« Neutralité et rigueur » sont selon Jean-Louis Bianco, les critères essentiels d’observation dans « un débat passionné ».

La France est-elle laïque ? C’est le titre du livre de Jean-Louis Bianco, président de l’observatoire de la laïcité (OLA) qui a présenté jeudi 11 octobre, un rapport édifiant à l’occasion de la semaine des fraternités qui a ponctué la semaine à Aix-en-Provence. Sur l’ensemble du territoire français, l’Observatoire constate une profonde méconnaissance du droit en vigueur qui peut conduire à des interdictions ou des autorisations injustifiées ainsi qu’une sensibilité toujours très forte sur toute situation qui touche à la laïcité et aux faits religieux. « La crainte de voir la laïcité se redéfinir par de nouvelles pensées, uniquement pour l’islam » a été exprimée dans un contexte où il est constaté « une diversité très importante des formes de l’islam ».

« Neutralité et rigueur » sont selon Jean-Louis Bianco, les critères essentiels d’observation dans « un débat passionné ».

Et d’expliquer : « Les faits observés il y a 2 ans, s’aggravent. On se préoccupe beaucoup plus des questions de laïcité aujourd’hui qu’hier. Dans toutes catégories Nous considérons que c’est une bonne chose ».

L’ex-ministre des affaires sociales et de l’intégration, ajoute : « Les tensions s’aggravent autour du fait religieux en général, pas seulement de la laïcité. Elles sont dues en partie à cause de faits extérieurs qui tiennent à l’état de nos sociétés : affaiblissement des idéologies, situation difficile pour une bonne partie des citoyens, perte de sens, tensions dans le débat public liées à telle ou telle loi qui ne peut que rejaillir sur des questions qui touchent les profils parfois identitaires, etc. ».

Relevant un 3ème point plus rassurant malgré des instruments de mesure incertains : « Y-at-il plus de laïcité aujourd’hui qu’hier ? Ce n’est pas sûr. On parle de sujets dont on ne parlait pas… On évoque des conflits qu’on taisait et c’est très bien. Mais ça fait un effet de grossissement renforcé par les médias qui traitent le conflit, le spectaculaire et qui réduisent la laïcité à des sujets marginaux ou caricaturaux. Depuis 2 ou 3 ans, on ne parle que de Burkini ou des crèches de Noël, alors qu’il y a d’autres sujets bien plus importants pourtant liés à l’éducation nationale ou à la formation citoyenne…

Selon une étude menée dans les entreprises, « il y aurait à peu près le même nombre de cas de conflits par an et les managers sont mieux armés aujourd’hui pour y répondre.» Même constat dans les hôpitaux où il y a 5 ans, on ne parlait pas de conflits de faits religieux. A la question posé aux chefs d’établissement « Avez-vous eu connaissance de la problématique liée à des faits religieux ? », la réponse est oui à 33%. Mais à la question  : « Sur ces cas, combien de conflits ? », on arrive à 10%. 10% de 33% cela fait 3,3%. Une dernière question confirme que la plupart des cas ont été résolus par une dialogue. Au sein de  l’éducation nationale, 91% des enseignants déclarent vivre une laïcité apaisée dans leur établissement. Le ministère qui relève 400 atteintes à la laïcité et non pas 20 ou 30 par jour, tente d’identifier avec les personnels de l’EN ce qu’est exactement une atteinte à la laïcité… »

H.B

H.B
Journaliste de terrain, formée en linguiste, j'ai également étudié l'analyse du travail et l'économie sociale et solidaire. J'ai collaboré à différentes rédactions, recherches universitaires et travaillé dans divers domaines dont l'enseignement FLE. Ces multiples chemins ailleurs et ici, me donnent le goût de l'observation et me font aimer le monde, le langage des fleurs et ces mots d'André Chedid : «Cet apprentissage, cette humanité à laquelle on croit toujours».