La 43e édition du Cinemed qui a édifié Montpellier comme un acteur majeur du rayonnement du cinéma a démarré ce soir à Montpellier. La vague 2021 charrie 200 films qui déferleront du 15 au 23 octobre sur les écrans de la ville.


 

Le Festival international du cinéma méditerranéen de Montpellier qui se tient à l’automne est le principal festival du septième art de la région Occitanie. C’est aussi la plus importante rencontre de cinéma consacrée aux films de la Méditerranée. On y découvre tous les films produits dans le bassin méditerranéen. Cette année, sur les 200 films projetés à Montpellier beaucoup ne seront pas distribués, mais certains seront découverts et auront un destin heureux. Depuis sa création en 1979, le festival a su s’adapter aux évolutions du paysage cinématographique tout en conservant l’esprit cinéphile de ses fondateurs Henri Talvat, l’actuel président, et Pierre Pitiot à qui sera rendu un hommage prochainement.

 

Un cinéma des cultures

Avec la lumière que les réalisateurs aiment venir capter dans notre région, Cinemed fait de Montpellier un territoire du 7e art. La force et la reconnaissance du festival sont intrinsèquement liées à son identité, à sa capacité de défricher et de montrer les films à travers la compétition et le panorama. Ce qui fait sens et lien tout autour de la Méditerranée définit une culture commune proposée par Cinemed. Cet état d’esprit ouvert a fait connaître le festival montpelliérain sur toutes les rives de la Grande Bleue et au-delà. À cela s’ajoute un ancrage local en corrélation avec la pluralité des racines culturelles. La région Occitanie est un des pôles nationaux d’immigration les plus importants. Son histoire révèle une présence italienne ancienne et des vagues migratoires espagnoles, algériennes, marocaines, et plus récemment balkaniques, kurdes… Ce pourquoi, la majeure partie du public (75 % des spectateurs habitent dans la Métropole) ne répond pas aux critères de marketing meanstream du cinéma US, mais bien à un attachement culturel.

 

 

L’âge d’or de Buñuel

 

 

Un lieu d’échange et de bienveillance

Lors de la présentation de cette 43e édition, le maire Michaël Delafosse a fait référence au marasme qui traverse l’espace méditerranéen, un endroit, pour reprendre l’image de Braudel1, où se concentre mille feux allumés dans un très vaste champ d’herbes sèches. « On ne se rend pas compte de ce qui a été entrepris avec le Cinemed. Du Moyen-Orient à la Grèce, en passant par le Maroc, l’Algérie, l’Italie… le Cinemed a tenu et tiendra un rôle majeur pour préserver les œuvres cinématographiques d’un génocide culturel. Il a donné la possibilité aux films d’exister, aux cinéastes de s’exprimer. C’est une affirmation très forte de ce à quoi Montpellier peut contribuer. Le festival incarne l’hospitalité et la bienveillance de la ville à l’égard des œuvres et des artistes. »

Cette fonction de porte ouverte que peut avoir le festival pour les réalisateurs méditerranéens constitue certainement un élément central de son identité. Lorsque le Cinemed prolonge le plaisir en accueillant des grands noms du cinéma français, on peut observer l’effet des cultures en présence dans son étonnante faculté à tisser du lien et à échanger. Ce n’est pas un hasard si le maire de Palerme, Leoluca Orlando, un serviteur politique précieux de la tolérance, convaincu que la mobilité internationale est un droit humain, occupe la présidence du Cinemed.

« Le Cinemed est un festival qui aime tous les cinémas », se plaît à répéter son directeur Christophe Leparc, c’est aussi un extraordinaire levier pour se confronter aux richesses de la différence.

Jean-Marie Dinh

 

 

Programmation

Au programme de ce 43e festival des cinémas de Méditerranée, de nombreux rendez-vous cinéphiles : une compétition internationale, des invités prestigieux, une programmation jeune public, des court-métrages, des rencontres et des ateliers…

Cette année les cinéphiles trouveront de quoi nourrir leur enthousiasme avec une rétrospective consacrée à la singulière œuvre de Luis Buñuel. À suivre également l’hommage rendu au cinéaste yougoslave Dušan Makavejev et le regard que nous rapportent les artistes libanais sur la déliquescence du système.

Retrouvez tout le programme du Cinemed 2021

 

 

 

 

 

 

Notes:

  1. Fernand Braudel, historien, n’a pour ainsi dire jamais cessé d’écrire l’histoire méditerranéenne.
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Après des études de lettres modernes, l’auteur a commencé ses activités professionnelles dans un institut de sondage parisien et s’est tourné rapidement vers la presse écrite : journaliste au Nouveau Méridional il a collaboré avec plusieurs journaux dont le quotidien La Marseillaise. Il a dirigé l’édition de différentes revues et a collaboré à l’écriture de réalisations audiovisuelles. Ancien Directeur de La Maison de l’Asie à Montpellier et très attentif à l’écoute du monde, il a participé à de nombreux programmes interculturels et pédagogiques notamment à Pékin. Il est l’auteur d’un dossier sur la cité impériale de Hué pour l’UNESCO ainsi que d’une étude sur l’enseignement supérieur au Vietnam. Il travaille actuellement au lancement du média citoyen interrégional altermidi.