Connaissez-vous le Pronotavirus ? Ce virus qui attaque les cellules nerveuses de ceux qui, actuellement, sont censés défendre la sacrosainte continuité pédagogique ?

Vous l’auriez compris, le pronotavirus (du latin pronotumvirus) attaque uniquement et exclusivement les enseignants de tous bords, ceux qui font de la transmission de connaissances leur cheval de bataille.

Pronote, pour ceux qui ne le connaîtraient pas encore, est un logiciel de gestion de vie scolaire ; c’est celui qu’utilisent la plupart des établissements pour gérer les absences, le cahier de texte, les bulletins etc. Il est aussi aujourd’hui, pour certains établissements comme le mien, LA plateforme pédagogique sur laquelle nous mettons nos cours en ligne.

Les élèves peuvent ainsi directement dialoguer avec nous et poser des questions qui vont, dans les faits, du classique « ce sera noté ? » à l’immanquable « j’ai pas compris ce qu’il fallait faire pour demain » en passant par le très concret « je n’ai pas d’imprimante, est-ce que je peux recopier sur une feuille blanche ? ». Sans parler des éternels abonnés absents avec lesquels on essaye (vainement !) de rentrer en contact en essayant de déterminer le motif de leur silence : accessibilité limitée à internet / maladie / flemmingite aigüe… Pronote, c’est le règne du pratico-pratique, on ne s’embarrasse pas de questions existentielles. Aux oubliettes donc les véritables débats qui se créent en classe et les questionnements philosophiques sur les œuvres ! Ici (à mon grand dam), on parle feuilles, notes et corrections.

Comment, alors, gérer ce temps de connexion à Pronote ? Être disponible tout en se ménageant du temps pour préparer les cours ainsi que du temps pour soi ? Je discute avec certains collègues qui m’assurent réussir à se caler des plages horaires de connexion qu’ils ont préalablement communiquées aux élèves. Personnellement, je n’y arrive pas. J’ai toujours dans la tête ces inquiétudes qui me taraudent : ont-ils bien compris l’exercice 5 ? La correction est-elle assez claire ? Et si un élève me contactait car il a des difficultés ? Ainsi, tracassée et agitée, je me re-connecte pour la énième fois. L’autre jour, j’ai compté par curiosité le nombre de mes connexions : 21 fois en une journée.

Comment savoir si vous avez le Pronota ? Rien de plus simple. Les symptômes les plus récurrents sont un mal de tête persistant accompagné d’un sentiment chronique d’inutilité et d’impuissance. Avec épisodiquement une montée de découragement vous signalant que votre corps est en lutte constante contre ce virus fielleux et pernicieux !

Mais je n’ai pas dit mon dernier mot… demain, la lutte continue ! Il ne m’aura pas, ce maudit Pronota !

Il est 23h. Et lorsque je pars me coucher, l’écran de pronote défile encore sous mes paupières.

Romane Berlin


Voir aussi . Episode 2 Se fondre la poire, Rubrique Education,


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