mercredi 8 mai 2024
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OPA de la sécurité publique sur l’ensemble des services de police

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Au sein des effectifs de la police judiciaire (PJ), la réforme engagée par Gérald Darmanin est contestée. Ils redoutent la primauté de la sécurité publique au détriment des enquêtes judiciaires.

La police nomme quatre-vingt-dix nouveaux directeurs départementaux de la police nationale. La plupart sont issus de la sécurité publique, un mauvais signe selon nombre d’enquêteurs de la police judiciaire, qui redoutent un affaissement de leurs missions.


 

Éclipsée par les émeutes, la vaste réforme de la police engagée par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, entre dans sa phase finale et suscite un regain de mécontentement parmi les effectifs de la police judiciaire (PJ). Opposés à cette réorganisation, dans laquelle ils redoutent de perdre indépendance et moyens, les enquêteurs de la PJ ont fort mal accueilli la liste des nouveaux directeurs départementaux de la police nationale (DDPN) adressée mercredi 19 juillet au cabinet de Gérald Darmanin, aux préfets, et à tous les services de police.

Sur les quatre-vingt-dix noms (un par département) retenus pour ces nouveaux postes, sept seulement sont issus de la police judiciaire : c’est peu pour les « PJistes », qui craignent depuis des mois de se trouver commandés par des chefs issus de la sécurité publique, la « police du quotidien », souvent tenus pour indifférents aux problématiques complexes de lutte contre le crime organisé et avant tout préoccupés par les statistiques, indicateur privilégié de performance dans la police.

Cette OPA de la sécurité publique sur ces nouvelles fonctions n’est guère étonnante compte tenu des objectifs affichés par cette vaste réforme, inédite en plus de quarante ans : fusionner sous une seule autorité un ensemble de services (police judiciaire, sécurité publique, renseignement, police aux frontières) autrefois placés sous l’égide de responsables locaux qui ne rendaient compte qu’à leur direction centrale.

Pour nombre de policiers de la PJ, regroupés au sein de l’Association nationale de police judiciaire, dont la création au mois d’août 2022 a fait l’effet d’une véritable secousse dans une institution d’ordinaire fort discrète, cette unité de commandement ne pourra s’exercer qu’au détriment des enquêtes de la PJ. D’après eux, leurs faibles effectifs et la longueur d’investigations complexes aux résultats incertains condamnent la PJ à fournir une variable d’ajustement à l’action policière — quand ses troupes ne seront pas versées à d’autres tâches au nom de la polyvalence.

Lire l’article du Monde.

Voir aussi : L’autorité judiciaire n’est pas au service de la répression du mouvement social.