Une vive émotion s’est emparée des Français devant l’ampleur de la catastrophe au Maroc. Les collectivités territoriales se mobilisent pour organiser l’élan de solidarité. L’intervention sur le terrain apparaît plus complexe en raison de la situation diplomatique franco-marocaine.


 

Selon le dernier bilan provisoire des autorités, plus de 2 100 personnes sont mortes et 2 400 blessées après le tremblement de terre qui a frappé le Maroc vendredi soir. L’élan instantané de solidarité que suscite la catastrophe donnent la mesure de la relation entre ces deux pays amis, aux affinités culturelles entretenues par des échanges constants. La tragédie qui frappe le Maroc touche de très nombreux Montpelliérains qui souhaitent participer à l’élan de solidarité envers le peuple marocain et de nombreux messages ont été reçus par la cellule de crise depuis samedi proposant aide et dons.

Depuis hier, la Ville de Montpellier a ouvert au public un centre de collecte à la Maison des Relations Internationales Nelson Mandela — 14 descente en Barrat, 34000 Montpellier. Ouvert à partir de lundi de 11h à 17h tant que la situation l’exige, il permettra de recueillir les premiers dons d’urgence. Dès que les besoins de gestion de l’après-séisme sur place seront précisés par les autorités marocaines et les services de secours, la Ville réunira ses partenaires de solidarité internationale pour mettre en place les dispositifs d’acheminement et d’aide les plus efficaces.

Le département de l’Hérault fait part de son immense compassion pour les victimes et leurs familles. Pour aider au mieux la population marocaine, le Président du Conseil départemental de l’Hérault, Kléber Mesquida, prendra attache aujourd’hui avec la consule générale du Maroc. Il pourra ainsi échanger avec elle des meilleures possibilités opérationnelles concernant l’aide que pourraient apporter les Héraultais au peuple Marocain. Lors de la session plénière de l’Assemblée départementale du 18 septembre, une aide exceptionnelle sera proposée au vote des conseillers départementaux.

Le Service Départemental d’Incendie et de Secours de l’Hérault (SDIS 34) se tient prêt de son côté à engager ses moyens en cas de mobilisation. Mais le Maroc a annoncé hier avoir accepté l’aide de quatre pays seulement : l’Espagne, la Grande-Bretagne, le Qatar et les Émirats arabes unis.

Le « Projet Pegasus », une vaste opération d’espionnage impliquant des services marocains a jeté le froid sur les relations entre Paris et Rabat. Les faits remontent à l’été 2021. C’est à cette date qu’un consortium de 17 médias internationaux avait publié des enquêtes1 dénonçant l’achat et l’utilisation par Rabat du logiciel espion Pegasus mis au point par la société israélienne NSO. Ce système très perfectionné aurait permis la surveillance et la captation de conversations et d’images de plusieurs dizaines de personnalités, dont des opposants au régime et des responsables politiques français parmi lesquels Édouard Philippe et Emmanuel Macron. Autre objet de tension entre la France et le Maroc, le dossier du Sahara occidental, ce grand désert au sud du Maroc que les Marocains considèrent comme un territoire à eux, alors que les Algériens soutiennent les indépendantistes. Les Marocains reprochent à la France d’avoir choisi le camp de l’Algérie.

La France a offert son aide, s’affichant prête à envoyer des secouristes et toute une panoplie de moyens, mais Rabat n’a pour l’heure pas saisit la main tendue. En attendant, pour se mettre en œuvre concrètement, l’amitié et la solidarité Franco-Marocaine 2devra trouver d’autres canaux. Pourquoi pas celui de la coopération décentralisée ?

 

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Notes:

  1. Le Maroc qui nie son implication a tenté de poursuivre en diffamation les organes de presse et associations français qui l’avaient mis en cause dans l’affaire du logiciel espion Pegasus. Mais la Cour d’appel de Paris a déclaré irrecevable cette action en justice contre Le Monde, Radio France, France Media Monde, Mediapart, L’Humanité, Forbidden Stories et Amnesty International. Les magistrats précisant dans leur arrêt que « La loi française sur la presse de 1881 ne permet pas à un État, qui ne peut être assimilé à un particulier, une poursuite en diffamation ».
  2. La France accueille au moins 1,5 million de Marocains, dont la moitié ont la double nationalité ; plus de 50 000 de nos concitoyen.ne.s vivent au Maroc, qui s’ajoutent à 4 millions de visiteurs français chaque année.