Faire de la voie professionnelle « une voie d’excellence ». la réforme du lycée professionnelle est présentée jeudi par le chef de l’État et trois ministres en Charente-Maritime. Alors qu’un lycéen sur trois est scolarisé dans cette voie professionnelle, le gouvernement veut mieux connecter le lycée au monde de l’entreprise et répondre au besoin de main-d’œuvre.


 

La réforme du lycée professionnel est présentée jeudi 4 mai par Emmanuel Macron, à l’occasion d’une visite au lycée Bernard-Palissy de Saintes, en Charente-Maritime, aux côtés des ministres de l’Éducation nationale Pap Ndiaye, du Travail Olivier Dussopt et de l’Enseignement professionnel Carole Grandjean. Mercredi, dans une tribune sur les réseaux sociaux, le chef de l’État a indiqué la philosophie de son annonce : faire de la filière professionnelle une voie d’avenir. Promise lors de la campagne présidentielle de 2022, cette réforme a depuis le début des concertations cristallisé une vive opposition.

Comme à chaque déplacement, les opposants à la réforme des retraites devraient l’attendre dans un concert de casseroles et sifflets. « On va l’accueillir comme il se doit », promet la secrétaire de l’Union départementale CGT, Yvonne Gaborit. L’intersyndicale de l’éducation appelle à manifester dès 09h00 devant l’établissement pour réclamer des hausses de salaires et le retrait de la réforme des lycées professionnels, tout comme celle des retraites. Des enseignants vont aussi « se mettre en grève » et certains pourraient boycotter une table ronde avec Pap Ndiaye, avertit la secrétaire départementale du SNES-FSU 17, Sylvie Laulan. Le 20 avril, la CGT avait aussi coupé le courant lors d’une visite du président à Ganges dans un collège de l’Hérault. Mais des groupes électrogènes sont depuis installés pour parer à toute éventualité.

« Le but, c’est que chacun puisse trouver un bon métier, un métier avec un bon salaire, et qui a du sens », souligne Emmanuel Macron dans une tribune publiée mercredi soir sur Facebook et LinkedIn, en promettant d’investir « près d’un milliard par an » pour les lycées professionnels. Un tiers des lycéens, soit environ 621 000 élèves, sont scolarisés en lycée professionnel, un public souvent « fragile, jeune et hétérogène », relève une conseillère présidentielle. Seul un bachelier professionnel sur deux et un quart des élèves titulaires d’un CAP parviennent à s’insérer dans l’emploi dans l’année suivant l’obtention de leur diplôme. Et parmi ceux qui poursuivent en BTS, un trop grand nombre décroche dès la première année, souligne l’Élysée.

 

Modifier l’offre de formations

 

L’idée est de créer de nouvelles filières dans des secteurs porteurs, comme le numérique ou l’écologie, mais il est aussi question de supprimer celles qui offrent le moins de débouché. Il faut mieux prendre en compte les besoins des entreprises, affirme l’Élysée, s’adapter aux bassins d’emploi, privilégier ici les métiers de l’automobile, ailleurs ceux du ferroviaire, ou de la construction.

Ce qui a fait polémique, c’est la piste d’Emmanuel Macron qui était au départ d’allonger ces périodes en entreprises de 50 %, mais le chiffre a été retoqué après que la ministre déléguée en charge du dossier, Carole Grandjean, eut constaté l’opposition forte y compris des Régions en charge des lycées. « 0n a clairement fait glisser le socle de connaissances et de compétences qui est nécessaire pour apprendre à apprendre », soulignait récemment dans nos colonnes la présidente de Régions de France Carole Delga.

Les représentants des enseignants y voyaient une solution facile, pour proposer de la main d’œuvre pas chère pour des emplois désertés par les actifs plus qualifiés. Désormais l’idée est de moduler les stages suivant le cursus et le projet de l’élève.

Les syndicats d’enseignants de lycées professionnels pointent le risque de « formatage à l’emploi », contraire à leur objectif de former des jeunes citoyens, avec une culture générale suffisante.

 

Avec AFP

 

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