommes pas journalistes à utiliser », poursuit la SDJ de RFI, selon qui « ces phrases jettent soupçon et discrédit sur le travail de (ses) correspondants ».

Fronde des diplomates

À cette occasion, Emmanuel Macron a annoncé la création de 100 postes et le lancement d’États généraux de la diplomatie. Il a cherché à défendre la refonte de la haute hiérarchie du Quai d’Orsay amorcé depuis un an, avec la mise en extinction de deux corps, celui des conseillers des affaires étrangères et celui des ministres plénipotentiaires. Comme les préfets ou les inspecteurs des finances, leurs membres sont invités d’ici à la fin de l’année 2023 à rejoindre un nouveau corps interministériel, celui des administrateurs de l’État.

Si différentes garanties leur ont été données, comme le maintien du très sélectif concours d’Orient pour recruter des profils polyglottes, nombre de diplomates craignent de faire les frais de cette mise en concurrence avec des professionnels venus d’autres administrations. « La carrière diplomatique se construit au fil des ans et des postes à Paris et à l’étranger, nous ne sommes pas interchangeables », expliquait au Monde un fonctionnaire, lors de la grève exceptionnelle organisée le 2 juin contre le projet. Certains redoutent aussi la « politisation » des nominations aux postes les plus en vue, au détriment des diplomates de carrière.

Avec AFP