Le journaliste René Naba revient ici sur l’histoire du christianisme au Liban et ses mutations dans l’histoire politique du pays, et déplore certains égarements. Cet article est remis en mémoire à l’occasion du synode des chrétiens arabes1 convoqués par le Pape François, qui s’est tenu cet été au Vatican.


 

L’équipée suicidaire des milices chrétiennes libanaises2

Victimes innocentes souvent, bourreaux parfois plus que de besoin, les camps palestiniens de la Quarantaine3 (Nord de Beyrouth, à l’Est du port), en 1976, et de Sabra Chatila (Sud de Beyrouth), en 1982, resteront dans l’histoire comme de sanglantes illustrations pathologiques de la déraison humaine, au passif du leadership maronite4, particulièrement les milices chrétiennes des Forces Libanaises.

Leur alliance avec Israël, l’ennemi officiel du monde arabe, constituera l’un des points noirs de l’histoire de la chrétienté arabe, et les chefs de cette équipée suicidaire, Bachir Gemayel, président éphémère du Liban, et ses successeurs, Elie Hobeika et Samir Geagea, comme les plus sinistres personnages de l’histoire du Liban en termes de bilan pour la chrétienté, en ce qu’ils ont substitué la recherche de l’éradication d’un peuple déjà spolié de sa patrie à la lutte pour la réalisation des droits nationaux des Palestiniens,  en compensation des turpitudes occidentales à l’égard des Juifs européens. Les miliciens chrétiens ont intériorisé, ce faisant, la perversité de la logique occidentale dans un tragique dévoiement de la pensée, ne s’imaginant pas un seul instant que « le peuple de trop au Moyen-Orient », selon l’expression du chef phalangiste Bachir Gémayel, pourrait être un jour « le peuple chrétien arabe ».

 

Les chrétiens d’Orient dans le monde arabe. Photo Dr

 

Le soutien constant manifesté, en dépit de leurs turpitudes, aux forces libanaises, ordonnateurs de la collaboration avec Israël, par le patriarche Nasrallah Sfeir a valu au chef de l’église maronite le titre désobligeant de « patriarche de la désunion »5 (*).

Son retour au Liban à bord d’un hélicoptère de l’armée américaine à l’issue de la guerre de destruction israélienne du Liban, en août 2006 — un transport identique à celui de Saad Hariri6, « le planqué de Beyrouth », à bord d’un hélicoptère français —, a accrédité l’idée d’un prélat « dans les fourgons de l’étranger ». La prudence et les règles de la convivialité intercommunautaire commandaient que le chef de l’Église maronite voyage sous pavillon italien en conformité avec les règles en usage au Vatican, son autorité tutélaire, à tout le moins sous un pavillon neutre ou sous celui d’un grand pays arabe, l’Égypte par exemple, en paix avec Israël, ou encore l’Arabie saoudite, le principal bailleur de fonds des équipées militaires américaines dans la zone.

Cette démarche, qui s’est apparentée à une provocation en raison des destructions infligées au Liban par Israël avec le soutien des États-Unis, a accentué la désaffection dont il fait l’objet au point que le Vatican a mis en route une procédure pontificale visant à prévenir un éventuel déraillement de cet octogénaire prélat, plus préoccupé à obtenir un sauf-conduit pour les soldats perdus du Général félon Antoine Lahad, le supplétif patenté de l’armée israélienne, qu’à témoigner la moindre solidarité à l’égard des Palestiniens tant à l’égard des exactions commises à leur encontre qu’à l’encontre des Lieux Saints de Jérusalem, chrétiens ou musulmans.

Circonstance aggravante qui témoigne de son aveuglement néoconservateur, le patriarche Sfeir, contrairement à tous les usages, sera le seul dignitaire religieux libanais à s’abstenir de se faire représenter aux obsèques du guide religieux de la communauté chiite, Cheikh Mohamad Hussein Fadlallah, le 6 juillet 2010, séquelle d’une polémique entre les deux hommes de religion. Un geste particulièrement malvenu dans un pays dont le pouvoir clérical repose sur un substrat communautaire7.

