En visitant un commissariat puis un quartier populaire de Montpellier, Emmanuel Macron défend lundi sur le terrain sa politique de « sécurité du quotidien », jugée beaucoup trop timide par la droite à un an de la présidentielle. Mais pour les habitants du quartier Mosson la sécurité globale passe avant tout par la sécurité sociale.


 

Cette nouvelle offensive sur le régalien a été lancée par un long entretien au Figaro dans lequel le chef de l’État affiche sa fermeté, au moment où la France doit faire face, selon lui « à une forte augmentation des violences sur les personnes ».

Accompagné du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, Emmanuel Macron cherchera à rassurer les policiers avec lesquels il échangera à l’Hôtel de police à partir de 11H15.

Accaparé par la gestion de la crise du Covid-19, il s’exprimera pour la première fois sur le sujet depuis le lancement en février du « Beauvau de la sécurité » qu’il avait annoncé à l’automne en pleine polémique sur les violences policières. Cette vaste consultation doit poser les fondements d’une « ambitieuse loi de programmation de la sécurité intérieure à l’horizon 2022 », selon le Premier ministre Jean Castex.

Emmanuel Macron devrait également promouvoir la loi sur « la sécurité globale », adoptée par le Parlement la semaine dernière malgré une vive contestation de la part des défenseurs des libertés publiques qui dénoncent une atteinte aux droits fondamentaux des citoyens et à la séparation des pouvoirs.

Le texte a été adopté sous la pression des syndicats de police majoritaires Alliance et l’UNSA.  « L’État a décidé de se couper de la police républicaine au profit d’un service de sécurité mercantile et servile et surtout bien éloigné des fonctions régaliennes de l’État », dénonce pour ça part le Syndicat PN intérieur CGT qui n’a pas eu voix au chapitre.

Le débat mobilise des centaines de milliers de Français depuis plusieurs mois pour le retrait du texte de loi, notamment à Montpellier où le collectif stop sécurité globale transmettra dans deux jours une saisine au Conseil constitutionnel.

 

« École de guerre » pour les policiers

Dans l’entretien au Figaro, le président défend pied à pied sa stratégie depuis quatre ans, notamment sa décision d’augmenter de 10 000 membres les effectifs des forces de l’ordre d’ici la fin du quinquennat, qu’il promet de mener « jusqu’au bout ».

« Chaque Français verra plus de bleu sur le terrain en 2022 qu’en 2017. Ça rassure les gens, ça dissuade les délinquants. Je me bats pour le droit à la vie paisible », assure-t-il.

Ainsi, il devrait annoncer que 50 policiers supplémentaires viendront en renfort à Montpellier d’ici fin 2002. La création d’une « école de guerre avec de la formation continue » pour les policiers ainsi que la modernisation de leur uniforme et le remplacement de la casquette par un calot seront également au programme.

Dans Le Figaro, il donne la priorité à la lutte contre les trafics de stupéfiants, qui « explosent [et] forment la matrice économique de la violence dans notre pays (…) Les éradiquer par tous les moyens est devenu la mère des batailles, puisque la drogue innerve certains réseaux séparatistes mais aussi la délinquance du quotidien », selon lui.

« Le narcobanditisme fait de plus en plus d’émules dans les cités sensibles » des grandes villes du sud, comme Montpellier, Avignon ou Perpignan, a souligné le directeur de la zone Sud de la police judiciaire, Éric Arella, en début d’année. Le nombre de règlements de comptes a ainsi plus que doublé en 2020, à 14 contre 6, sur la zone de la PJ de Montpellier.

Après le commissariat, Emmanuel Macron se rendra dans le quartier de la Mosson, au nord-est de Montpellier, pour échanger sur la prévention de la délinquance avec les acteurs de terrain au Centre social de la Caisse d’Allocations Familiales (CAF).

 

Surenchère sécuritaire

Parmi les candidats déjà lancés, Xavier Bertrand (ex-LR) a dénoncé dimanche l’« échec total » d’Emmanuel Macron sur la sécurité.

Quatre années d’« explosion de la délinquance, de niveaux d’immigration records et de montée inédite de l’islamisme », a également déploré le député LR Éric Ciotti. Tandis que Marine Le Pen (RN) brocardait « le Président du chaos, de la violence partout [qui] nous vend aujourd’hui « la vie paisible ». Rien ne nous sera épargné », a-t-elle lancé dans un tweet dimanche soir.

Selon une récente étude de l’institut Elabe, les électeurs citent à égalité l’emploi (31 %), le pouvoir d’achat (31 %) et la sécurité (30 %) comme les thèmes qui compteront le plus dans leur choix à l’élection présidentielle de 2022.

Dans le quartier Mosson, 58,4 % des 21 650 habitants vivent sous le seuil de pauvreté et le taux de chômage atteint 47 %. Il apparaît plus simple et plus rentable d’annoncer un nouveau tour de vis et un renfort des effectifs policiers que de s’atteler aux véritables causes de la violence.

Avec AFP