Haute Garonne Toulouse  DATE: 05/03/2020


Toulouse

Population 479 553 habitants. Chef-lieu de la région Occitanie, du département de la Haute-Garonne, et siège de Toulouse Métropole. . Maire sortant Jean-Luc Moudenc élu aux municipales de 2014. LR

Candidats

Jean-Luc Moudenc LR, LREM, UDI, MRSL, Agir – Antoine Maurice EELV, LFI, Nouvelle donne, Place publique, Parti pirate – Nadia Pellefigue PS, PRG, PCF – Pierre Cohen Divers Gauche – Quentin Lamotte RN – Franck Biasotto MoDem – Quentin Charoy Parti animaliste – Francis Manaud Debout La France – Pauline Salingue NPA – Malena Adrada LO.

Réponse de Malena Adrada


FAIRE ENTENDRE LE CAMP DES TRAVAILLEURS

 

Dans un contexte de baisse des dotations de l’État, comment concevez-vous la politique municipale ?

Si nous nous présentons à cette élection, ce n’est pas sur un meilleur programme de gestion municipale. Nous ne disons pas : « Votez pour nous et les choses changeront ». Car il n’est pas possible, à l’échelle d’une commune, de changer réellement la vie des travailleurs. Le pouvoir appartient aux capitalistes et à l’État. La commune est prise en étau entre les besoins criants et le manque de moyens pour y faire face. La plupart des notables locaux s’adaptent à cette contrainte et font subir les conséquences à la population. En revanche, une commune dirigée par des révolutionnaires chercherait à instaurer localement une démocratie ouvrière, en associant à ses décisions les travailleurs, les chômeurs, les retraités ; leurs syndicats et leurs associations. De plus, elle pourrait être un point d’appui pour organiser, avec les travailleurs, leurs combats : contre des licenciements, pour soutenir des grèves, contre les expulsions locatives ou encore pour la réquisition de logements vides. Une telle municipalité mettrait ses moyens matériels à la disposition de ceux qui luttent.

 

Votre tête de liste est-elle un homme ou une femme ?

Une femme

 

Quels sont vos projets en matière d’égalité hommes/femmes ? 

Nous sommes communistes, et donc féministes. Notre liste « Lutte Ouvrière – Faire entendre le camp des travailleurs » est fière de faire partie de l’organisation qui présenta la première femme à l’élection présidentielle en 1974 : Arlette Laguiller. Les femmes n’ont jamais rien obtenu sans des luttes. Que ce soit le droit de vote, ou le droit à l’avortement, il a fallu des grèves, des manifestations. Aujourd’hui le haut conseil à l’Égalité constate une hausse de 46 % des plaintes pour harcèlement sexuel. Selon l’Ifop, 11 % des femmes révèlent avoir eu un rapport sexuel forcé dans le cadre professionnel, tandis que 80 % font état d’attitudes ou de décisions sexistes dans les entreprises. Dans le même temps, les femmes sont toujours les premières victimes du chômage, des temps partiels imposés et du travail précaire. Selon l’Insee, elles continuent de toucher des salaires inférieurs de 18,5 % à ceux des hommes. Et l’attaque du gouvernement contre les retraites pénalisera particulièrement les femmes. Quant aux droits fondamentaux à pouvoir disposer librement de son corps et de sa sexualité, ils sont de plus en plus menacés par les politiques d’économies budgétaires. Une municipalité ouvrière soutiendra toutes les luttes des femmes pour leur émancipation.

 

Comment jugez-vous l’état des transports dans votre ville y compris dans les dessertes inter-urbaines ?

Selon une étude récente, les habitants de l’agglomération perdent en moyenne plus de 6 jours et 14 heures par an dans les bouchons. Alors, tout ce qui est fait pour augmenter l’offre de transports publics ne peut aller que dans le bon sens… à condition que la population laborieuse contrôle les entreprises qui font les travaux : les conditions de salaires et de travail mais aussi le coût réel des travaux, car s’agissant de l’intérêt général il serait choquant que les finances publiques alimentent les profits des bétonneurs et des banquiers. Et si le MEDEF local est favorable à la 3ème ligne de métro, à la faisabilité du RER toulousain, à la LGV comme au contournement routier « par l’est et le sud », ce n’est pas par philanthropie. Ce que l’organisation patronale voit derrière ces chantiers ce sont avant tout les profits générés par ces marchés publics. En revanche, le grand patronat est opposé à la gratuité des transports. Qu’un service rendu à la population soit gratuit c’est contraire à son code génétique. Et bien pour nous, la gratuité des transports pour tous s’impose et il faut que cette gratuité soit financée par les grandes entreprises de la région : les Airbus, Safran, Liebher, Continental, Thalès… ainsi que par les grandes sociétés de la distribution, les Carrefour, Leclerc… car si nous nous déplaçons, c’est d’abord pour travailler ou pour faire les courses… et ce sont eux qui en bénéficient.