Traumatisé par l’auto-décapitation de ses chefs charismatiques, le leadership chrétien, principalement maronite, a longtemps balancé entre patriarcat et matriarcat, entre la référence constante au chef spirituel de la communauté maronite, le Patriarche Sfeir, et le tempo politique imposé par les veuves des présidents assassinés du Liban, Bachir Gemayel et René Mouawad, soutenu à distance par Mme Samir Geagea, l’épouse du dirigeant des Forces Libanaises (milices chrétiennes) incarcéré au Liban. Signe certain d’un désarroi, l’absence de renouvellement du personnel politique s’est traduite par le retour du religieux en tant que substitue au politique, et de la féodalité clanique en guise de leadership. Le retour d’exil du président Amine Gemayel et du général Michel Aoun, chef de la principale formation chrétienne, ainsi que la libération de la prison du chef milicien Samir Geagea à la suite de l’assassinat de Rafic Hariri en juin 2005, a renvoyé le pouvoir matriarcal à ses pénates au profit des anciens chefs de guerre.

Les Maronites8, la plus importante minorité chrétienne du Liban et non de l’Orient, par un abus de position dominante conféré par la France en sa qualité de puissance mandataire sur le Liban et la Syrie, ont procédé à une sorte de captation d’héritage se présentant comme les dépositaires des intérêts supérieurs de la chrétienté d’Orient, réduisant la chrétienté aux seuls intérêts de l’Église maronite, confondant en somme maronitisme et chrétienté, se vivant en maître incontesté du Liban alors que leur mandat sur l’unique foyer chrétien du monde arabe aurait dû s’exercer par délégation des autres communautés chrétiennes arabes.

L’extravagante position de Camille Chamoun, président du Liban (1952-1958), se refusant, seul contre l’ensemble arabe, à rompre ses relations diplomatiques avec la France dans la foulée de l’expédition de Suez alors que l’Égypte faisait l’objet d’une agression concertée entre la France, Israël et la Grande Bretagne (1956) et que l’Algérie ployait sous le joug des ratonnades coloniales, constituait déjà un indice prémonitoire de la psychorigidité maronite, de la cécité politique de ses dirigeants et de la serviabilité extrême dont témoignent des membres de cette communauté à l’égard des puissances occidentales, particulièrement de la France et des États-Unis, se plaçant paradoxalement en situation de « dhimmitude »9 par rapport à leurs protecteurs occidentaux, une servitude qu’il dénonçait du temps de l’époque ottomane.

Les outrances des chefs des congrégations religieuses maronites durant la guerre civile, notamment les Pères Charbel Kassis et Boulos Naaman, mus en la circonstance en véritables chefs de guerre, et la transformation dans leur sillage de leur ordre religieux en base arrière de la réserve milicienne, de même que les dérives mortifères des milices chrétiennes, ont conduit le Vatican à placer sous tutelle le clergé maronite et sa classe politique sous observation, inquiet des divisions interchrétiennes, de leur positionnement dans le conflit israélo-arabe et de leurs rapports avec le monde musulman. Dans un geste d’insubordination à l’ordre papal, Bachir Gemayel ira même jusqu’à contester le primat pontifical sur l’ordre chrétien libanais. « Le Vatican doit comprendre que les Chrétiens libanais ne constituent pas le champ d’expérimentation au dialogue islamo-chrétien. La mission du Liban en tant que passerelle entre l’islam et la Chrétienté est révolue », assurera ce chef milicien chrétien à la stratégie suicidaire, au bilan calamiteux10, rebelle à l’autorité papale, mais reptile à l’égard des Israéliens.

 

Ibrahim al-Toual, de la tribu chrétienne des ‘Azeizat, à Mâdabâ Jérusalem, 1905 Photographie © Ecole biblique d’archéologie française, Paris.

