Annoncé il y a cinq ans, le projet de parc d’attraction autour du cinéma patine à Béziers. Il est peu probable que le contrat signé par le maire de Béziers depuis Las Vegas, sans concertation avec le département, fassent avancer le dossier.


 

Des studios de tournage, des loisirs : 150 hectares de terrain dédiés entièrement au cinéma. Un coût estimé à un milliard et demi d’euros et  5 000 créations d’emplois à la clé. C’était le projet élaboré en 2017 qui devait voir le jour sur le domaine de Bayssan, aux portes de Béziers et de l’A9.

Aujourd’hui le projet a été revu à la baisse, il est passé de 150 à 50 hectares. Et les conditions de mise en œuvre semblent encore loin d’être réunies. Elles passent par un accord entre la communauté d’agglomération de Béziers et le Conseil départemental de l’Hérault qui détient, via le Syndicat Mixte de Bayssan, les deux tiers du foncier.

Le 24 mai, depuis le salon Licensing expo de Las Vegas, au côté du promoteur bittérois  Roch Angelotti, le maire de Béziers a annoncé officiellement avoir signé un contrat de licence avec Legendary, une société de production US basée en Californie. L’ambition économique repose sur une fréquentation de 2 millions de visiteurs par an pour un chiffre d’affaires de 300 millions d’euros. Le prix de la transaction est resté confidentiel.

Dans cette nouvelle mouture, le projet a évolué, les stars de cinéma cédant la place aux jeux vidéos dernière génération. « À Montpellier il y aura bientôt un lieu de production et de tournage. On ne va pas faire la même chose à Béziers. Ici on va proposer un parc d’attraction. Il y a un alignement des planètes, alors ne faisons pas de politique sur le dos des Biterrois. Cela me désole ! », a déclaré le maire de Béziers et président de l’agglomération, Robert Ménard.

Côté département, la réaction du Président du Syndicat mixte pour l’aménagement et la gestion du domaine de Bayssan ne s’est pas fait attendre : « On nous avait annoncé des studios de cinéma avec la Paramount et on se retrouve avec Les Lapins crétins1. Ce n’est pas ce qui était prévu. Finalement ce projet pourrait ne pas voir le jour, mais je ne ferme la porte à rien. »

Le 25 mai, le président du Conseil départemental dénonce dans une lettre ouverte un contrat signé entre la communauté d’agglomération de Béziers et des partenaires privés, sans son aval. Kléber Mesquida s’étonne notamment de découvrir par voie de presse un nouveau scénario sans que le Département n’ai été concerté.

« Je vous rappelle qu’en terme de représentativité, vous n’ignorez pas que c’est le Syndicat Mixte de Bayssan (présidé par Philippe Vidal) qui lui seul peut décider de vendre le foncier, même si le Département de l’Hérault détient deux tiers des parts. Vous savez également que nous avions signé, le 30 mai 2017, une convention avec les Studios d’Occitanie par laquelle le syndicat mixte s’était engagé à ne pas vendre pendant un délai de 46 mois. Cette convention prévoyait un calendrier fixant des engagements de bonne fin qui n’ont pas été respectés ; ce contrat est donc révolu de plein droit », écrit Kléber Mesquida.

La politique du fait accompli sans concertation et l’état du dialogue entre les deux institutions concernées par ce dossier ne laissent pour l’heure pas présager d’éclaircie pour aboutir à un plan d’action. Après cinq ans de stagnation, il est temps de trouver un terrain d’entente au sujet de ce projet de territoire présenté comme attractif et pourvoyeur d’emplois, ou d’ouvrir de nouvelles perspectives.

Notes:

  1. Les Lapins crétins, connus dans le monde anglophone sous le nom de “Raving Rabbids”, sont des personnages fictifs créés et lancés par la société française Ubisoft, initialement en tant qu’antagonistes de la franchise de jeux vidéo Rayman (série de jeux vidéo d’action-plates-formes produite par Ubisoft).