La COP26 s’est achevée, samedi, avec le vote du pacte de Glasgow sur le Climat par les 196 pays présents. Bilan d’une conférence marquée par de nombreux engagements thématiques, mais dont le résultat final déçoit.


 

Alors que la planète entière s’est réunie à Glasgow pour tenter de s’accorder sur des principes de solidarité et de responsabilité, la COP26 s’est ouverte par un sommet des chefs d’État qui ont tenu une série de discours. 15 jours plus tard, les 120 chefs d’État au chevet du climat de notre planète accouchent d’une souris. La déclaration finale démontre une nouvelle fois à quel point la sphère politique se soumet aux activités des multinationales, qui font la pluie et le beau temps, plutôt que de la préservation de la planète.

Adopté à l’issue de deux semaines de négociations laborieuses par les 196 pays de la Cop26, le Pacte de Glasgow sur le climat vise à accélérer la lutte contre le réchauffement de la planète, sans assurer de le contenir à 1,5°C ni répondre aux demandes d’aide des pays pauvres. Le manque de courage des représentants politiques nationaux, alliés indispensables de la société civile dans la lutte contre le changement climatique, laisse beaucoup de questions sans réponse. Les engagements attendus n’ont pas été pris, mais les discours évoquent de grandes avancées et invitent à rester confiant.

« Il y a encore énormément à faire dans les années qui viennent », a déclaré le Premier ministre britannique Boris Johnson. « Mais l’accord d’aujourd’hui est un grand pas en avant, et ce qui est important est que nous avons le premier accord international jamais conclu pour réduire l’utilisation du charbon et un plan pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré »… « de plus qu’à l’ère pré-industrielle », a-t-il ajouté.

La Commission européenne a pour sa part estimé que le Pacte de Glasgow avait « maintenu en vie les objectifs de l’accord de Paris, en nous donnant la chance de limiter le réchauffement mondial à 1,5°C ». « Nous avons progressé dans la réalisation des trois objectifs que nous nous étions fixés au début de la Cop26 », a indiqué la présidente de la Commission Ursula von der Leyen, citée dans un communiqué. « Cela nous rend confiants sur le fait que nous pouvons offrir à l’humanité un espace sûr et prospère sur cette planète. Mais il n’y aura pas de temps à perdre : un travail difficile nous attend encore. »

La France et l’Europe « ont été très discrètes et n’ont pas donné cette impulsion qui permettrait à l’ensemble des pays de vouloir vraiment rehausser l’action. [Et] ce qui est sûr c’est que c’est un texte a minima qui a été adopté ce soir après une dernière session très chaotique. [Cependant] il ne faut pas que ce soit un coup d’arrêt dans les efforts. On n’a pas le droit de se désespérer car l’enjeu est tellement grand », commente Matthieu Orphelin, député écologiste de Maine-et-Loire, ex-LREM, soutien de Yannick Jadot.

 

“La catastrophe climatique frappe toujours à la porte”

 

« La catastrophe climatique frappe toujours à la porte », a averti de son côté le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. La conférence mondiale sur le climat a débouché sur « des pas en avant bienvenus, mais ce n’est pas assez », a estimé dans un communiqué le patron des Nations unies.

Listant les objectifs « que nous n’avons pas atteints lors de cette conférence », il évoque notamment « la fin des subventions aux énergies fossiles, la sortie du charbon, mettre un prix sur le carbone » et l’aide financière aux pays les plus pauvres.

« Les textes adoptés sont un compromis. Ils reflètent les intérêts, la situation, les contradictions et l’état de la volonté politique actuelle dans le monde. (…) Malheureusement la volonté politique collective n’a pas été suffisante pour surmonter de profondes contradictions », écrit-il.

« Il est temps de passer en mode urgence », poursuit-il, en relevant que les engagements de réductions d’émissions actuels ne permettent pas de tenir l’objectif de l’accord de Paris de contenir le réchauffement « bien en deçà » de 2°C par rapport à l’ère pré-industrielle, et encore moins l’objectif idéal de +1,5°C.

 

“C’est mou, c’est faible”

 

Ce Pacte de Glasgow sur le climat est une déception pour de nombreuses ONG.

Le texte des déclarations finales, regroupées sous le nom de pacte de Glasgow sur le climat, a été vivement critiqué par les ONG présentes. « Malheureusement, nous constatons que le texte est toujours loin de refléter l’urgence de la situation. Il y a un énorme décalage entre ce qu’on y lit et ce que nous dit la science », a regretté Aurore Mathieu, du Réseau Action Climat.

« Ces décisions ont été prises par des gouvernements qui ne sont pas au niveau », a déclaré Pierre Cannet, directeur du plaidoyer et des campagnes de l’ONG WWF, après l’accord final trouvé à la COP26 de Glasgow, samedi 13 novembre, pour accélérer la lutte contre le réchauffement climatique. « En tant que citoyens, on vaut beaucoup plus que ça, et on doit continuer la mobilisation dès demain », a-t-il lancé.

« C’est mou, c’est faible, et l’objectif de 1,5°C est à peine en vie, mais il y a un signal sur la fin de l’ère du charbon. Et c’est important », a par ailleurs commenté Jennifer Morgan, patronne de Greenpeace International. « C’est une insulte aux millions de personnes dont les vies sont ravagées par la crise climatique », a, elle, déclaré Teresa Anderson, de l’ONG ActionAid International.

Après la conclusion d’un accord ce samedi 13 novembre à la Cop26 de Glasgow, la militante suédoise Greta Thunberg a déploré que la conférence se soit résumée à du “bla, bla, bla”, reprenant des accusations qu’elle avait déjà adressées aux dirigeants du monde.

« Le vrai travail continue en dehors de ces salles. Et nous n’abandonnerons jamais, jamais », a déclaré sur Twitter la figure emblématique du mouvement Fridays for Future, à l’issue de la conférence mondiale sur le climat.

 

JMDH avec AFP

 

Dessin Le climat vu par Herrmann paru dans Le courrier International

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Après des études de lettres modernes, l’auteur a commencé ses activités professionnelles dans un institut de sondage parisien et s’est tourné rapidement vers la presse écrite : journaliste au Nouveau Méridional il a collaboré avec plusieurs journaux dont le quotidien La Marseillaise. Il a dirigé l’édition de différentes revues et a collaboré à l’écriture de réalisations audiovisuelles. Ancien Directeur de La Maison de l’Asie à Montpellier et très attentif à l’écoute du monde, il a participé à de nombreux programmes interculturels et pédagogiques notamment à Pékin. Il est l’auteur d’un dossier sur la cité impériale de Hué pour l’UNESCO ainsi que d’une étude sur l’enseignement supérieur au Vietnam. Il travaille actuellement au lancement du média citoyen interrégional altermidi.