 

Le patriarche Sfeir, élu précisément sur forte suggestion du Vatican pour remettre dans le droit chemin les ouailles égarées, versera dans les mêmes égarements, s’alignant invariablement sur les milices libanaises et la stratégie israélo-américaine dans la zone, au grand dam des congrégations soucieuses de prévenir les errements antérieurs. Jamais pourtant séquence n’avait été aussi favorable à la réhabilitation patriotique du leadership maronite et de l’intelligentsia chrétienne. Pour la première fois, en effet, une occasion historique s’offrait de mettre en échec les menées “impérialistes” dans la zone avec l’Amérique embourbée en Irak et en Afghanistan et Israël déconsidéré au Liban. Plutôt que de se joindre aux forces de la contestation, à tout le moins de s’abstenir ou de mettre en garde contre les dérives de l’unilatéralisme et de l’inconditionnalité pro-israélienne des Occidentaux, le leadership maronite traditionnel secondé par des intellectuels chrétiens, transfuges de la gauche — le journaliste Samir Kassir, le politicien Samir Frangieh (trotskyste) et le mollasson communiste Elias Attallah —, choisiront d’accompagner le diktat de l’imperium israélo-américain, signant par là même leur suicide politique et, pour certains d’entre eux, leur homicide.

L’inculpation début juillet 2010 de plusieurs officiers supérieurs chrétiens, de même que des cadres supérieurs exerçant des responsabilités sensibles à un poste stratégique de leur entreprise de communication, pour « intelligence avec l’ennemi », au même titre que la formation d’une armée de supplétifs sous commandement chrétien au service des israéliens durant la guerre civile libanaise (1975-1990), ont alimenté la suspicion sur la loyauté des chrétiens arabes à leur environnement, avec ses conséquences corrosives sur le sort des chrétiens dans le monde arabe. La déposition de Jeremy Feltman, N° 2 du département d’État, devant le sénat américain le 22 juin 2010, révélant le montant des subsides versées par l’administration américaine depuis 2006 à des personnalités libanaises de l’ordre 500 millions de dollars, soit 150 millions de dollars par an dans l’unique but de contrer le Hezbollah libanais, ont fait converger les regards vers Samir Geagea tant cet homme, faute d’héritiers, reste à l’affût d’un rôle générateur de prébendes et de dividendes aussi bien politiques que financiers.

Unique dirigeant libanais condamné pour assassinat, amnistié et non blanchi, Samir Geagea s’est ainsi substitué au chef druze11 Walid Joumblatt de nouveau domestiqué par les Syriens, dans une posture de nuisance assumée pour le compte du camp occidental. En tournée en Égypte, en France et aux États-Unis, en juin 2010, l’homme lige [partisan entièrement dévoué à son seigneur, Ndlr] des Israéliens n’aura de cesse de plaider pour la neutralisation de l’armement du Hezbollah à un moment particulièrement critique de la conjoncture régionale, alors qu’un contentieux sur la répartition des zones de prospection offshore au large des côtes libanaises et israéliennes se développait entre les deux pays. Il plaidera de même, avec la même constance, la neutralisation du réseau de transmission de la milice chiite12, en pleine tempête judiciaire consécutive au démantèlement du réseau pro-israélien. L’un des inculpés, Charbel Qazzi, en poste depuis quatorze ans dans les télécommunications, est accusé par la justice militaire d’avoir connecté le réseau de la téléphonie mobile de sa firme Alpha au réseau des services israéliens, répercutant l’ensemble du répertoire de ses abonnés et de leurs coordonnées personnelles et professionnelles, y compris bancaires, de même que leur communications à un pays officiellement en guerre au Liban et qui n’a cessé ses incursions militaires contre le Liban. Nul interlocuteur n’a entendu Samir Geagea apporter son soutien aux revendications libanaises concernant son droit à l’exploitation de ses ressources énergétiques, pas plus que de réclamer le châtiment de l’espion libanais, accréditant l’idée d’un mercenaire à la solde des menées israélo-occidentales.

