En France, aujourd’hui, des milliers de personnes sont contraintes de vivre dans des habitats de fortune : des bidonvilles, des squats, des tentes… Chaque année, de nombreuses expulsions viennent les précariser davantage. État des lieux et propositions par l’observatoire inter-associatif (Fondation Abbé Pierre, Ligue des Droits de l’Homme, Médecins du monde…) des expulsions de lieux de vie informels.


 

Dans son nouveau rapport annuel, l’observatoire inter-associatif des expulsions collectives de lieux de vie informels a recensé 1079 expulsions du 1er novembre 2019 au 31 octobre 2020, en France métropolitaine. Et le contexte de la crise sanitaire n’a pas enrayé ces pratiques !

Depuis le 17 mars, dans ce contexte et malgré la prolongation de la trêve hivernale, 699 expulsions ont eu lieu, renforçant des conditions de vie indignes. Ce sont, en moyenne, 448 hommes, femmes et enfants qui sont expulsés, chaque jour et de manière répétée pour un certain nombre de ces personnes. Pour 84 % des expulsions, la majorité des
personnes n’a reçu aucune proposition de relogement, ni même de mise à l’abri ou d’hébergement, entraînant un retour à la rue, de l’errance, une rupture des suivis médicaux et sociaux et, souvent, la réinstallation dans d’autres bidonvilles ou squats. De surcroît, ces retours à l’errance en temps de pandémie viennent accroître le risque sanitaire.

Pendant cette période de crise sanitaire, 86 % des expulsions ont été recensées dans le Calaisis (Calais et Marck) et la ville de Grande-Synthe, territoires dans lesquels les pouvoirs publics ne s’efforcent même plus de justifier ces pratiques. Les autres expulsions ont concerné 97 lieux, habités en moyenne par 93 personnes, pour la plupart des familles roms ou perçues comme telles, et font quant à elles le plus souvent suite à des procédures juridiques.

Certaines personnes connaissent ainsi plusieurs expulsions par an, par mois, voire par semaine.

Pour des solutions de logement « dignes et pérennes »

Pareil constat, notamment en temps de crise sanitaire mondiale, pousse les associations de l’Observatoire1à demander de nouveau que des solutions de logement dignes et pérennes soient proposées à chaque habitant, quel que soit son origine, sa situation administrative, ses projets et ses besoins. Il est vital que les pouvoirs publics se saisissent de cette question pour enrayer l’une des manifestations les plus dures de la crise du logement.

                                                                                                                   Rédaction

 

 

Notes:

  1. Observatoire inter-associatif des expulsions collectives : recense depuis deux ans les expulsions de lieux de vie informels en France métropolitaine : formé de la fondation Abbé Pierre, Médecins du monde, Ligue des Droits de l’Homme, Collectif national Droits de l’Homme Romeurope, Plateforme de soutiens aux migrants, Human Rights Observer, FNASAT, Association nationale des gens du voyage citoyens