L’arrivée du printemps semble coïncider avec un réveil artistique, car depuis quelques jours on assiste à des mobilisations professionnelles et sociales dans la sphère culturelle. Plusieurs initiatives ont vu le jour, notamment sur nos deux régions. Dans la cité phocéenne, deux cinémas ont offert une séance gratuite, sous l’égide de la Friche Belle de Mai.


 

Il y a les occupations des lieux de production et de diffusion de spectacles : du Théâtre de la Cité – CDN Toulouse ou de l’ICI – Centre chorégraphique national à Montpellier aux théâtres du Merlan et de la Criée à Marseille, en passant par la SMAC Paloma à Nîmes, le Théâtre du Chêne Noir à Avignon, la scène nationale Le Cratère à Alès, les revendications sont les mêmes : rouvrir ces espaces et soutenir les intermittents du spectacle, durement impactés par la crise sanitaire.

Et il y a des tentatives d’ouverture de lieux de culture. À Marseille, deux cinémas, le Gyptis et La Baleine, ont fait le choix d’accueillir sur inscription du public, en programmant chacun une séance gratuite. Ils s’inscrivaient dans l’opération nationale #OuvronsLesCinémas, à l’appel de la Fédération Nationale des Cinémas Français (FNCF), de l’Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion (ACID) et du Groupement National des Cinémas de Recherche (GNCR). Une tribune collective a d’ailleurs été publiée, signée par 20 salles en France, intitulée Le manifeste des 20 : en ouvrant nos salles, nous ouvrons l’espoir. Parmi les signataires :  le Cigalon à Cucuron (84), l’Espace Robert Hossein à Grans et Le Méliès à Port-de-Bouc (13).

Pour le Gyptis et La Baleine, il s’agissait donc de chasser la tristesse et la morosité en assurant leur mission, c’est-à-dire ouvrir des salles au public pour diffuser des films. Car  un an après la première fermeture des portes, il s’est écoulé 244 jours d’arrêt, précisent les organisateurs, considérant que « chacun d’entre eux fut un jour de trop ». Devant le refus obstiné du gouvernement d’accéder à la demande des professionnels d’accueillir à nouveau le public, alors qu’ils considèrent que des études scientifiques ont mis en évidence qu’il n’y avait pas de foyers de contamination, ils ont décidé d’ouvrir à nouveau leur porte. En collaboration avec la Friche de la Belle de Mai, c’est ce qu’ont fait les équipes du Gyptis et de La Baleine, pour ne plus priver les spectateurs « de ce lieu sans équivalent que sont les salles de cinéma, où la seule chose qui se transmette, ce sont les idées, la sensibilité, l’intelligence, les valeurs de partage et de consolation ».

C’est donc dans le strict respect du protocole sanitaire que les deux salles ont opéré ces « projections test » : 143, rue du désert de Hassen Ferhani au Gyptis, en partenariat avec le festival La première fois, et J’ai aimé vivre là, de Régis Sauder à La Baleine. Une programmation essentielle pour qu’elles continuent à jouer leur rôle de passeur en montrant des films. Et bien que l’information soit restée assez confidentielle, pour éviter une trop grande affluence, les organisateurs ont du refuser des entrées, ce qui tendrait à prouver l’attente et le besoin du public. Mais les organisateurs ont prévu d’autres initiatives, pour « prendre soin » du public : « nous continuerons à le faire, à prendre soin des corps, des esprits et du commun ».

Nathalie Pioch

 

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Reprend des études à chaque licenciement économique, ce qui lui a permis d'obtenir une Licence en Histoire de l'art et archéologie, puis un Master en administration de projets et équipements culturels. Passionnée par l'art roman et les beautés de l'Italie, elle garde aussi une tendresse particulière pour ses racines languedociennes.