 

Raymond Eddé, l’antithèse des chefs de guerre

 

Du magma libanais, un homme se distinguera, toutefois à distance : l’exilé de Paris, Raymond Eddé, figure de proue des chrétiens modérés, l’antithèse des chefs de guerre, grands ou petits, qui ont sillonné le pays pendant les quinze ans de la guerre civile libanaise (1975-1990). Cassandre du Liban, ses prophéties se sont vérifiées cruellement. En 1975, il se dressera contre la partition du Liban, projet qu’il prêtera à Henry Kissinger, secrétaire d’état américain, dont il dénoncera quotidiennement les menées. Au péril de sa vie, il fustigera tout à la fois l’aventurisme belliqueux des dirigeants maronites, les débordements palestiniens ainsi que les menées syriennes et israéliennes sur son pays. Opposant irréductible à la violence interfactionnelle pour la résolution du conflit libanais, M. Eddé sera le symbole de la fraternité islamo-chrétienne et de l’indépendance nationale, sa résidence de Beyrouth Ouest, en zone palestino-progressiste, ne désemplira pas de réfugiés de toutes confessions, fuyant les exactions. Les Phalangistes d’abord, les Syriens ensuite, tenteront de réduire au silence ses propos prémonitoires. Au terme d’une troisième tentative d’attentat en décembre 1976, M. Eddé se décidera à l’exil à Paris d’où, pendant 23 ans, en réserve de la République, il dénoncera les forfaits des dirigeants libanais. Raymond Eddé survivra à tous ses rivaux chrétiens, aussi bien Pierre Gemayel, le fondateur du parti phalangiste, que son fils Bachir, que le président Camille Chamoun, dont il aura été méthodiquement la cible de leurs attentats. Il décédera à 87 ans, le 10 mai à Paris, à quinze jours de la réalisation de l’un de ses vœux le plus cher : le retrait militaire israélien du Liban, la condition sine qua non de son retour au pays natal. Un dégagement obtenu par les coups de butoir du nouveau venu sur la scène publique libanaise, le Hezbollah libanais, la formation politico-militaire chiite dont il nourrissait de vives sympathies pour ses exploits militaires. Ses obsèques donneront lieu à une belle démonstration d’unité nationale, comme la marque d’un acte de contrition des anciens saigneurs de guerre dont l’aveuglement et la servitude aux intérêts étrangers auront durablement sinistré le Liban, et au-delà la chrétienté d’Orient : la mise à l’index du président Émile Lahoud (2005-2008), « un résistant par excellence ».

Le rejet de l’unique président chrétien du monde arabe par les puissances occidentales, dans la foulée de l’assassinat du premier ministre libano-saoudien, le milliardaire Rafic Hariri (1992-1998 et 2000-2004), a achevé de convaincre les principaux chefs chrétiens, particulièrement la hiérarchie militaire, de l’urgente nécessité de briser l’emprise de l’ordre milicien sur la vie publique et de reconsidérer leur alliance exclusive avec l’Occident dont ils ont lourdement pâti sans contrepartie.

Le Liban constitue une singularité dans le monde arabe. Présidé par un chrétien, il est néanmoins membre de l‘organisation de la conférence islamique (OCI) qui regroupe cinquante-cinq pays musulmans. Aucun pays arabe ni musulman, quelque soit son contentieux avec le Liban ou avec son président, quelque soit son degré d’allégeance à l’Occident, n’a suivi les consignes de boycott décrété par les pays occidentaux ; un indice du décalage dans la perception des choses entre arabes et occidentaux.

Héritier d’une lignée militaire qui s’est distinguée par l’originalité de sa pensée — son père et son oncle, Jamil et Nassib Lahoud, ont été des officiers supérieurs professant des idées nationalistes —, Émile Lahoud (Président de la République de 1998 à 2007) puise sa force dans l’assurance que procure une extraction [de l’armée libanaise de communautés et de factions, Ndlr] authentiquement libanaise ancrée dans le terroir [en la plaçant au service de l’État, Ndlr] et le commandement d’une institution au rétablissement de laquelle il aura puissamment œuvré. Sinistrée par le clanisme et le confessionnalisme, paralysée par ses divisions durant la guerre, tenue en suspicion par une large fraction de la population pour son rôle occulte avant-guerre, l’armée libanaise, celle-là même que ses partisans considéraient comme « la grande muette » et ses détracteurs comme « la grande absente », s’est retrouvée en un temps record à pied d’œuvre sous son commandement. Un exploit qui constitue un motif de fierté pour le général Lahoud (chef d’État-Major des Armées de 1989 à 1998), la source de son prestige, le fondement de son pouvoir.

