Entretien avec Jean-Paul Radicich qui a longtemps travaillé dans la prestation de services auprès de restaurateurs privés. Il les mettait en relation avec les fournisseurs avec les meilleures conditions possibles de respect des normes sociales et environnementales et avec le meilleur rapport qualité-prix.


 

Jean-Paul Radicich. Photo Alain Barlatier DR
Jean-Paul Radicich. Photo Alain Barlatier DR

 

Le premier confinement a été fatal pour ce type d’activités et avant que ce soit pour lui la banqueroute, Jean-Paul Radicich, toujours sensible à la dimension sociale et écologique de la vie en société, et ayant fait du bénévolat à l’îlot Velten pendant les confinements, a décidé de se reconvertir.

Jean-Paul, présente-nous cet espace que l’on appelle l’îlot Velten, situé à deux pas de la gare Saint-Charles, en lisière du quartier Belsunce.

L’îlot Velten est un espace de 18 000 m² dont l’entrée principale est rue Bernard du Bois en bordure du quartier de Belsunce. On y trouve le Centre de Culture Ouvrière (CCO) qui organise des activités pour les enfants tels que les centres aérés, l’accompagnement scolaire. Il apporte un soutien aux adultes sous la forme de cours de français. Le CCO gère aussi un jardin pédagogique et ludique…

Le Centre Municipal d’Animation Velten (CMA) dont j’ai la responsabilité y a ses activités. Il abrite des associations humanitaires, des associations de commerçants. Il s’adresse à tous les publics y compris les scolaires, propose des activités sportives, de la danse, des arts martiaux au sein de dojos, salles de danse et dans un grand gymnase en cours de rénovation. Le Secours Populaire anime une plate-forme de solidarité, le Contact Club organise des actions éducatives en direction des adolescent.es et jeunes adultes. Le CMA travaille à élargir l’accès de ces infrastructures à toutes les composantes de la population du quartier.

Les habitants peuvent profiter d’un jardin avec un city-stade géré par la mairie du premier secteur. Ce jardin est accessible au public pendant les heures d’ouverture de l’îlot. Nous travaillons aussi sur un projet de végétalisation de la rue Bernard du Bois, la mise en place de jardins partagés et des actions pédagogiques sur le recyclage avec les associations présentes.

Nous préparons la mise en place d’un marché paysan et solidaire avec l’Association des Commerçants de Belsunce. Ce marché serait très inclusif. La gamme de prix pratiqués serait très large et permettrait à tous les publics de venir faire ses courses et se rencontrer. Il proposerait des produits frais bio ou locaux, des articles artisanaux, des objets de consommation courante. Il serait ouvert tous les samedis matins avec une charte de valeurs sociales et environnementales.

La Cité de la musique est là, avec sa cave à jazz, ses salles de concert, ses activités pédagogiques… (hors pandémie bien sûr).

 

Et le Coco Velten ?

L’îlot Velten c’est aussi le Coco Velten géré par l’association « Yes we camp ». Coco Velten abrite depuis deux ans « La Cantine », et un hébergement social d’urgence de 80 places avec un programme d’insertion sociale et économique. Il héberge de multiples associations humanitaires et culturelles. De nombreux bénévoles ont travaillé et travaillent toujours à la fabrication de repas distribués à Belsunce dans les hôtels de quartier et ailleurs par le biais de maraudes. D’autres activités ont été maintenues et se sont adaptées à la situation créée par les différents confinements.

 

 La porte d’Aix est aussi un quartier où des mineurs non accompagnés (de jeunes migrants) viennent trouver refuge…

Oui et la Halle Puget aussi. Plusieurs associations font de la médiation, mais la situation est difficile compte tenu des conditions de vie de ces jeunes gens. Les associations de l’îlot font un gros travail d’aide auprès de ces adolescents et concourent à la tranquillité du quartier en profitant des infrastructures du CMA qui met à disposition ses structures.

 

Il y a un imbroglio de différentes structures, différents opérateurs sur cet espace. Comment cela se passe et s’articule-t-il ?

Sont présents la Mairie du premier secteur pour le CMA et le jardin public, la Mairie centrale pour le CCO et la Cité de la Musique, les services de l’État pour le Coco Velten. Tout cela fonctionne ensemble et les actions doivent être articulées. C’est entre autre l’objet de mon travail. Le but du jeu est de mettre en lien ses différentes structures pour qu’elles travaillent harmonieusement sur des objectifs communs (tels que le Marché, les jardins partagés) en s’ouvrant sur l’extérieur comme avec les commerçants de Belsunce. Il y a une interconnexion très forte sur le terrain avec une confiance entre les différents intervenants. Le but est de créer une synergie entre les différentes associations qui agissent selon une problématique commune.

Une régie de quartier est à l’étude. Ce sera aussi un élément fédérateur de tout ce réseau associatif. Elle interviendra sur les quartiers de Belsunce et de Noailles et sera la troisième régie de la ville. Ses missions sont à définir, elles pourraient tourner autour des questions de recyclage, de végétalisation, de lutte contre le gaspillage, d’amélioration du logement et du cadre de vie…

 

Propos recueillis par Alain Barlatier
pour le blog « Conversations de mon quartier et d’autres lieux ».

 


RÉFÉRENCES :

Une régie de quartier est une structure d’insertion par l’activité économique. C’est une association à but non lucratif dont le Conseil d’administration doit être composé a minima de 50 % d’habitants du quartier ou de leurs représentants, des bailleurs sociaux, des élus et représentants des collectivités territoriales et de l’état. Elle se donne pour objectif l’entretien des espaces publics (ou des parties communes dans une cité), répondant en cela à des marchés publics et privés, en embauchant des habitants du quartier en difficulté sociale pour 80 à 90 % des effectifs. À terme, le chiffre d’affaires doit être composé au minimum de 50 % de recettes provenant de prestations de l’économie marchande.

Il existe deux régies à Marseille. La « Régie Nord Service Littoral » et la « Régie 13 » fonctionnent de façon pérenne depuis plus de trente ans. L’intérêt d’une telle structure est de s’adresser aux personnes les plus éloignées de l’emploi et progressivement les réinsérer dans une démarche économique avec un volet formation, requalification, assurance de soi. Il s’agit d’amener peu à peu ces personnes vers un secteur économique marchand conventionnel.

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