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2016/2019 Retour sur trois années de veille

L’Observatoire des Violences Policières (Ovipo) s’est constitué au printemps 2016 pour témoigner de l’usage disproportionné de la force par les forces de l’ordre lors des manifestations contre la « loi travail » portée par le gouvernement Valls II. Sous la forme d’un compte Twitter, il s’est agit de récolter des témoignages et preuves et de les relayer pour informer l’opinion publique sur le sujet. Deux idées ont marqué la création de l’observatoire. D’une part, les violences policières sont une rupture du contrat social qui lie les personnes qui font société. Elles sont illégitimes car elles sont à la fois inutiles du point de vue du maintien de l’ordre et disproportionnées. D’autre part elles sont généralement tues. Et si la thématique prend de l’ampleur, c’est grâce à un plaidoyer constant des associations et collectifs investis aux côtés des victimes.

Il nous a paru intéressant d’évoquer les violences policières à l’aune de cette prise de conscience collective du phénomène. Quatre articles sont prévus, détaillant chacun une catégorie de victimes de cette violence. La violence policière ne se construit en effet pas simplement autour d’un « laisser faire » des policiers violents. Elle prend racines dans des tendances lourdes de la société et des politiques publiques.

Quatre articles pour détailler les cibles de la police

Le prochain article portera sur les manifestants et militants politiques. Le suivant sur les racisés et habitants des quartiers populaires. Le dernier article traitera de la question des « invisibles » : réfugiés, détenus, travailleurs du sexe et personnes en situation de handicap. Ce premier article faisant office d’introduction sera également l’occasion d’évoquer les violences policières dont sont victimes les femmes et les LGBTI. Les violences sexistes dépassant largement le champ des violences policières et il nous a paru pertinent de ne pas nous livrer ici à une analyse des causes de celles-ci. Cependant, nous pouvons montrer la façon dont les policiers abusent de leur pouvoir pour violenter des femmes et des personnes LGBTI. Le racisme dépasse bien entendu également le problème des violences policières. Cependant, le rôle crucial de la police dans ce que certains désignent comme une gestion coloniale des populations racisées nous pousse à consacrer un article à cette problématique.

Enfin, avant d’entrer dans le vif du sujet, nous souhaitons remercier toutes les personnes, collectifs, associations et journalistes qui travaillent – parfois au péril de leur intégrité physique – pour témoigner de ces violences et les documenter. Le travail de l’observatoire consiste modestement à relayer ces informations et à se faire l’écho d’une conscience populaire grandissante qui refuse de continuer à endurer la brutalité des forces de l’ordre.

Les violences sexistes transposées au sein de la police

Dans le cercle familial, au travail, en public, les femmes subissent quotidiennement la violence des hommes. L’action de la police, bien loin de garantir leurs droits et leur dignité, ajoute souvent sa pierre à l’oppression sexiste.

De plus en plus de témoignages circulent faisant état du refus de policiers et gendarmes d’enregistrer des plaintes de victimes de violences sexuelles. Parmi les témoignages recueillis dans la série de viols mettant en cause des dirigeants de l’Union nationale des étudiants de France (Unef), Libération mentionnait celui de Charlotte, victime de viol en 2015 ayant essayé de déposer une plainte. Dans deux commissariats successifs, elle essuie un refus de la recevoir puis on lui conseille de ne déposer qu’une main courante, après avoir mis en doute sa parole : « ce n’était pas un viol, ça […] il suffisait de dire non ».

Plusieurs centaines de témoignages de la sorte ont été recueillis par le mouvement féministe Groupe F. et rendus publics via le compte Twitter @PayeTaPolice en avril 2014. Une carte interactive a été mise en place pour permettre aux victimes de ces violences de signaler les commissariats et gendarmeries dans lesquelles ne pas aller porter plainte. Les violences ne sont pas toutes commises avec une arme. Un refus de prendre une plainte, le dénigrement d’une victime, la moquerie et l’insulte font aussi partie de la brutalité policière.

« Ils, les deux hommes fiers, m’attouchent pour trouver dans la poche devant mon sein ma carte d’identité. Un moment à peine dégradant. ».

 

Les personnes LGBTI également touchées

En trois ans, d’autres nombreux cas de violences touchant également les personnes lesbiennes, gays, bi.e.s, transgenres et intersexes (LGBTI) nous ont été rapportés. Ces violences vont des insultes aux violences physiques, attouchements et coups. Elles sont à notre sens le reflet des violences faites aux LGBTI dans l’ensemble de la société, amplifiées par le pouvoir dont disposent les policiers, et parfois camouflées par le prétexte du maintien de l’ordre.

Comme évoqué précédemment, il nous a paru nécessaire de ne pas passer sous silence ces violences même si elles dépassent la question de la police. Dans le prochain article, nous évoquerons les cas de violences policières dirigées contre des manifestants et militants politiques.

 

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