Émile Lahoud sera ainsi le principal obstacle à la mainmise économique du milliardaire libano-saoudien sur le Liban. Un des rares personnages publics libanais de premier plan à n’avoir pas succombé aux séductions matérielles de M. Hariri, il disposera de ce fait d’une autonomie de décision qui en fera son principal contestataire.

Fondateur de la nouvelle armée libanaise cimentée par une nouvelle doctrine stratégique privilégiant la riposte à Israël, le général rompra avec le défaitisme ambiant de l’ère post-indépendance qui réduisait l’armée à un rôle parasitaire. Le démantèlement d’un réseau d’agents israéliens au sein de la hiérarchie militaire libanaise justifiera cette drastique mutation. Logé, nourri, blanchi, instruit pendant 40 ans aux frais d’un contribuable libanais saigné à blanc par une guerre civile corrosive, ce quarteron d’officiers d’une armée longtemps garde frontière d’Israël et super-gendarme de la répression sociale libanaise révélera la fêlure morale d’une frange de l’élite libanaise, en même temps que leur ingratitude à l’égard de leur pays. Leur servilité à l’égard d’Israël, le plus impitoyable des ennemis du Liban, marquera du sceau de l’infamie cette posture d‘une indignité nationale absolue. Elle donnera a posteriori raison au général Lahoud contre ses détracteurs.

Véritable vainqueur moral de la guerre du Liban par sa gestion transcontinentale de sa relation stratégique avec le Hezbollah — fer de lance du dégagement israélien du Sud-Liban —, le président Lahoud a propulsé d’une part son pays à la fonction de curseur diplomatique régional, et d’autre part, dans l’histoire du conflit israélo-arabe, le standard libanais au rang de valeur d’exemple tant cet exploit a revêtu dans la mémoire collective arabe un impact psychologique d’une importance comparable à la destruction de la ligne Bar-Lev13 lors du franchissement du Canal de Suez, pendant la guerre d’octobre 1973.

Au regard de cet état de service, il fera l’objet d’une offensive médiatique dans les pays occidentaux en vue de le discréditer. Ostracisé pendant deux ans, il quittera ses fonctions à l’expiration de son mandat, rare dirigeant du tiers-monde à renoncer au pouvoir dans les formes et dans les délais, selon les prescriptions constitutionnelles, non sans avoir auparavant assuré une couverture diplomatique au Hezbollah libanais lors de la guerre de destruction israélienne du Liban en juillet 2006, préfigurant l’alliance entre la formation chiite et le général Michel Aoun, le chef de la principale formation chrétienne.

Décrié pour sa placidité, le Général Lahoud savourera entre-temps, avec une délectation à peine dissimulée, les mésaventures de son homonyme parisien issu de la branche cadette de la famille, Imad Lahoud — littéralement Général Lahoud —, ancien boursier de la Fondation Hariri et protégé du monde interlope de la chiraquie, dans l’affaire Clearstream14.

Sous une apparence d’impassibilité, le président libanais se réjouira de la libération des quatre officiers supérieurs libanais abusivement incarcérés lors de l’enquête préliminaire sur l’assassinat de Rafic Hariri et vivra comme une légitime revanche la traduction en justice de Jacques Chirac, premier président français depuis le Maréchal Philippe Pétain en 1946 à comparaître en justice, alors que tous ses anciens détracteurs libanais, Saad Hariri, le nouveau premier ministre et Walid Joumblatt, chef druze du parti progressiste, retrouvaient le chemin de Damas et que l’ancien transfuge bassiste15 Abdel Halim Khaddam, vice président syrien, vidait en justice sa querelle de domiciliation avec la famille Hariri16.

