La fermeture de 5 des 12 routes transfrontalières entre la France et l’Espagne prive de leur vie quotidienne des habitants de localités frontalières. Un rassemblement était organisé ce dimanche à Coustouges (Pyrénées-Orientales). Les manifestants protestent contre la fermeture de cinq routes transfrontalières qui relient le département et la Catalogne.


 

Carretera Tancada1

Catalans espagnols et habitants du Vallespir se sont rassemblés dimanche 14 mars sur le pont de Riu Major à Coustouges pour protester contre le barrage de la route frontalière qui les reliait, transformant des villages en véritables culs-de-sac des deux côtés de la frontière.

Décidée sans concertation, par décret au nom de la lutte contre le terrorisme, l’immigration clandestine, mais aussi contre le trafic de drogue et la pandémie de covid-19, la fermeture des routes a de lourdes conséquences sur la vie quotidienne des habitants. Sans commerces de proximité, la population locale française est habituée à se rendre quotidiennement en Espagne, essentiellement pour les achats de première nécessité. Il faut désormais faire un long détour par le Perthus. Côté espagnol, la fermeture de la route départementale est aussi très mal vécue. Elle risque d’accentuer les effets de la crise économique, car la clientèle hexagonale contribue grandement à faire fonctionner l’économie locale.

Tout le dispositif de fermeture de la frontière est sur le sol français (triple barrière de sécurité en plastique, barrière de gros blocs de béton). Vandalisé dans la nuit du 24 au 25 février, la barrière en béton a été renforcée par le déversement de monticules de terre, au niveau du pont frontalier en Vallespir.

 

Environ 400 personnes réunies sur le pont situé à la frontière. © Radio France – Xavier Ponroy

 

À l’appel d’Unitat Catalana2 un collectif citoyen de mobilisation se constitue avec pour objectif de demander le rétablissement immédiat de la liaison Costoja/Maçanet de Cabrenys ; le 1er mars, de nombreux élus des deux  côtés de la frontière étaient présents pour exprimer leur mécontentement. Unitat Catalana a rappelé que les élus de Catalogne sud et nord avaient adressé un courrier aux représentants de l’État pour les alerter sur l’impact économique et social de cette fermeture qui ré-enclave une zone que le pont, construit sur le Riu Major en 1995, avait enfin irriguée.

Situation de blocus

Un document signé par près de 26 maires, des présidents de communes et des représentants institutionnels de Catalogne Nord et Sud a été envoyé au Premier ministre français Jean Castex, au préfet des Pyrénées-Orientales et au représentant du gouvernement espagnol à Girona contre la fermeture de ces cinq routes transfrontalières dans les Pyrénées-Orientales. Il y est demandé que la fermeture physique des blocs de béton soit remplacée par des contrôles de police – comme c’est le cas sur d’autres routes – ou des systèmes alternatifs de vidéosurveillance qui renforcent l’efficacité, concluent les signataires de ce « front commun ».

Depuis cette mobilisation le Préfet des P.O., Etienne Sposkopf, a évoqué l’ouverture « de discussions avec les maires des communes concernées ».

Sur les 650 km de frontière entre l’Hexagone et l’Espagne, quinze points de passage sont fermés pour « une durée illimitée », soit près de la moitié. C’est la première fois depuis la création de l’espace Schengen, en 1985, et les accords de libre circulation, que les frontières françaises se referment à aussi grande échelle.

Rédaction


Rappel: La Généralité de Catalogne, installée à Barcelone, est l’organisation politique de la communauté autonome de Catalogne, en Espagne. Elle est régie par le statut d’autonomie de la Catalogne entré en application en 2006.


Notes:

  1. Route fermée
  2. Unitat Catalana : parti politique français des Pyrénées-Orientales créé en 1986. Il se définit comme un mouvement catalan, démocratique, progressiste et européen, membre de l’Alliance libre européenne (parti politique européen progressiste et européiste formé par une alliance de 46 partis politiques régionalistes, autonomistes et nationalistes en Europe qui défend le droit à l’autodétermination des peuples et des minorités, les droits de l’ Homme, civiques et politiques, ainsi que la diversité culturelle et linguistique). Il soutient les initiatives et les candidatures qui s’opposent au centralisme et au jacobinisme (qui défend l’indivisibilité de la République française) et qui vont dans le sens d’une plus grande décentralisation et d’une reconnaissance de l’identité catalane.