De retour  du festival « Les passeurs d’humanité » dans la vallée de la Roya, Jean Verdier, un adhérent de notre association, nous livre un témoignage optimiste sur un monde humain.

Quel bonheur de me retrouver dans ce petit festival de la Vallée de la Roya située à la frontière italienne au dessus de Vintimille. Lieu de passage des migrants, cette vallée a été le théâtre durant plusieurs années d’arrestations, de reconduites à la frontière de milliers de personnes démunies, par la gendarmerie et la police.

Spontanément, par simple humanité, hiver comme été, des gens de la vallée, paysans, artisans, hôteliers, bergers ont logé, nourri, transporté, habillé ces hommes, femmes, enfants abandonnés, rejetés.

Ces bénévoles se sont heurtés à la répression des autorités judiciaires et du pouvoir politique du département. Le berger Cédric Herrou a été condamné plusieurs fois par le tribunal de Nice.

Pour soutenir leur action, démontrer que des citoyens extérieurs à la vallée étaient solidaires, un petit groupe de militants associatifs a organisé en 2018 et 2019, une manifestation paisible et joyeuse.

Durant 4 jours, dans 4 lieux différents (Col de Tende, Tende, Saorge, Breil sur Roya), se sont multipliés expositions, débats, concerts, ballets, pique-nique, dans une atmosphère festive.

Comme l’a déclaré Jacques Perreux, l’organisateur du festival, les enjeux dans cette vallée des Merveilles sont ceux de la Planète Terre. Ils appellent ma réflexion plutôt que la peur, le goût des autres plutôt que la division. Ces enjeux sont ceux des migrations afin de pouvoir assurer aux enfants de nos voisins méditerranéens comme à nos propres enfants le droit à la mobilité. En résumé, il s agit de penser le monde d’aujourd’hui en alliant écologie, justice sociale et démocratie.

Quel plaisir, quelle leçon d’optimisme dans ce monde où il est dit que l’individualisme, le consumérisme sont la règle, de constater que des milliers de personnes sont là pour discuter simplement avec des philosophes, des sociologues, des artistes, eux aussi présents pour soutenir et partager.

Quelle joie de plaisanter, chanter, danser en buvant et en mangeant la pissaladière, la socca et les beignets de courgette.

Comme un symbole, après « La disparition des lucioles », le film de Pasolini, à Tende, dans la nuit provençale, des centaines de lucioles voletaient de toutes leurs petites lumières scintillantes, comme autant de lueurs de consciences, de volées d’espoir !

Jean Verdier

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