Hassan Nasrallah17 réhabilitera le président Lahoud de son action, le gratifiant du titre de « résistant par excellence » lors de la célébration de la divine victoire, comme un pied de nez à son ancien rival français, Jacques Chirac, en délicatesse désormais avec la justice de son pays, déconsidéré pour sa posture de pensionnaire à titre posthume de son ami assassiné, deux dirigeants davantage préoccupés durant leur mandat à « patrimonialiser » les rapports d’État entre la France et le Liban au détriment des intérêts des deux pays, au mépris de leur histoire multiséculaire.

L’éloge rarissime d’un homme avare de ses propos, sans complaisance, au chef militaire stoïque dans l’adversité retentira comme un camouflet pour tous ses détracteurs. Elle distinguera le Président Lahoud comme le vainqueur moral du duo Chirac-Hariri, un tandem à tous égards corrosifs.

Protectrice des chrétiens d’Orient, la France a institutionnalisé et instrumentalisé le communautarisme tant au Liban que dans l’ensemble des pays sous son mandat, au mépris du principe de la laïcité et de la séparation de l’Église et de l’État, pourtant un des principes fondateurs de la République française, au nom de la préservation de prétendus intérêts supérieurs du pays.

La mise à l’index du président Lahoud n’est pas un cas isolé. Il en a été auparavant de même du génocide impuni des Arméniens par les Turcs qui verra la France gratifier de son forfait la Turquie, en détachant le district d’Alexandrette18 de la Syrie pour l’offrir à celui qui était son ennemi de la première guerre mondiale, de surcroît auteur du premier génocide du XXe siècle, une opération qui s’est révélée une aberration de l’esprit vraisemblablement unique dans l’histoire du monde, pathétique illustration d’une confusion mentale au nom de la préservation de prétendus intérêts supérieurs de la nation au détriment de la victime. Comprenne qui pourra.

 

La « déconcertante alliance » du Hezbollah et du général Michel Aoun (**)

 

La « déconcertante alliance » du Hezbollah libanais et du général Michel Aoun, pour reprendre l’expression des analystes occidentaux, apparaît dans cette perspective comme la résultante et la réplique de la « déconcertante attitude » des Occidentaux à l’égard des aspirations du monde arabe, particulièrement en ce qui concerne la Palestine. Sur le plan interne libanais, elle constitue l’alliance de revers à la « déconcertante alliance » entre les sunnites19 libanais et les anciens chefs maronites des milices chrétiennes, dont l’office de requiem célébré à la mémoire de Rafic Hariri à l’Église maronite de Paris, dans la semaine qui a suivi l’assassinat du milliardaire libano-saoudien, a scellé dans l’ordre symbolique le double ralliement du clan Hariri au « maronitisme politique » et de la frange pro-américaine des maronites à l’Islam Wahhabite, signant par là même le dégagement des sunnites du combat nationaliste, au profit des chiites et la relégation des maronites au rôle d’appoint de la stratégie saoudienne. La « déconcertante alliance » Aoun-Hezbollah est en fait l’alliance de deux personnalités d’extraction modeste, issues de la banlieue populeuse de Beyrouth, respectivement Haret Hreik pour le chrétien et Bourj Brajneh pour le chiite, deux dirigeants d’envergure nationale, dotés du sens du devoir et des responsabilités.

Une alliance, en tout état de cause, infiniment moins extravagante que l’invraisemblable alliance sulfureuse entre le défenseur du « foyer chrétien » au Liban, Samir Geagea, à l’aventurisme toujours si mal inspiré, et les Salafistes wahhabites20 de Tripoli (Nord-Liban), propagateurs zélés du projet de création d’un « Émirat islamique » au Liban, en contradiction avec les intérêts généraux à long terme de la chrétienté.

Une alliance d’autant plus impérieuse pour « préserver le caractère arabe », tant du Liban que de l’Irak, face aux menées des supplétifs d’Israël dans le Kurdistan irakien et au sein des fractions irrédentistes21 chrétiennes, comme en témoigne l’inculpation d’une brochette d’officiers supérieurs de l’armée pour « espionnage au profit d’Israël ».