 

Quels sont vos projets dans ce domaine ? (modes de déplacements doux, pistes cyclables, développement des transports en commun…)

Une municipalité aux mains des travailleurs pourrait décréter cette gratuité et son financement par les grandes entreprises. Mais pour l’imposer il faudrait bien plus qu’un décret, mais la mobilisation de la population et des travailleurs, qui se convaincraient alors qu’il ne suffit pas de prendre la mairie, mais qu’il faut prendre le pouvoir de l’Etat aux capitalistes, pour satisfaire les besoins élémentaires de tous, et envisager de vivre décemment.

 

Quels sont vos projets en matière d’économie d’énergie, d’économie circulaire, de recyclage, de production et de consommation locale ?

Personne ne souhaite vivre dans une ville polluée et bétonnée et toutes les mesures pour verdir et permettre à tous de mieux respirer sont bonnes à prendre. Mais qui peut prétendre que cela sauvera la planète du dérèglement climatique et de la crise écologique ? S’il y a un problème qui se pose à l’échelle nationale et internationale et qui doit nous conduire à remettre en cause l’organisation capitaliste c’est bien celui-là. Car c’est le problème de l’énergie, de la production, des déplacements… Or qui décide dans tous ces domaines ? Les grands trusts, les multinationales. Ce sont eux qui déterminent nos modes de production, eux qui façonnent nos modes de consommation en fonction de leurs intérêts égoïstes. La question qui se pose à nous est de savoir si nous allons, oui ou non, laisser les manettes de l’économie dans les mains d’une minorité capitaliste qui ne jure que par ses profits, ses dividendes, ses retraites chapeaux et ses cours boursiers ? L’accepter serait se précipiter à la catastrophe. En matière d’écologie, comme de lutte contre le chômage et des inégalités, il faut développer la conscience des travailleurs d’avoir à renverser le grand capital. Voter pour une liste qui a pour perspective la prise du pouvoir par les travailleurs fera plus pour l’écologie que l’élection de n’importe quel maire.

 

Pensez-vous associer les citoyens à vos prises de décisions ?

Dans une municipalité Lutte ouvrière, les travailleurs seraient chez eux, qu’ils aient le droit de vote ou pas, des papiers ou pas. Ce sont les travailleurs eux-mêmes, leurs syndicats et leurs associations qui décideraient des priorités de la commune. Ils pourraient au travers de leurs combats pour défendre les intérêts des exploités et des plus pauvres transformer cette municipalité en forteresse ouvrière. Il y a dans chaque ville, des centaines d’entreprises, de magasins et d’établissements publics où les travailleuses et travailleurs mènent des combats que ce soit contre des licenciements, contre des attaques sur leurs salaires, sur leurs congés ou leurs conditions de travail. Ils se retrouvent souvent seuls avec leur syndicat quand ils ne sont pas complètement isolés. Eh bien ces travailleurs pourraient s’appuyer sur la municipalité, avoir son soutien et son aide. Comme ils pourraient compter sur la municipalité pour se battre contre les marchands de sommeil, contre les expulsions locatives ou les coupures d’électricité.

 

Quel est l’état actuel du logement dans votre commune ?

La demande de logements sociaux ne cesse d’augmenter. Ainsi 29 000 dossiers sont en attente dans l’agglomération toulousaine où le délai d’attribution est de trois ans en moyenne. Ce qui fait que bien des travailleurs de la région n’ont d’autre choix que de se tourner vers le privé, dans des cités en mauvais état, ou dans des appartements aux loyers indécents. Quant aux logements sociaux, bien des familles ne quittent pas le leur, même quand il est en mauvais état, car elles savent que ce qu’elles trouveront sera plus exigu et plus cher. La municipalité actuelle, qui méprise les plus pauvres, a mis en œuvre un arrêté anti-bivouac. Une municipalité dirigée par des femmes et des hommes qui partagent les difficultés des classes populaires, déciderait au contraire la réquisition à Toulouse des 23 000 logements vides ou des 240 000 m2 de bureaux vides qu’il faudra aménager, ce que préconisent par exemple les associations de défense du logement. Il est sûr que cette décision serait invalidée par la préfecture. Mais ce serait le point d’appui d’une lutte contre cette situation où le mal logement est le lot de tant de travailleurs. Une mobilisation qui permettrait d’exiger de l’Etat qu’il prenne à sa charge la construction des centaines de milliers de logements qui manquent dans ce pays, en embauchant directement les ouvriers, architectes, techniciens, artisans nécessaires pour construire en nombre et à prix coûtants des logements à bas loyer et de qualité.

