confinement, tractations et réunions se sont succédé à Marseille. Certains ont jeté les masques quand d’autres ont dressé des murs. Le second tour des municipales, le 28 juin 2020, s’annonce chaud bouillant dans les huit secteurs, avec un duel, quatre triangulaires et trois quadrangulaires.


 

Un véritable puzzle politique nourri de rancœurs et d’égos dans nombre de secteurs. La gauche du Printemps Marseillais arrivée en tête au premier tour avec 23,4 %, a réussi à rassembler dans 6 secteurs sur 8, recevant le soutien écologiste de Sébastien Barles d’EELV (8,9%). Cependant, dans les quartiers nord de la ville, faute d’accord avec la sénatrice ex-socialiste Samia Ghali, ce sera une triangulaire. Ailleurs, deux listes de gauche se sont retirées pour faire barrage à l’extrême droite de Stéphane Ravier.

La droite LR de Martine Vassal échoue à tenter de fédérer les troupes d’Yvon Berland, candidat LRM ou encore de Bruno Gilles, dissident LR, malgré le soutien du président de région Renaud Muselier, LR. Surtout que Bruno Gilles ne semble toujours pas avoir digéré le choix de la candidate par son parti.

Enfin favorite en mars dernier, la liste de la gauche unie Le Printemps marseillais portée par Michèle Rubirola semble provoquer des frayeurs dignes d’un western chez les républicains. Arrivée seconde au premier tour avec 22,32 %, Martine Vassal qui a succédé à Jean-Claude Gaudin à la présidence de la Métropole, est allée jusqu’à combattre un « péril rouge » là où pourtant le terme « péril » serait plus approprié pour l’extrême droite qui menace et surfe sur les divisions. Tour d’horizon par secteurs.

 

1er secteur : 1er et 7e arrondissements

Ce sera une triangulaire dans ce secteur avec une candidate pour la gauche unie Le Printemps marseillais Sophie Camard, une à droite LR Sabine Bernasconi et une à l’extrême droite RN, Clémence Parodi.

Arrivée en tête avec 39.01 %, Sophie Camard fait liste commune avec la liste EELV de Sébastien Barles Debout Marseille, arrivé 4e avec 10.80 %. À droite, la maire sortante Sabine Bernasconi qui a écopé d’un 21.21 % au premier tour peut compter sur le maigre soutien du colistier de Bruno Gilles (5.71 %) mais pas sur celui d’Yvon Berland qui n’a pas donné de consignes de vote. La candidate Clémence Parodi dépasse les 10% de justesse avec 10.84 %. Le taux d’abstention était de 59,34% au premier tour.

 

2e secteur : 2e et 3e arrondissements

Ce sera une quadrangulaire inédite à Marseille dans ce secteur phare avec un candidat de la gauche unie Benoit Payan, deux à droite LR Lisette Narducci et Solange Biaggi, et une à l’extrême droite RN Jeanne Marti.

Ici, la gauche du Printemps marseillais représentée par Benoit Payan est arrivée largement en tête au premier tour avec 25.98 % des voix. Elle est confortée pour le second tour par le soutien de la liste écologiste Debout Marseille (7.04 %).

Les tentatives de rapprochement de la droite sont restées stériles. Lisette Narducci, maire sortante (16.71 %) s’est rapprochée du candidat LRM Saïd Soilhi (8.25 %) plutôt que des Républicains qui maintiennent Solange Biaggi arrivée troisième (16.45 %).

Alain Lhote DVG, convoité par les deux camps pendant ces tractations, ne peut se maintenir avec 9,99% mais ne donne pas de consignes de vote. Le RN, lui, avait fait 13.48 %. L’abstention au premier tour était de 70,59%.

 

3e secteur : 4e et 5e arrondissements

Ce sera une triangulaire entre une candidate de la gauche, Michèle Rubirola, un de la droite, Bruno Gilles, et un de l’extrême droite, Jean-François Luc.

Arrivée favorite avec 37,4% des voix, Michèle Rubirola entend semer un peu de Printemps marseillais en intégrant l’écologiste Fabien Perez de la liste Debout Marseille qui avait totalisé 8.16 % au premier tour. Elle a également reçu le soutien de Mathieu Grapeloup, LRM (5.40 %).

À droite, Bruno Gilles (22,11 %) fait cavalier seul puisque l’accord a échoué avec le candidat LR Jean-Philippe Agresti (9.69 %) qui ne donne pas de consignes de vote. L’extrême droite de Jean-François Luc totalise 13,6 %. L’abstention était de 61,40% au premier tour.