L’alliance Hezbollah-Michel Aoun a brisé stratégiquement le clivage confessionnel islamo-chrétien de l’équation libanaise de la même manière que l’alliance Syrie-Iran a brisé le clivage ethnique arabo-persique de la rivalité régionale entre les deux chefs de file de l’Islam, l’Arabie saoudite sunnite et l’Iran chiite.

Le cas du général Aoun n’est pas unique : tous les chefs militaires chrétiens, le président Émile Lahoud, le général Michel Sleimane, président de la république de 2008 à 2014, leur successeur, le nouveau commandant en chef de l’armée, Jean Kahwagi, de même que d’éminentes personnalités civiles, le chef chrétien du Nord-Liban, Souleimane Frangieh, l’économiste de renom Georges Corm, l’historien Gérard Khoury, toute une cohorte de technocrates révulsés par la féodalité clanique des « seigneurs de la guerre » chrétiens ont emprunté le même chemin tant par lassitude de l’aventurisme des milices chrétiennes qui ont longtemps bridé l’armée pour s’emparer du butin de la guerre, que pour les résultats catastrophiques que cet aventurisme a produit sur le statut des chrétiens d’Orient, notamment le déclassement des prérogatives constitutionnelles du pouvoir maronite lors de l’accord de Taëf (Arabie saoudite) portant règlement de la guerre inter-factionnelle libanaise (1975-1990), que tant, enfin, par le constat qu’ils ont fait de leur alignement occidental.

Un constat sans équivoque, tiré des enseignements de l’histoire récente, d’une analyse concrète d’une situation concrète : Tous les grands exodes des chrétiens d’Orient auront été consécutifs à des opérations occidentales. Il en a été de la création d’Israël qui a produit un fort exode des chrétiens palestiniens (vers la Californie et l’Amérique latine), comme de la guerre civile inter-libanaise (guerre dérivative à l’échec américain au Vietnam) qui a provoqué un fort exode des chrétiens libanais vers le Canada, l’Australie, la France et les deux Amériques, comme de l’invasion américaine de l’Irak qui a provoqué un fort exode des chrétiens irakiens (assyro-chaldéens). Comme il en a été auparavant du génocide arménien qui a produit un fort courant d’émigration des arméniens chrétiens vers la France, les États Unis et le Liban, alors que la Turquie, non seulement gratifiée par la France du district d’Alexandrette, était hissée au rang de partenaire majeur de l’Occident au sein de l’Otan face au monde arabe et à l’Union soviétique à l’époque de la guerre froide soviéto-américaine (1945-1989).

Au vu de ce bilan, la conclusion s’imposait sans appel, à savoir que les chrétiens arabes auront toujours été les grands sacrifiés au bénéfice de la stratégie israélo-américaine et qu’il importait désormais que le sort des chrétiens arabes soit scellé dans son ancrage avec son environnement arabe, tant il est vrai que les chrétiens arabes n’ont pas vocation à devenir une diaspora complémentaire de celles des pays occidentaux, à titre de vestige d’une civilisation perdue.

Le président Émile Lahoud et le général Michel Aoun feront d’ailleurs office de « sas de sécurité » diplomatique au Hezbollah lors de la guerre israélienne contre le Liban, compensant l’allégeance ultra-occidentale des autres protagonistes, prévenant une dérive inter-confessionnelle du conflit de l’été 2006. L’engagement de ces deux chefs militaires chrétiens dans leur rôle d’ombrelle protectrice des combattants chiites en guerre contre Israël a ainsi lavé la souillure infligée aux Libanais par Samir Geagea et ses acolytes des milices chrétiennes du fait de leur collusion avec l’État hébreu. Pour que la terre d’Orient demeure le foyer bimillénaire d’un pluralisme religieux constituant un véritable message de respect et de tolérance pour l’ensemble du monde, il importe dans cette optique que le synode des Églises de l’Orient, le premier de l’histoire contemporaine, intègre les nouveaux paramètres de la géostratégie mondiale. Le Liban (Foyer chrétien), point de transaction entre l’Islam et l’Occident visant à soutenir l’expansion coloniale européenne du temps où l’Europe était le centre du monde, est désormais supplanté par Israël (foyer juif), point de confrontation entre l’Islam et l’Occident du fait de la prépondérance de la vision christiano-sioniste néoconservatrice américaine dans la vertébration de la pensée stratégique occidentale qui sous-tend l’axe israélo-américain. La prise de conscience tardive, mais salutaire du Vatican, de l’ancrage des chrétiens orientaux dans leur environnement arabe devrait lever le tabou qui frappait la constitution de plateformes politiques transreligieuses et transnationales à l’effet de dépasser le clivage religieux, dont la forme la plus achevée aura été le mouvement nationaliste arabe — sans assises étatiques, contrairement au Baas syrien et irakien ou au nassérisme égyptien —, farouchement combattu par les pays occidentaux et Israël en ce qu’il dépassait le cadre étriqué du communautarisme politique, le terreau de leur influence politique.

