Jeudi 29 août 2019.

Suite à vos nombreux appels de soutien qui m’ont touché, je me permets de m’excuser de partir précipitamment. Vos larmes, vos désarrois, vos questions m’ont laissé sans voix sans être en capacité de vous répondre. Je prends aujourd’hui le temps de le faire. J’espère que vous me comprendrez. Mon départ était impératif compte tenu des conditions d’acharnement auxquelles j’ai du faire face. J’aurais aimé rester dans ce logement, dans cette commune… et ce Pays que je croyais être le mien ! J’ai pris cette décision parce que je pense que ma fille a le droit de connaître l’égalité de chance qu’elle n’aura jamais ici. Elle restera une immigrée malgré le fait qu’elle soit née en France. Elle restera toujours une immigrée, à travers ses ancêtres, aux yeux de certains.

Notre décision est prise :

« Ma couleur de peau nous prive de nos droits et on me propose des conditions où mes compétences et ma couleur de peau ne feront pas obstacle à notre avenir : famille, travail, propriété et Ordre Public. »

Nous avons tout mis en œuvre, pétition, attestations, recours judiciaires pour répondre à notre devoir de citoyenneté mais aucune résolution n’est arrivée. J’ai décidé de servir un autre pays en tant que gardien de la paix. Un pays qui est prêt à m’accueillir à la condition que je renonce à ma nationalité française. J’espère que ma démarche va vous permettre de retrouver la tranquillité dans votre commune et que je puisse obtenir la confirmation administrative de ma demande d’abandon de nationalité française en quittant ce Pays.

Sachez que je ne regrette pas de vous avoir rencontrés, ni d’être à l’initiative de la pétition malgré les répercutions qu’elle a occasionnées sur ma vie personnelle. Je comprends votre détresse mais ma présence dans la résidence dérange ces dealers, et à cela, il n’y a visiblement pas de solution.

Il faut avouer que cette bande organisée semble avoir les moyens de son ambition. Celle de régner en maître par la terreur sur un territoire qui est présumé leur appartenir.

Ne prenez pas mon départ comme une défaite, j’ai toujours défendu les valeurs de la « République française » avec ou sans mon uniforme à travers mes actes de citoyenneté. Vous me témoignez, tous les jours, votre soutien par vos actions.

Notre devoir de citoyenneté ne fera pas changer notre Pays, la France, en un jour, mais nous pouvons contribuer à ce changement à travers nos divers représentants et surtout dans le cadre de nos actes citoyens qui feront avancer la démocratie et reculer la délinquance. Ce sont nos peurs, notre silence qui permettent à ce fléau d’installer son nid par surprise aujourd’hui.

Mais le dernier mot est-il dit ? L’espérance doit-elle disparaître ? Non ! Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause, la fraternité peut être une des clés pour lutter contre ce fléau. Notre République n’est pas seule, il y a nous !

Il semblerait que la seconde guerre mondiale n’a pas servi de leçon à certains. Cette guerre n’est pas limitée au territoire français et à ses Alliés. Les Pays colonisés ont aussi participé. Mes ancêtres, et tous ces policiers-militaires qui ont suivi, ont défendu les intérêts de la France.

Aujourd’hui, il m’est difficile de tolérer une telle discrimination et de renoncer définitivement à mon uniforme en quittant La France…

Quoi qu’il arrive, notre fraternité ne doit pas s’éteindre tel l’amour de la nation.

 

Avec tout mon respect,

Votre voisine, votre collègue, votre amie

 


Illustrations:  Frans Masereel  L’ange noir (1950)

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