Aux grands maux, les grands remèdes. Confronté à une crise sanitaire et à un déni politique sans précédent dans l’histoire récente, le chef de l’État et le gouvernement ont sorti l’artillerie lourde. Hier encensés, les personnels soignants deviennent les coupables idéaux.


 

Alors qu’elles/ils ont été encensé.e.s pour leur travail et la lutte menée contre la pandémie, les soignant.e.s subissent les attaques de nombreuses corporations et du gouvernement. Pourtant, les soignant.e.s sont, dans la population, la catégorie socioprofessionnelle la plus vaccinée.

« Ils ont été surexposé.e.s au virus en début d’épidémie du fait de l’incurie de l’État en matière de gestion des équipements de protection individuelle », souligne la CGT qui soutient avec conviction les différentes campagnes de vaccinations volontaires participant au combat contre la pandémie, mais dénonce les pratiques.

« On a demandé à certaines directions hospitalières de diligenter un recensement sauvage parmi leurs salarié.e.s. Au passage, le respect du plus élémentaire des droits concernant la santé, à savoir le respect du secret médical, a été bafoué. Tout acte médical doit se faire avec le consentement libre et éclairé du patient. »

La Fédération CGT de la Santé et de l’Action Sociale invite par ailleurs le gouvernement « à ne pas se servir de ce sujet clivant pour mieux masquer ses projets « anti-sociaux » concernant la réforme de l’assurance sociale et celle des retraites ».

Emmanuel Macron a annoncé lundi que tous les soignants devront obligatoirement être vaccinés contre la Covid-19 avant le 15 septembre. Celles et ceux qui n’auront pas été vaccinés « ne seront plus payés ». Plus précisément, ils verront leur contrat de travail suspendu pendant quatre à six semaines, a précisé Élisabeth Borne, ministre du Travail. Environ 1,5 million de personnes seraient concernées.

Pour le Syndicat National des Professionnels Infirmiers (SNPI – CFE-CGC), « Les soignants ne démissionnent pas à cause d’une obligation vaccinale, mais parce qu’ils sont éreintés par les conditions de travail. Lors de la vague de départs de 2020, on est passé de 7.500 postes infirmiers vacants en juin 2020 à 35.000 en septembre 2020. 0n est en train de stigmatiser les soignants en faisant croire qu’un sur deux n’est pas vacciné », tacle Thierry Amouroux, porte-parole du SNPI. « C’est faux ».

« Il y a une vague de départs des soignants en cours. Il y a eu une vague de départs l’été dernier parce que nous sommes dans le seul pays au monde qui continue de fermer des lits en période épidémique », rappelle l’infirmier Thierry Amouroux sur la chaîne publique parlementaire LCP- « Public Sénat ».

Avant tout politique, décidée sans concertation, la stratégie gouvernementale augmente la tension. Le manque de reconnaissance et les bas salaires entament la motivation de nombreux soignants. Certains services hospitaliers enregistrent des démissions massives et sont contraints de supprimer des lits, ce qui aggrave la situation de ceux qui restent. L’été et la rentrée s’annoncent particulièrement tendus pour les professions de santé. Une situation d’alerte qui nous invite à rester à leur écoute.

Jean-Marie Dinh

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Après des études de lettres modernes, l’auteur a commencé ses activités professionnelles dans un institut de sondage parisien et s’est tourné rapidement vers la presse écrite : journaliste au Nouveau Méridional il a collaboré avec plusieurs journaux dont le quotidien La Marseillaise. Il a dirigé l’édition de différentes revues et a collaboré à l’écriture de réalisations audiovisuelles. Ancien Directeur de La Maison de l’Asie à Montpellier et très attentif à l’écoute du monde, il a participé à de nombreux programmes interculturels et pédagogiques notamment à Pékin. Il est l’auteur d’un dossier sur la cité impériale de Hué pour l’UNESCO ainsi que d’une étude sur l’enseignement supérieur au Vietnam. Il travaille actuellement au lancement du média citoyen interrégional altermidi.