Luna est une jeune femme de 20 ans, rencontrée lors d’un passage dans le Luberon, à Buoux (84), dans la ferme de M. Morard où elle termine une formation en alternance pour être chevrière. Elle nous parle de sa vocation, de ses projets, de sa réalité.


 

Pourquoi avoir choisi cette voie professionnelle ?

C’est un choix par inadvertance. Je me dirigeais au départ vers l’esthétique, mais après un stage qui ne m’a pas convaincue, j’ai cherché autre chose. J’avais une amie qui avait une exploitation agricole et m’a proposée un stage en exploitation de chèvres pour les fromages à Mondragon et cela m’a passionnée. J’ai trouvé ensuite une Maison familiale et rurale (MFR) pour faire une formation, j’ai commencé par un CAP, et aujourd’hui je vais vers un bac professionnel.

Comment vois-tu ce métier aujourd’hui ?

Il faut vraiment être passionnée. C’est compliqué, il y a beaucoup de travail. On peut toujours en vivre à condition de se diversifier, même s’il est vrai que s’installer aujourd’hui n’est pas simple, surtout quand on n’est pas enfant de paysan. Cela peut représenter un investissement lourd, mais il y a des aides et les banques prêtent encore. J’ai l’intention de m’installer en Corse, d’ici une dizaine d’années, en polyculture-élevage1. Mais en attendant, je travaille ici, à la ferme du Jas, et j’ai eu de la part de mon employeur une proposition d’association. C’est une proposition rare, surtout à mon âge, je pourrais peut-être vraiment apprendre  le métier et faire face dans un premier temps aux difficultés du quotidien, sans devoir mettre en place mon projet qui reste flou encore. Et bien sûr, économiser de l’argent.

C’est un métier investi par des femmes ?

C’est pas encore très commun, mais on y arrive. Je suis dans une petite classe, on est huit, 4 garçons et 4 filles. Donc à la Maison familiale et rurale, ça va. Mais de toutes façons, il y a de plus en plus de filles qui vont dans ce cursus. C’est vrai que les gars nous voient parfois comme moins aptes, plus faibles, et pour trouver des stages c’est plus difficile pour les filles. Mais j’ai eu « la niaque », j’ai montré ce que j’étais capable de faire. On nous a dit que ce serait difficile.

Et vivre de ce métier c’est possible alors ?

Je vous l’ai dit, mon projet est encore flou, mais je sais ce que je veux faire, et c’est un projet de vie. J’ai la possibilité de bénéficier de terres familiales en Corse et je voudrais commencer avec un petit troupeau d’une cinquantaine de chèvres, et en polyculture pour être autonome au moins en fourrage. Mais en attendant, je continue de me former ici à la ferme de M. Morard, disons une dizaine d’années. Il veut associer quatre jeunes à l’exploitation, et je m’occuperais de la partie chèvres, et peut-être des moutons, à venir, voire des cochons.

 

Recueilli par Christophe Coffinier

Notes:

  1. La polyculture-élevage est un système de production agricole combinant une ou plusieurs cultures (destinée(s) à la vente et/ou à l’alimentation des animaux) et au moins un élevage.
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Passionné depuis l’âge de 7 ans, de photo, prise de vue et tirage, c’est à la fin d’études de technicien agricole que j’entre en contact avec la presse, en devenant tireur noir et blanc à l’agence avignonnaise de la marseillaise. Lors d’un service national civil pour les foyers ruraux, au sein de l’association socio-culturelle des élèves, c’est avec deux d’entre eux que nous fondons un journal du lycée qui durera 3 ans et presque 20 numéros. Aprés 20 ans à la Marseillaise comme journaliste local, et toujours passionné de photo, notamment de procédés anciens, j’ai rejoint après notre licenciement, le groupe fondateur de l’association et suis un des rédacteurs d’Altermidi, toujours vu d’Avignon et alentours.