 

4e secteur : 6e et 8e arrondissements

Rare secteur où la droite est arrivée en tête, les 6e et 8e arrondissements de Marseille sont soumis à une quadrangulaire avec une candidate de la gauche unie Olivia Fortin, deux à droite Martine Vassal et Yvon Berland, et un à l’extrême droite, Bertrand Marandat.

Au terme de réunionites sans lendemain, il n’y a pas eu d’entente entre le macroniste Yvon Berland et la candidate de droite LR Martine Vassal dans ce secteur qui est son fief.

Arrivé 4e au premier tour (12.25 %), l’ex-président d’Aix-Marseille Université, Yvon Berland, reste fragilisé face à Martine Vassal en tête au premier tour (27.16 %), juste devant Olivia Fortin du Printemps Marseillais (24.40 %). Cette dernière peut compter au second tour sur Christine Juste, écologiste de Debout Marseille qui l’a rejointe.

Enfin, le candidat RN Bertrand Marandat avait réalisé 13.30 % et se maintient. L’abstention était de 62,88% au premier tour. 

 

5e secteur : 9e et 10e arrondissements

Ce sera une triangulaire avec un candidat à droite, Lionel Royer-Perreaut LR, une à gauche, Aïcha Sif Printemps marseillais, et une à l’extrême droite RN, Éléonore Bez.

Arrivé en première position avec 32,4 %, Lionel Royer-Perreaut n’a pas réussi à impulser de dynamique à droite et devra faire face à la candidate RN (21,5 % ) et à une gauche unie du Printemps marseillais (15,4%) et d’EELV (10%).

Un secteur traditionnellement à droite dont le score final risque bien de réserver des surprises et où le taux d’abstention est élevé avec 69%.

 

6e secteur : 11e et 12e arrondissements

Faute d’accord à droite, ce sera une quadrangulaire avec deux candidats de droite, Julien Ravier LR et Robert Assante DVD, un à gauche Yannick Ohannessian, et un à l’extrême-droite RN, Franck Allisio.

Dans ce secteur beaucoup de discussions ont échoué. D’abord entre les listes LRM (7,5%) et EELV (9%), toutes deux arrivées en dessous des 10% qui sont nécessaires pour se maintenir.

À gauche, le Printemps Marseillais (16,1%) a réussi à intégrer EELV dans la course. En face, Julien Ravier (28,1%) affrontera également le candidat de Bruno Gilles, Robert Assante (10,9%), et celui du RN (23,3%). Le taux d’abstention était de 69,49% au premier tour.

 

7e secteur : 13e et 14e arrondissements

Ce sera un duel dans ce secteur à risques, entre la droite LR représentée par David Galtier et le maire sortant RN Stéphane Ravier.

Dans ces quartiers parmi les plus étendus, délaissés et peuplés de Marseille, l’extrême droite sévit encore avec le maire sortant Stéphane Ravier RN, arrivé en tête au premier tour (33.48 %), mais avec un taux d’abstention très élevé (71,94%).

Le duel se fera avec la droite LR, liste portée par David Galtier, arrivé second en mars  (18,21 %).

Les deux candidats de la gauche, Jérémy Bacchi (15.57 %) pour le Printemps Marseillais et Julien Rossi de la liste de Samia Ghali (11,30 %), ont choisi de se retirer pour faire front au RN.

 

8e secteur : 15e et 16e arrondissements

Ce sera une triangulaire dans ce dernier secteur de Marseille également à risques avec une candidate ex-PS, Samia Ghali, un candidat du Printemps Marseillais, Jean-Marc Coppola, et une de l’extrême droite, Sophie Grech.

Dans ce fief historiquement à gauche, le RN menace pourtant. Durant les tentatives de rapprochement, le ton est monté entre Samia Ghali arrivée en première position (25,84%) et la liste du Printemps Marseillais (19,2%) qui maintient son candidat.

Samia Ghali se dit soutenue par EELV (5,4 %). Le RN avait totalisé 22,2%. Il reste à savoir où iront les électeurs LR (13,7 %) et LRM (8 %) et surtout les abstentionnistes (72,7%).

 

H.B.

H.B
Journaliste de terrain, formée en linguiste, j'ai également étudié l'analyse du travail et l'économie sociale et solidaire. J'ai collaboré à différentes rédactions, recherches universitaires et travaillé dans divers domaines dont l'enseignement FLE. Ces multiples chemins ailleurs et ici, me donnent le goût de l'observation et me font aimer le monde, le langage des fleurs et ces mots d'André Chedid : «Cet apprentissage, cette humanité à laquelle on croit toujours».