Le collectif Secours Volontaire Toulouse souhaite sortir de sa réserve habituelle suite à une succession de prises à partie mettant en danger la vie de citoyens dont un bébé évacué aux urgences et un Observateur de la Ligue des Droits de l’Homme en marge de la manifestation du 28/09/2019 à Toulouse, lors de l’Acte 46 des Gilets Jaunes

Pour rappel, les secouristes présents sur le terrain ont déjà eu à prendre en charge des débuts de crise cardiaque, un œil crevé, des hémorragies, des détresses respiratoires importantes, des malaises, des fractures, etc… Ils ont soigné manifestants, passants, clients ou gestionnaires de magasins mais également des journalistes, photographes ainsi que 4 agents des forces de l’ordre (2 en lien avec une manifestation, 2 pour d’autres raisons). Les secours officiels ont parfois mis 1h à arriver. La présence de personnes aptes à réaliser les premiers soins et suivre la personne blessée, quel que soit le collectif, est donc indispensable.

Comme précisé dans nos bilans hebdomadaires, nous ne tolérons pas d’attitude irrespectueuse à l’égard des forces de l’ordre et faisons tout pour garder notre sang froid.

Nous notons pourtant des intimidations ou prises à partie physiques par certains agents des forces de l’ordre (on note une cinquantaine de blessures de medics, dont certaines alors que les medics étaient isolés). Nous ne les relevons habituellement pas, de nombreuses vidéos tournent aussi sur le même type de faits envers des manifestants non violents, et surtout n’amalgamons pas les individus responsables de ces actes avec d’autres agissant plus correctement (un agent a par exemple aidé à décontaminer une femme enceinte touchée par les gaz dernièrement).

Samedi dernier, certains agents ont exprimé à une équipe qu’ils « ne servent à rien » avec mépris. La vie et l’intégrité physique de manifestants ou de passants devrait pourtant hautement concerner des personnes dont la mission est de protéger le peuple. De plus ils ont la mémoire courte puisque des secouristes ont participé à sauver la vie de CRS sur d’autres manifestations (crises cardiaques). Par ailleurs, nos secouristes, aidés par des manifestants, ont déjà éteint des incendies de devantures de magasins allumés par des jets de grenades lacrymogènes ou un incendie dans une banque d’un bâtiment ancien de peur qu’il ne se propage aux appartements voisins habités.

Nous sortons aujourd’hui de notre réserve car au-delà des agressions et insultes dont nous pouvons faire l’objet de la part de certains agents, nous constatons de graves mises en danger de la vie d’autrui, notamment d’un bébé samedi dernier. Une de nos équipes était située dans une rue sans aucun manifestant, en train de renseigner un couple d’habitants avec leur bébé. Non casqués et non masqués, clairement identifiables, ils ont été la cible de tirs de grenades lacrymogènes libérant des palets incandescents qui auraient pu tuer le bébé.

Trois secouristes se sont masqués en catastrophe pour extraire la famille de la pluie de grenades et des gaz et la mettre en sécurité tandis que deux autres ont couru vers les forces de l’ordre, non protégés, bras levés en hurlant de stopper car il y avait un bébé. Les agents ont ajusté leur tir et revisé les secouristes. Des témoins proches des forces de l’ordre ont bien entendu les cris, le doute n’est donc pas possible.

Une habitante a également signalé que les grenades lacrymogènes ont provoqué un départ de feu dans le mobilier urbain de la place derrière, une voiture a probablement été abîmée (imaginez si c’était tombé sur le bébé), les gaz ont paniqué et touché plusieurs passants, clients et commerces un peu plus loin. Cette scène a été suivie du matraquage par les mêmes individus d’Observateurs de la Ligue des Droits de l’Homme isolés dans une rue adjacente et clairement identifiés, mettant également en danger leur intégrité physique. Pris en charge par nos Secouristes et un Street Medic, l’un d’eux a été évacué aux urgences. Tout ça pour quoi ? Lorsque l’un des secouristes est allé indiquer aux agents la gravité de leurs actes, il n’y a eu aucune explication ou remise en question mais une réponse plutôt sarcastique.

Au-delà de l’agression incompréhensible de secouristes qui ont été impactés sérieusement par les multiples jets de grenades, puis d’Observateurs de la Ligue des Droits de l’Homme, nous constatons la mise en danger de la vie d’autrui dont un bébé, par personnes dépositaires de l’autorité publique. Ce n’est pas la première fois.

Des armes (au coût élevé !) devraient être utilisées uniquement si impératif et à bon escient dans un Etat de Droit.

Ces faits sont trop fréquents et assumés pour être de simples bavures isolées. Il y a eu deux morts dans d’autres villes (Zineb, Steve), un bébé aurait pu mourir samedi. Ces actes de certains mènent à l’incompréhension, la colère, la peur,  le sentiment d’injustice, la défiance envers l’ensemble des personnes pourtant chargées de la protection de la population (Police, Gendarmerie). Ils portent aussi préjudice à ceux travaillant correctement, respectueux, qui peuvent être touchés par la colère et le dégoût de citoyens ayant un fort sentiment d’injustice et d’incompréhension envers le corps policier. Ce type de faits peut être lié au malaise d’une partie de la police et de la gendarmerie pénalisée par des collègues incontrôlables / incontrôlés.

Sans régler le problème, la situation déjà grave ne peut qu’encore se détériorer. Des vies sont en jeu, un fossé se creuse, la société en pâtit. Ceci fracture gravement notre société, et c’est triste. Nous redoutons le moment où ce ne sont plus des blessés que nous allons soigner mais des morts que nous allons ramasser.

 

 

04/10/2019

 

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