Aissah, agent à l’hôpital de Purpan du service logistique, était convoquée lundi 6 juillet au commissariat de Saint-Cyprien de Toulouse pour avoir porté sur sa blouse l’étiquette : « Cognat Virus à Quand la Fin ? ».


 

Du nom du directeur du pôle Ressources matérielles du CHU de Toulouse1 qui avait porté plainte pour diffamation. « Le Monsieur masques, gants, surblouses, charlottes, respirateurs, etc. » (surnom donné par les hospitaliers et hospitalières — NDLR) n’a visiblement pas apprécié la critique de la part du personnel hospitalier bien placé pour constater les carences d’une direction plutôt encline à raboter le budget des hôpitaux qu’à satisfaire les simples besoins en matériels des travailleurs et travailleuses en première ligne face à l’épidémie de Covid-19. Et même si la convocation policière avait été annulée vendredi dernier, le rassemblement de solidarité envers Aissah était maintenu, l’après-midi de ce lundi 6 juillet, de manière à bien montrer la détermination des personnels et de leur soutien à se battre pour un service public des hôpitaux et de la santé à la hauteur des défis de ce siècle.

Venus à la rencontre des manifestant-e-s, deux policiers s’étonnent de leur présence alors que le parquet, selon eux, a classé la plainte sans suite. La preuve pour l’assemblée qu’il ne s’agissait pas d’une diffamation mais bel et bien de l’expression libre d’une opinion.

Julien Terrié, pour la CGT, rappelle que ce slogan est apparu le 11 mai lors de la grève des soignant-e-s et l’hommage aux agents décédés et contaminés par le Coronavirus et que l’ensemble des personnels l’ont adopté. Aissah l’avait arboré sur sa blouse blanche le 16 juin dernier lors de la journée d’action nationale dans les hôpitaux. Le cégétiste évoque une autre plainte déposée par un autre dirigeant du CHU pour « divulgation de la vie privée ».

Les syndicalistes se sont contentés de rendre public le salaire annuel d’Olivier Rastouil, directeur des ressources humaines du CHU toulousain, 100 000 euros et des poussières alors que la plupart des agents hospitaliers sont à 25 000 euros par an, les aides-soignantes ainsi que les personnes chargées du nettoyage perçoivent beaucoup moins de 20 000 euros.

La cure d’austérité appliquée aux salaires des hommes et des femmes qui font tourner les différents secteurs hospitaliers s’arrête au portefeuille des dirigeants. « Il y a des conflits sociaux dans tous les services du management logistique, alerte Julien Terrié : Agents de sécurité, menuisiers, Logipharma… tous ceux et toutes celles qui ont les plus bas salaires, les oublié-e-s du gouvernement et des directions ».

Ces dernières rebaptisées « Chicago Boys » (du nom du groupe d’économistes néo-libéraux qui s’étaient mis au service de la dictature chilienne — NDLR), car à la tête de « pratiques managériales détestables et qui travaillent quotidiennement à détruire l’hôpital public », dénonce le responsable syndical.

Avant d’appeler le lendemain matin à se rassembler devant Logipharma (pharmacie centrale des hôpitaux) à Cugnaux près de Toulouse, et à manifester le 14 juillet, le jour où le président de la République prendra la parole, pour lui rappeler que les blouses blanches ne lâchent rien.

Piedad Belmonte

Notes:

  1. Pierre-Jean Cognat, directeur pôle Ressources matérielles du CHU de Toulouse
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Passée par L'Huma, et à la Marseillaise, j'ai appris le métier de journaliste dans la pratique du terrain, au contact des gens et des “anciens” journalistes. Issue d'une famille immigrée et ouvrière, habitante d'un quartier populaire de Toulouse, j'ai su dès 18 ans que je voulais donner la parole aux sans, écrire sur la réalité de nos vies, sur la réalité du monde, les injustices et les solidarités. Le Parler juste, le Dire honnête sont mon chemin