Le génocide militarisé qui se passe actuellement à Gaza et sur les terres palestiniennes est une question féministe et une question de justice reproductive. Le but ultime d’Israël — et des puissances occidentales qui soutiennent cet État colonial — est de rendre impossible la reproduction sociale et sociétale des Palestinien.ne.s. Ce n’est là qu’un des nombreux visages du fascisme colonialiste raciste.


 

En cette journée du 8 mars, il est impératif de se rappeler que toute guerre est aussi et surtout une guerre contre les femmes.

Le rapport alarmant des Nations Unies, publié en février 2024, met en lumière la réalité insoutenable des violences subies par les femmes palestiniennes depuis 75 ans de colonisation Israélienne. Les violences infligées aux femmes palestiniennes ne sont pas seulement des actes isolés, mais font partie intégrante d’une stratégie coloniale visant à déshumaniser et à exterminer le peuple natif.

Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (OHCHR), ces violations déjà plusieurs fois rapportées, documentées et confirmées se sont intensifiées depuis le 7 octobre dernier.  Les violences vécues par les femmes Gazaouis depuis cette date sont nombreuses et prennent plusieurs formes.

 

La violence sexuelle et l’humiliation

Selon les experts des Nations Unies, des témoignages affirment au moins deux cas de viol avéré sur des femmes Gazaoui depuis le début de l’offensive Israélienne. Des photos dégradantes des détenues sont partagées et relayées en ligne par les soldats sionistes dans le but de les humilier et les déshumaniser. Des photos de soldats posant avec des sous-vêtements et des robes de femmes qui ont dû tout laisser derrière elles dans des maisons en ruines circulent également sur internet, cette obsession malsaine pour les sous-vêtements des palestiniennes est une sorte de revenge porn qui sert à humilier les femmes elles-mêmes et les sexualiser de force. Le rapport des nations unis fait part de témoignages à propos de prisonniers hommes et femmes battus et frappés dans des zones sensibles de leurs corps, subissant également des tentatives de viol. Les détenues subissent constamment des menaces de viol s’étendant à leurs proches, notamment leurs filles.

 

Arrestation arbitraire et emprisonnement

Les femmes et les filles palestiniennes sont régulièrement soumises à des détentions arbitraires accompagnées de violences, de menaces de viol, de traitements dégradants, des fouilles à nu, d’humiliation et de chantage. « Les abus sexuels verbaux font partie d’une politique organisée visant à infliger l’humiliation et la torture à tous les détenus palestiniens, en particulier aux femmes et aux enfants », a déclaré en 2020 Sahar Francis, directrice d’Addameer — un groupe de soutien aux prisonniers et de défense des droits de l’homme. Les mères arrêtées sont soumises également à une forme de violence psychologique en les menaçant avec l’exécution de leurs enfants, et en leur refusant le droit de les voir. Une ancienne détenue relâchée en 2023, Mirfet Aleza témoigne : « le plus difficile était qu’une personne étrangère décide quand et comment tu peux revoir ton enfant après que tu lui sois arrachée subitement ; on ne les voit pas grandir ».

 

La souffrance des femmes enceintes et des nouvelles mères

Les femmes enceintes se retrouvent sans la moindre attention médicale et sans nutrition adéquate. Le manque de nourriture rend l’allaitement des enfants impossible. Une mère Gazaoui témoigne : « J’étais seule avec ma mère pendant que la maison était encerclée par les chars ; l’hôpital était trop loin. J’ai dû accoucher toute seule sur un tapis en me mordant la main pour étouffer mes cris de douleur. » Reya, une autre femme enceinte  réfugiée à Rafah, partage en pleurs sa peur et sa détresse de devoir subir une césarienne dans une tente aménagée en salle d’accouchement, sans anesthésie, sans produits d’hygiène, sans médicaments et avec un seule gynécologiste pour 180 femmes accouchant par jour à Gaza.

 

L’exécution des femmes et des membres de leurs famille

3000 mères au moins sont maintenant veuves et doivent subvenir aux besoins de leurs enfants sous le bombardement et la rareté de la nourriture. Les femmes, ainsi que leurs familles sont exécutés par des soldats israéliens. Plusieurs vidéos relayant les images atroces de mères qui perdent leurs bébés et enfants dans les bras ont fait le tour des réseaux sociaux. Au Nord de Gaza, nombre d’entre elles sont restées pour s’occuper des membres de leurs familles trop âgées ou trop malades pour être déplacés, vivant ainsi sous le bruit constant des drones et des avions militaires avec la peur d’être la prochaine cible de bombardements.

 

Les conditions de vie insupportables et le manque de produits d’hygiène

Les femmes sont incapables d’avoir un espace privé après avoir quitté leurs maisons. Le manque d’eau et de produits d’hygiène rend la situation des femmes intenable, l’une d’elles témoigne : « ma peau n’a pas été en contact avec de l’eau propre depuis deux mois, j’ai perdu sous les décombres mon parfum ; mon peigne et mes savons parfumés, je me sens sale et malade ». D’autres sont contraintes de couper leurs cheveux faute de pouvoir en prendre soin. Un autre point crucial pour les femmes réfugiées à Rafah et celles restées dans le nord est la rareté des protections hygiéniques. Certaines se tournent vers la prise de pilules contraceptives pour ne pas avoir leurs règles, d’autres se fabriquent des « serviettes » de fortune faites de tissus découpé des tentes qui les abritent.

Aujourd’hui, on ne peut plus détourner le regard, on ne peut plus dire que c’est loin de nous. Aujourd’hui seule notre mobilisation pourra se dresser contre la complicité de nos gouvernements dans l’annihilation de nos sœurs palestiniennes et de  leurs compatriotes. Il est plus qu’urgent d’agir, de faire pression sur nos décideurs et amplifier la voix des palestiniens et palestiniennes, faire de leur cri de cœur le baromètre de notre humanité. Portons la voix des femmes de Gaza, de Rafah, de la Palestine occupée. Portons les voix éteintes trop tôt de Hind, Sherine, Manel, Malak, Leila et tant d’autres.

 

International women’s day, le 8 mars à Montpellier à 13h, départ de l’Atrium Bibliothèque Universitaire Paul Valéry.

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