Dans une interview parue dans « Elle », l’ex-maire écologiste de la ville de Marseille, Michèle Rubirola, revient sur les circonstances de son départ.


 

Dans une interview accordée à « Elle » le 14 janvier, Michèle Rubirola, ex-maire de Marseille, raconte comment, le 15 mars, alors que le Printemps marseillais venait d’arriver en tête sur la ville, elle évoquait déjà avec le socialiste Benoît Payan la possibilité de « switcher » leur place en cas de victoire. « C’est moi qui, pressentant les difficultés, ai proposé à Benoît de « switcher ». « Mais Michèle, m’a-t-il répondu, c’est impossible, ça ne se fait pas ! » Comme je ne voulais pas faire perdre mon camp, j’ai tenu bon. Sauf qu’être maire de la deuxième ville de France, ça ne s’improvise pas. »

Il a fallu six jours de suspens lié à un mode de scrutin particulier — où la liste qui recueille le plus de voix sur l’ensemble de la ville n’est pas certaine de « gouverner » la cité — pour que Michèle Rubirola, tête de liste du Printemps marseillais, se voit remettre l’écharpe tricolore des mains de Jean-Claude Gaudin.

Élue maire le 4 juillet, les doutes s’accumulent dès ses premières semaines au poste sur sa volonté de poursuivre son mandat jusqu’à son terme. Son départ en convalescence, en septembre, ses difficultés avec les médias… Alors que les questions se superposent, à son retour mi-octobre faisant suite à une intervention chirurgicale, l’écologiste confirme dans une interview à Libération qu’elle assume sa fonction de maire mais précise travailler en « binôme » avec Benoît Payan, son premier adjoint.

Mais quelques semaines plus tard, les urgences liées à la crise sanitaire et l’état des finances de la ville, « catastrophique » après vingt-cinq ans de gestion Gaudin, achèvent de la convaincre qu’il faut à Marseille un maire « beaucoup mieux armé que moi pour les situations de crise ». Comprendre Benoît Payan dont elle suggère le nom dès l’annonce de son départ, finalement acté le 15 décembre.

« J’ai essayé, je vous jure, plaide encore l’élue dans « Elle ». Pendant des semaines, j’ai lutté contre moi-même mais je suis restée un médecin dans l’âme. Avant de prendre une bonne décision, j’avais besoin de connaître tout le dossier, comme pour un diagnostic ! […] Le problème, c’est que tout cela me demandait un temps et une énergie que je ne pouvais pas donner à cause de mes problèmes de santé. »

Elle assume sa décision, même si certains électeurs crient à la « trahison » — « Soyons honnêtes, combien parmi eux ont voté uniquement et seulement pour moi ? Le Printemps, c’est un collectif » —, d’autres lui reprochant de tirer une balle dans le pied de la cause féminine en cédant sa place à un homme. « Vision patriarcale, rétorque-t-elle. Femme ou homme, là n’est pas la question. J’en ai parlé avec Anne Hidalgo qui a très bien compris ma décision. Elle, avant d’être maire, a été adjointe pendant de nombreuses années. Moi, j’ai été élue trop vite et trop tôt. »

Voir aussi : Entretien avec Michèle Rubirola « Notre projet répond aux urgences »