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La seconde édition d’Art Montpellier qui s’est tenue du 8 au 11 novembre au parc expo Sud de France Arena a accueilli plus de quarante galeristes d’Antibes à Toulouse, goût du risque en partage…

Pour nombre de raisons qu’il ne sera pas question d’évoquer ici, installer une foire d’art contemporain à Montpellier relève assurément de l’audace et de l’exaltation. En suivant les pas du directeur artistique Didier Vesse dans les allées du parc expo, on ne peut qu’être enthousiasmé par les toiles qui s’offrent à notre regard : Jorge Colomina, (Galerie Be Espace), Jonone, (Galerie Brugier Ricail / Gm Art), David Nicolas Djordjevic, (Dock Sud Galerie), Bretb Roberts NYC, (Galerie 37), Marc Duran (La Pop Galerie), Emmanuelle Renard, (Galerie Sophie Julien)… Les œuvres semblent vouloir nous raconter leur contentement d’avoir quitté un temps leur mur pour se retrouver ici afin de pouvoir dialoguer entre-elles. Certaines font preuves de beaucoup de charme pour se faire adopter.

La sélection est équilibrée, une place importante est octroyée aux galeries de la région. La Figuration libre et le mouvement Support surface mis en avant lors de la première édition ne sont ni absents ni surreprésentés. Cette année, Art Montpellier a mis l’accent sur l’Art urbain avec des artistes comme Bom.K, Zest ou Mode 2 que l’on a pu découvrir dans l’espace de la galerie Nicolas Xavier. Autre mise en lumière, le stand de la Galerie Art Compulsion qui présentait un échantillon du « Nouvel Expressionnisme ». Une tendance intemporelle mue par une force saisissante, à l’instar de l’énergie fiévreuse se dégageant des toiles de Vladimir Vélickovic.

Vladimir Veličković

En suivant la relation de complicité que le directeur entretient avec les galeries, on peut comprendre que la foire d’art de Montpellier est une démarche collective, voir presque familiale. Et si l’on croise peu d’artistes dans ce vaste espace, sans le concours des galeristes qui les représentent rien ne serait possible. Mais si le marché mondial de l’art se porte bien, la progression des ventes le démontre (54 milliards d’euros en 2017), la situation des petites et moyennes galeries se dégrade. En dehors de la capitale, les « petits poissons » ont du mal à survivre. Cette crise de l’infrastructure touche évidemment les artistes émergents qui ont besoin de galeries de moyenne gamme pour les aider à se développer.

 

À Art Montpellier, un point tangible se tient dans l’engagement esthétique et humain de nombreux galeristes qui persistent à trouver des alternatives dans un contexte économique morose. Un certain nombre d’entre eux exposent déjà sur Internet où il est possible de diversifier sa clientèle à moindre coût. Le commerce numérique ne se substitue pas pour autant à l’utilité des foires qui demeurent un moyen pour les marchands d’art d’accroître leur notoriété et leur clientèle. Atteindre les collectionneurs demande du temps, les professionnels le savent. Leurs investissements sur un événement nouveau comme la foire d’art de Montpellier visent le moyen terme. Cette forme de co-construction entre l’initiateur du projet et ses bénéficiaires, suppose une progression du projet d’une année sur l’autre.

« L’ambition est de s’installer dans le calendrier des collectionneurs comme un temps fort incontournable du marché de l’art contemporain dans le sud de la France » a déclaré Didier Vesse. Pour y parvenir, la foire d’art de Montpellier devra confirmer son statut de plateforme majeure pour la découverte d’artistes méditerranéens, de tendances, de galeries, de collections privées, d’institutions et d’acteurs culturels, ce qui prendra plusieurs années. « Ce lieu est magnifique ; à l’Arena Montpellier nous avons engagé une dynamique porteuse qui nous permet d’envisager l’avenir » se réjouit encore Didier Vesse. Un optimisme de rigueur qui concède volontiers qu’il reste du chemin à parcourir. « Je me suis rendu à la foire de Beyrouth cette année où notre volonté d’ouverture a été bien accueillie. J’ai pu tisser des contacts qui aboutiront prochainement à Montpellier » indique-t-il encore. Le Liban pourrait bien être le pays invité d’Art Montpellier 2019.

En tant que miroir et moteur du développement artistique, la foire d’art de Montpellier devra composer avec les acteurs culturels locaux peu présents cette année. Elle doit aussi tisser des liens pour être identifiée dans le schéma de développement des politiques culturelles locales. Elle pourrait bénéficier de la dynamique favorable à la création contemporaine impulsée par le maire, Philippe Saurel : « l’accueil d’une foire telle qu’ Art Montpellier participe à la diversification culturelle » écrit-il dans le texte du catalogue. « L’identité méditerranéenne que revendique Art Montpellier résonne avec la place grandissante que souhaite prendre Montpellier en tant que ville centre de la culture méditerranéenne. Des partenariats sont engagés avec Sète et Agde, et rien n’exclut un soutien régional », indique Didier Vesse qui rêve d’une grande foire des arts contemporains en Méditerranée où l’on vendrait de l’art à la criée.

JMDH

LMEC 13/11/2018

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Après des études de lettres modernes, l’auteur a commencé ses activités professionnelles dans un institut de sondage parisien et s’est tourné rapidement vers la presse écrite : journaliste au Nouveau Méridional il a collaboré avec plusieurs journaux dont le quotidien La Marseillaise. Il a dirigé l’édition de différentes revues et a collaboré à l’écriture de réalisations audiovisuelles. Ancien Directeur de La Maison de l’Asie à Montpellier et très attentif à l’écoute du monde, il a participé à de nombreux programmes interculturels et pédagogiques notamment à Pékin. Il est l’auteur d’un dossier sur la cité impériale de Hué pour l’UNESCO ainsi que d’une étude sur l’enseignement supérieur au Vietnam. Il travaille actuellement au lancement du média citoyen interrégional altermidi.