La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a présenté mercredi un train de mesures permettant à l’Europe d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. A cette fin, l’Union est prête à débourser cent milliards d’euros d’ici 2030. Elle entend en outre imposer une taxe carbone sur les importations des productions non conformes aux normes de l’UE pour la protection du climat. La presse européenne discute du bien fondé d’investissements si importants.

 

«L’Union reste largement tributaire des Etats membres quant à la mise en œuvre du projet. L’année passée aux Pays-Bas a montré combien il était difficile de gagner les citoyens, ou plutôt les électeurs, à la cause des mesures de protection du climat. Il ne s’agissait pourtant que de l’annonce d’un premier train de mesures. Dans d’autres pays de l’UE, la résistance ne sera pas moindre. Sans parler des intérêts divergents des Etats membres. … Le green deal montre que l’Europe prend la chose au sérieux à tous les niveaux. Pour l’heure, on est encore au niveau macropolitique. Transposées au niveau micropolitique, les mesures feront mal, et leur coût sera élevé. Mais comme Ursula von der Leyen l’a rappelé fort à propos : si l’on ne faisait rien, le coût serait bien supérieur encore.»

NRC Handelsblad (Pays Bas)

 

«Il est clair que si l’aciérie autrichienne Voest doit payer à prix d’or des certificats de CO2 auxquels ses concurrents ukrainiens ne sont pas soumis, elle est désavantagée. Et l’on n’aide pas le climat mondial en délocalisant ce genre d’industries hors d’Europe. C’est un problème que le ‘green new deal’ [européen] tacle avec la création d’une taxe sur les importations de CO2. Cette taxe, que les experts réclament depuis longtemps, fonctionne comme un droit de douane, proportionnel aux émissions de CO2 liées à des produits importés dans l’UE depuis des Etats tiers. Et bien que les droits de douane soient nocifs d’une manière générale, c’est la seule possibilité de pratiquer une politique climatique tournée vers l’avenir sans nuire à l’économie. »

Jakob Zirm

Die Presse (Autriche)

 

Sur le portail Contrepoints, Michel Gay, grand partisan de l’énergie nucléaire, se montre sceptique

«Cette manne d’argent public payée par tous les Européens sous forme d’impôts et de taxes sur la consommation (carburants, énergies, transports…) profitera aux affairistes les plus malins qui feront le mieux valoir leurs indispensables travaux pour atteindre ‘la neutralité carbone en 2050’. … Ce plan européen de 1 000 milliards d’euros servira-t-il vraiment la croissance européenne ? Ou bien arrosera-t-il discrètement les ‘copains et les coquins’ à coups de milliards, comme c’est le cas pour les éoliennes ? … Ces milliards d’euros qui seront empruntés hypothèquent encore davantage l’avenir de nos enfants qui paieront la note sous couvert de ‘défense du climat’, dont la gestion financière deviendra peut-être bientôt le scandale du siècle.»

Michel Gay

Contrepoints (France)

 

«Ursula von der Leyen préconise d’aligner les investissements sur le ‘green deal’, sans que les politiques industrielles et novatrices ne soient centrées sur des entreprises ou des secteurs en particulier. Il importe au contraire de soutenir les entreprises, tous secteurs confondus, désireuses de poursuivre leur expansion tout en contribuant à protéger l’environnement par le biais de l’innovation et de la transformation. En quelque sorte, il faut changer de mentalité et choisir non plus les gagnants mais ceux qui font preuve de bonne volonté. Ironiquement, c’est la Grande-Bretagne qui a ouvert la voie, en appliquant cette approche à sa stratégie industrielle – avant que le Brexit ne commence à consumer le pays.

Mariana Mazzucato

Financial Times (Gb)

 

«L’UE, qui a confié à Ursula von der Leyen le soin de diriger la Commission, est sur la voie du post-libéralisme. Elle est moins opposée à l’interventionnisme de l’Etat, plus tentée par des formes de protectionnisme déguisées en nobles intentions et plus encline à tolérer la concentration de champions européens. … On le doit en partie à la nouvelle vocation écologiste de Bruxelles, sous l’essor des partis verts (presque dix pour cent du nouveau Parlement européen). … Le facteur vert modifie l’équation : l’industrie exportatrice sera moins compétitive à ses débuts, mais elle aura aussi besoin de davantage d’investissements. D’où les instincts protectionnistes qui se réveillent.»

Federico Fubini

Corriere della Sera (Italie)

 

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