UNE MISSION POUR GAZA
Le 30 Septembre 2023 quatre personnes ont pris l’avion à Marignane pour Le Caire, le 1er Octobre 2023 trois personnes l’ont pris à Paris pour la même destination. Ces 7 personnes, des solidaires, un député La France Insoumise et son assistante parlementaire, vont ouvrir une fenêtre sur Gaza, permettant d’en débattre au Parlement et de témoigner une solidarité active auprès des Gazaoui·e·s.
Nous vous invitons à suivre ce périple avec Brigitte Challande, membre de cette mission et de notre équipe, qui nous fait parvenir son carnet de route à retrouver quotidiennement dans nos colonnes.
01 Octobre 2023
Depuis 2007 Gaza est sous blocus aérien, maritime et terrestre. Aucun.e Palestinien.ne ne peut sortir facilement, et si peu d’étrangers peuvent entrer aisément dans cette bande de terre de 365 km2 habitée par plus de 2 millions de personnes. Dans cette mission, dont 4 solidaires se sont déjà rendus à Gaza, pouvoir y retourner a requis 23 ans pour une, 10 ans pour une autre et 7 ans pour deux autres.
L’initiative de cette mission vient de l’association « Al Hanan », du camp de réfugiés de Nuseirat, qui souhaitait faire rentrer à Gaza des députés européens et des solidaires par l’Égypte et le passage de Rafah. Cette mission devait concerner la Belgique, la France, l’Espagne et l’Irlande : faire monter d’un cran en Europe la prise de conscience de la situation inhumaine dans cette partie du monde, à partir de témoignages, d’informations concrètes venant de la société civile, en impliquant des élus.
Ce projet date d’avril 2023. Depuis, la mise sur pied de cette mission fait face un labyrinthe et un imbroglio d’autorisations administratives adéquates pour mettre sur pied cette mission. De plus d’une vingtaine à l’origine, nous sommes aujourd’hui sept qui espérons ouvrir la voie pour d’autres missions. Obtenir les autorisations des pays européens respectifs a duré tout l’été : seuls les français l’ont obtenue de leur gouvernement, ensuite du gouvernement égyptien et pour finir des autorités de Gaza.
Nous y sommes arrivé.e.s !.. deux jours avant le dernier départ prévu, après consultation des consulats de Jérusalem, du Caire et de son ambassade, puis de la cellule de crise du Quai d’Orsay pour finir par obtenir l’accord du cabinet du ministère des Affaires étrangères.
Ces péripéties expliquent que le groupe de départ a fondu, mais nous sommes parti.e.s et d’autres suivront. Pendant 8 jours nous allons rencontrer de nombreux projets de la société civile dans tous les domaines : l’agriculture, les camps de réfugiés, les associations de femmes, celles des droits humains, les pêcheurs, les hôpitaux, les universités, l’UAWC (Union Of Agricultural Work Committees) syndicat d’agriculteurs1, bref, ce qui fait la vie d’une société !
Une conférence de presse devrait être organisée lors de notre passage à Rafah par l’UAWC et vous pourrez trouver sur le site d’atermidi.org un journal de bord, quotidien autant que possible, de toutes nos rencontres, réflexions et témoignages.
Le 1er Octobre, une journée dans une mégalopole de plus de 22 millions d’habitants après une nuit très courte et un petit déjeuner succinct ; nous avons pris le chemin de l’ambassade de France pour débrouiller et ouvrir le dernier verrou qui nous permettra de rejoindre la bande de Gaza, à savoir l’autorisation effective des autorités égyptiennes demandée par le ministère français.
Dans le dédale des autoroutes et bretelles d’accès encombrées, surpeuplées de voitures, moyens de transport divers et personnes surgissant dans la densité de circulation, nous avons traversé une ville aux couleurs délavées — grises teintées de marron sable — et très polluée. Il ne faut pas avoir peur de la densité automobile et humaine bruyante qui slalome à tout-va pour arriver à son but.
Le secrétaire de l’ambassadeur nous précise que ses services ont envoyé une note au ministère égyptien pour donner son accord et soutenir notre passage, mais en fait tout dépendrait au bout du compte de l’armée et des services de sécurités égyptiens « capables du pire comme du meilleur » ! Eux seuls prendront en charge notre traversée du Sinaï sans que l’on sache vraiment comment cela va se passer…
Après un excellent repas dans un restaurant syrien, un bon café et surtout la Wifi, véritable oxygène de notre monde moderne, surtout dans ces coins du monde, nous vérifions que c’est bien dans la rue que se trouve le meilleur taux de change d’euros en livres égyptiennes.
Ce soir arrivent à l’aéroport le député Thomas Portes2, son assistante parlementaire ainsi que Sarah Katz. À cette heure de la fin d’une journée lourde et grise, nous ne savons encore pas ce qu’il en est, mais Le Caire ne dort jamais.
Brigitte Challande
Notes:
- L’Union des comités du travail agricole est enregistrée en tant qu’organisation agricole non gouvernementale conformément à la loi n°1 sur les associations et organisations non gouvernementales palestiniennes du Ministère palestinien de l’intérieur.
- Thomas Portes est député de la 3ᵉ circonscription de la Seine-Saint-Denis.