 

Pensez-vous avoir affaire à des problèmes de sécurité ?

L’insécurité et la misère morale sont essentiellement la conséquence de la misère sociale, et c’est cela le problème : des milliers de travailleuses et de travailleurs subissent chômage, précarité, salaires insuffisants pour même survivre. Cela développe l’individualisme et le chacun pour soi avec les dérapages que cela ne peut manquer d’entraîner. Contre cela, augmenter les effectifs de police ou le nombre de caméras de surveillance, ce n’est pas efficace pour s’en prendre à la vraie racine du mal. Même la municipalité la plus à l’écoute de la situation des plus pauvres, serait impuissante à régler ces problèmes qui se posent dans toutes les villes de ce pays. Au contraire, les municipalités des grandes villes comme Toulouse sont un point d’appui pour la bourgeoisie locale, pour le grand patronat. Elles leur servent de vache à lait. Leurs budgets sont faits en fonction des grandes entreprises. Elles accompagnent les attaques du gouvernement et du grand patronat qui génèrent pour les classes populaires les difficultés à vivre jusqu’à la misère. Une municipalité aux mains des travailleurs serait au contraire un point d’appui pour les luttes des travailleurs pour en finir avec le pouvoir des capitalistes et de leur Etat.

 

Quel regard portez-vous sur les mouvements sociaux actuels ? ( gilets jaunes, syndicats, société civile, collectifs et associations)

Je suis professeur des écoles à Toulouse et syndicaliste. J’ai été en grève contre la réforme des retraites, comme beaucoup de mes collègues, avec les cheminots et d’autres salariés du public et du privé. J’ai aussi participé à beaucoup de manifestations de Gilets jaunes. Les travailleurs ont relevé la tête pour faire entendre leurs intérêts. Ils ont dit leur révolte contre ceux qui dominent la société. Et je ne parle pas seulement de Macron qui, à bien des égards n’est qu’un exécutant, je parle de la bourgeoisie, de la minorité multimilliardaire qui est aussi rapace qu’irresponsable. Parce qu’elle ne se contente pas d’exploiter et de dépouiller les travailleurs, elle nous mène à la catastrophe économique, sociale, écologique. C’est ce qui s’est exprimé en partie dans la contestation de la réforme des retraites. Eh bien cela doit s’exprimer aussi dans les élections. En votant Lutte ouvrière, les habitants de Toulouse pourront dire qu’ils ne font pas confiance aux notables et aux politiciens mais qu’ils se placent dans le camp des travailleurs conscients et combatifs. Ils affirmeront qu’ils refusent de se résigner à la condition d’exploités et qu’ils aspirent à changer toute la société. Ils diront que, pour enrayer les catastrophes sociale, économique et écologique, il faut arracher à la bourgeoisie son contrôle sur les entreprises et sur la vie politique.

 

Quelles sont vos priorités et vos grands axes en matière économique ?

Ma priorité est que les travailleurs prennent le pouvoir. Parce qu’aucune équipe municipale ne peut prétendre éliminer le chômage, la misère ou la crise ! Aucune équipe municipale ne peut éradiquer le racisme, les discriminations et le délitement de la société que la misère engendre avec son cortège de délinquance et de trafics. Mais nous disons que les travailleurs peuvent, eux, inverser le cours des choses. En se battant collectivement, ils peuvent défendre leurs intérêts essentiels, salaires, emploi, conditions de logement, capacité à se faire soigner…et ils peuvent faire plus que cela, ils peuvent transformer toute la société en poussant la lutte contre l’Etat bourgeois, en expropriant la classe capitaliste et en prenant eux-mêmes le pouvoir politique et économique. Ils peuvent le faire parce que les travailleurs sont à la base de tout, ce sont eux qui produisent, organisent tout, eh bien ils peuvent aussi décider !