L’administration Trump va imposer des droits de douane supplémentaires sur des produits européens, avant la transition présidentielle, estimant que l’Union européenne a prélevé trop de taxes sur des produits américains dans le cadre du litige entre Boeing et Airbus1. La  filière viticole française se trouve dans le collimateur américain.


 

Le manque à gagner pourrait dépasser le milliard d’euros pour la filière viticole, selon le président de la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux français.

La filière française des vins et spiritueux est « sacrifiée pour un différend sur l’aéronautique », a dénoncé jeudi sa Fédération d’exportateurs FEVS, après l’annonce de droits de douane supplémentaires par Washington dans le cadre d’un vieux litige entre Boeing et Airbus. « On redoutait l’escalade du conflit, on y est, et ça va durer », a déploré auprès de l’AFP le président de la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux français, César Giron, estimant que le manque à gagner pourrait dépasser le milliard d’euros pour la filière viticole.

À trois semaines de la fin de son mandat, l’administration Trump a annoncé dans la nuit de mercredi à jeudi qu’elle s’apprêtait à imposer des droits de douane supplémentaires sur des produits européens, notamment les vins (hors vins effervescents comme le champagne) et cognacs. Washington y est autorisé par l’Organisation mondiale du commerce (OMC) dans le cadre de son interminable différend avec l’UE sur les aides aux géants de l’aéronautique.

Depuis octobre 2019, les États-Unis imposent un droit de douane de 25 % sur les vins tranquilles de moins de 14 degrés, vendus en contenants de moins de deux litres. Selon les informations de la FEVS, cette taxe de 25 % va désormais s’étendre à l’ensemble des vins tranquilles, y compris en vrac, ainsi qu’aux spiritueux à base de vin, comme le cognac.

« De nouvelles catégories (de produits) sont incluses, il n’y a plus d’échappatoire, c’est toute la filière issue des vignobles qui est impactée », a regretté César Giron, exprimant sa « colère » et sa « consternation ». Le manque à gagner de la filière française était jusque-là estimé à 600 millions d’euros. « La 2e vague (de taxes) est encore plus puissante que la première », a relevé le président de la Fédération, rappelant que les États-Unis étaient « le marché le plus important au monde pour les vins et spiritueux ».

 

avec AFP

Notes:

  1. Airbus et son concurrent américain Boeing, et à travers eux l’Union européenne et les États-Unis, s’affrontent depuis octobre 2004 devant l’OMC sur les aides publiques versées aux deux groupes, jugées illégales. C’est le conflit commercial le plus long et le plus compliqué traité par l’OMC. Les États-Unis ont été autorisés en octobre 2019 à imposer des taxes sur près de 7,5 milliards de dollars (6,8 milliards d’euros) de biens et services européens importés chaque année, la sanction la plus lourde jamais imposée par l’OMC.