L’affaire était dans les tuyaux, le Premier ministre valide, dans Le JDD, le retrait de la liste LREM au profit du président sortant de la région Sud, Renaud Muselier. La secrétaire d’État Sophie Cluzel et « des représentants de la majorité parlementaire » figureront sur la liste LR.


 

La logique évoquée cette semaine par Renaud Muselier, en conférence de presse à Marseille mercredi, a été suivie. Tête de liste aux prochaines régionales, pris en étau entre la gauche et l’extrême droite, le président Les Républicains (LR) sortant de Provence-Alpes-Côte d’Azur avait appelé à un vaste rassemblement autour de sa candidature estimant « de bon sens » que la majorité présidentielle lui apporte son soutien.

En réponse, le Premier ministre Jean Castex annonce, dans le JDD du 2 mai, le retrait de la liste La République en marche (LRM) dans la région Sud au profit de la droite. « La majorité présidentielle répond très favorablement à l’initiative de Renaud Muselier », déclare M. Castex.

« Le pays est en crise, la majorité présidentielle agit, doit s’élargir et doit savoir fédérer », explique le Premier ministre, répondant en écho aux propos émis par M. Muselier, quelques jours plus tôt. « Je sais qu’il existe des compétences dans la majorité présidentielle qui pourront nous aider dans la crise comme dans la sortie de crise. On peut les additionner, on gagne à rassembler et on s’honore à se dépasser », avait expliqué le président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur.

La secrétaire d’État chargée des personnes handicapées, Sophie Cluzel, « et des représentants de la majorité parlementaire » se retrouveront donc sur la liste LR. Mme Cluzel, qui sera en lice dans le Var, voit l’« occasion de pouvoir être encore plus forts » grâce à cette union que les habitants de la région « attendent de nous », déclare-t-elle également dans Le JDD.

 

L’alliance avec LRM divise les Républicains

 

Ce dénouement est l’aboutissement d’une longue négociation voulue par Emmanuel Macron. Le président souhaite en effet que dans le Sud, un accord avec la droite soit en place dès le premier tour afin de repousser la menace du RN avec un Thierry Mariani, ex-LR aujourd’hui soutenu par la cheffe de file du RN Marine Le Pen. Une prise de position s’appuyant sur les sondages qui indiquent, qu’en cas de liste commune, la liste de Renaud Muselier et de la majorité présidentielle arriverait devant le RN le soir du 20 juin.

Emmanuel Macron souhaitait des accords dès le premier tour dans toutes les régions, sauf dans les Hauts-de-France et en Rhône-Alpes, pour s’implanter sur le territoire et atténuer le mauvais scrutin qui se profile. Seulement le parti présidentiel LRM s’y est opposé. « On a raté le coche », confie un macroniste haut placé. « Avec cet accord dans le Sud, c’est trop peu et peut-être trop tard ».

Renaud Muselier avait, depuis plusieurs jours, préparé le terrain à une telle alliance. « Je suis LR et je me retrouve politiquement dans la droite et le centre. Mais je vais sortir politiquement du carcan des appareils politiques. Donc, il n’y aura pas d’accord d’appareil. Compte tenu de l’enjeu, je veux fabriquer la meilleure équipe possible pour la région et nous choisirons les meilleurs d’où qu’ils viennent », a-t-il déclaré jeudi. L’élu, qui a officialisé mardi sa candidature, avait déjà expliqué sur BFM-TV qu’il était prêt à ouvrir sa majorité à des « Verts raisonnables [et] aux repentis du Front national ».

La question des alliances pour les régionales divise cependant Les Républicains. Certains, comme Renaud Muselier ou le maire de Nice, Christian Estrosi, revendiquent une forme d’autonomie par rapport au dogme national du parti, défendu notamment par le député des Alpes-Maritimes, Éric Ciotti, qui prohibe toute alliance avec LRM pour, notamment, ne pas polluer le message du parti pour la prochaine présidentielle. Le maire LR de Cannes, David Lisnard, a précisé mercredi sur LCI qu’il se désolidariserait de Renaud Muselier si ce dernier faisait alliance avec LRM.

La droite a passé cette semaine à s’invectiver. Éric Ciotti n’a pas mâché ses mots : « Si Muselier fait alliance, il aura la défaite et le déshonneur », a-t-il lâché. Le député Julien Aubert, fraîchement élu président départemental des Républicains dans le Vaucluse, menace d’abandonner la campagne s’il y a des ministres sur la liste. À l’inverse, la volonté d’ouverture portée par Renaud Muselier est soutenue par le maire de Nice Christian Estrosi et Hubert Falco, président de la métropole Toulon-Provence-Méditerranée et maire de Toulon.

Cette alliance entre les défenseurs d’un accord avec la majorité présidentielle, pour éviter une victoire du Rassemblement national en Provence-Alpes-Côte-d’Azur, et les autres, très nombreux, qui trouvent cette démarche « mortifère » pour LR, devrait encore faire couler beaucoup d’encre à moins d’un an de la présidentielle.

Avec AFP