Le travail de veille sur les violences policières entrepris il y a trois ans nous a donné un aperçu des violences commises à l’encontre de beaucoup de personnes que nous qualifions d’invisibles : migrants, travailleurs du sexe ou prisonniers. Invisibles car elles n’ont pas de voix dans l’espace public autrement que par le biais d’associations ou de médias alternatifs. Un aperçu seulement car la majorité des violences commises reste encore tue. Nous remercions l’ensemble des personnes qui permettent aux invisibles de se faire entendre et qui luttent pour l’amélioration de leurs conditions d’existence, elles-mêmes harcelées par la police.

Les migrants : harcelés, volés et privés de dignité

 

Sous prétexte de lutte contre les « points de fixation », les gendarmes et policiers présents dans les campements de migrants du Calaisis se livrent à toutes sortes d’exactions. Parmi celles-ci : la destruction des abris de migrants, en lacérant les tentes à coup de canif, qu’il vente ou qu’il neige. Des dizaines de destructions de la sorte ont été signalées par l’association L’Auberge des Migrants.

Autres délits commis par les policiers et gendarmes : le vol des migrants, jusqu’aux chaussures. En août 2018, des hommes de la police aux frontières ont dérobé 800 euros à des migrants qui avaient traversé la frontière entre la France et l’Italie. Sur un enregistrement, on peut entendre les policiers menacer les victimes de déportation en Libye, où les exilés Noirs sont réduits en esclavage, s’ils continuent d’accuser la police.

Ces évènements ne sont que quelques-uns, pris dans un océan de brutalité et de harcèlement qui donne le vertige. Florilège :

Malgré des conditions de voyage extrêmement précaires, la police, bien loin de porter assistance aux migrants, les met toujours plus en danger. Ces refus d’assistance et ces renvois sont à l’origine de dizaines de morts et de centaines d’enfants livrés à eux-mêmes. En mars et avril 2018, deux femmes Nigérianes trouvaient la mort près de la frontière avec l’Italie :

Quand ils ne sont pas renvoyés en Italie, les migrants sont placés en rétention dans des conditions révoltantes. Nous avons eu l’occasion de notamment relayer des mauvais traitements dans les centres à Menton, à Toulouse ou encore au Mesnil-Amelot. En décembre 2018, un jeune soudanais a été torturé par des policiers au centre de rétention administrative de Oissel. Quand ils sont déportés, c’est bien souvent dans des conditions déplorables.

Les autres invisibles : TDS, sans-abris, prisonniers

Plusieurs cas de violences ciblant d’autres personnes que l’on peut qualifier d’invisibles nous ont été signalés. Nous savons aussi qu’une minorité seulement des cas de violences sont signalés, par peur ou tout simplement par dépit de personnes qui vivent dans l’injustice. En voici quelques cas.

Le cas d’Alicia, travailleuse du sexe passée à tabac par des policiers en décembre 2017 à Paris, illustre la violence dont peuvent être victimes les personnes dans son cas. En plus d’exercer une activité risquée pour laquelle les policiers devraient la protéger, elle est transgenre et sans-papiers. C’est assez pour que les policiers se déchaînent, l’insultent, l’humilient et la menacent.

Toute forme de marginalité peut conduire une personne à être cible de violences policières. C’est le cas pour les sans-abris. Nous militions également pour définir comme violences policières les refus de dépôt de plainte qui touchent particulièrement les sans-abris comme l’illustre le cas de Kip, agressé à Pau en février 2018.

Nous choisissons aussi de relayer les victimes de violences carcérales. Même si les responsables font partie de l’administration pénitentiaire, le niveau de violence et d’humiliation, souvent sur fond de racisme, et l’impunité des auteurs des violences nous poussent à nous pencher sur la thématique. Ces violences, systématiquement tues ou maquillées ont aussi particulièrement besoin d’être dites.

 

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