dimanche 12 mai 2024
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Interdiction de manifester contre les violences et le racisme d’État à Paris

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Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, a décidé d’interdire toute manifestation, « en lien direct avec les émeutes » qui se sont tenues après la mort du jeune Nahel abattu par un policier lors d’un contrôle routier à Nanterre le 27 juin dernier.


 

Comme pour la marche en hommage à Adama Traoré et contre les violences policières du 5 juillet dernier, le risque de « trouble à l’ordre public », mais aussi un manque de policiers et de gendarmes pour y faire face, ont été invoqués pour interdire la manifestation appelée par la « Coordination contre la répression et les violences policières », ce samedi 15 juillet à Paris.

Une cinquantaine d’associations, partis de gauche et syndicats qui devaient y participer ont dénoncé cette nouvelle interdiction de manifester. Les organisateurs du rassemblement, déboutés de leur recours en justice, font part de leur colère et fustigent « un tribunal administratif aux ordres de Gérald Darmanin ». Me Lucie Simon, avocate de la coordination, déclare : « La préfecture de police, confortée par les juges des référés du tribunal administratif de Paris, empêche tous canaux d’expression démocratique de revendications parfaitement légitimes. » Et souligne que de nombreuses autres manifestations ont eu lieu. Alors, pourquoi interdire celle-ci, si ce n’est pour tenter « d’invisibiliser les violences policières ? ».

Suite à la confirmation de l’interdiction, la coordination nationale contre la répression et les violences policières n’a pas maintenu son appel à manifester, mais a tenu une conférence de presse suivie d’une réunion qui a fait salle comble dans un gymnase du 20e arrondissement de Paris. Pendant ce temps, place de la République, les véhicules des forces de l’ordre sont positionnés. Les entrées du métro sont grillagées, la station est entièrement fermée sur ordre de la préfecture de police. Des gendarmes déambulent au centre de l’esplanade pour dissuader les regroupements.

Mais le rassemblement se tient in fine à quelques pas d’ici. Une soixantaine de personnes — familles et proches de victimes, victimes, gilets jaunes, syndicats, élus de gauche venus soutenir — se tiennent debout autour de la banderole de la Coordination fièrement déployée malgré l’interdiction. Les prises de paroles se succèdent pour dénoncer les violences policières et les atteintes récurrentes aux libertés fondamentales.

Omar Slaouti, professeur et co-organisateur de la marche, prend le micro : « Cette marche a été interdite alors que nous avons tout fait dans les règles… nous avons compris quelque chose collectivement, nous ne sommes pas des sujets politiques à égalité de droits, nous avons compris quelques chose de très important, le gouvernement non seulement condamne, jette l’opprobre sur les révoltes dans les quartiers populaires, et de la même manière il condamne aussi les manifestations comme la nôtre déposée en bonne et due forme (…) Nous ne nous tairons pas, ni ici ni ailleurs… ».

La Coordination nationale contre la répression et les violences policières réaffirme sa volonté de demander justice et continue de porter fortement ses revendications, notamment, insiste une militante, l’abrogation de l’article 435-1 de la loi de 2017 qui donne un véritable permis de tuer à la police.