Pour que la lutte commune contre l’intégrisme puisse être mise en route selon les vœux du Vatican, il importe que la chrétienté d’Orient, à tout le moins une fraction d’entre elles, opère un repositionnement sur son environnement arabe, renonçant à son alignement inconditionnel sur les pays occidentaux en y distendant quelque peu son lien faussement ombilical avec l’Occident, symétriquement à une démarche de l’Islam sunnite, dominant dans le monde arabe et musulman, de s’appliquer parallèlement ses propres préceptes qui firent sa gloire et sa réussite du temps de la conquête arabe, un principe de saine gouvernance dans une société pluraliste, lointaine préfiguration de la séparation de l’Église et de l’État, fondement du principe de la laïcité, à savoir : الدينُ للّه والوطَن للجميع : « Ad Dine Lillah Wal Watan Li Jamih » : « La religion relève de Dieu et la nation appartient à toutes les composantes de sa population ».

Sauf à vouloir provoquer l’exode final des chrétiens arabes, le leadership chrétien libanais, en particulier maronite, serait avisé de se vivre non comme la pointe avancée de l’Occident en terre arabe, mais plutôt comme exerçant son pouvoir symboliquement, par délégation des autres communautés chrétiennes du monde arabe et de prendre la mesure du fait que ses options se répercutent d’une manière ou d’une autre sur ses coreligionnaires.

Sauf à considérer la chrétienté comme relevant du patrimoine exclusif de l’Occident, la vocation première des chrétiens arabes est d’être partie pleinement prenante au combat national arabe pour la sécurisation de l’espace national arabe, et non comme le fer de lance du combat pour leur soumission à l’ordre américain, une fonction dévolue traditionnellement à Israël dont ils seraient à nouveau les supplétifs déconsidérés, de la même manière que le sont aujourd’hui les Kurdes d’Irak à la suite de l’invasion américaine de l’Irak.

La démocratisation de la vie arabe sera l’œuvre des Arabes ou ne sera pas. En aucun cas elle ne devra se faire à l’ombre des baïonnettes américaines ou israéliennes. En tout cas, certainement pas avec les chrétiens arabes dans le rôle de contremaîtres. Il est des blessures qui s’ulcèrent avec le temps au lieu de cicatriser. L’histoire est comptable des comportements désinvoltes lourds de servitudes futures.

La leçon vaut aussi bien pour les « martyrs » Bachir Gémayel et Rafic Hariri, Gébrane Tuéni22 et Samir Kassir23, que pour les survivants Samir Geagea et Johnny Abdo, excroissance de l’ordre milicien chrétien et interface des services américains depuis trente ans, de même que pour la brochette d’officiers supérieurs du haut commandement militaire, le Général Ghassan el Jidd, chef d‘état major adjoint, le Général Fayez Karam, (renseignement militaire, le Général Adib al Alam (sûreté générale), le Colonel Mansour Diab (forces spéciales des commandos de marines), le commandant Antoine Abou Jaoudeh, taupes israéliennes confondues dans le même opprobre de l’indignité nationale, au même titre que le supplétif en chef des Israéliens, le général Antoine Lahad, désormais paria dans son propre pays.

René Naba

 

Références

* Rplfrance.org -24 avril 2010- Saad Hariri en vacances et Sfeir pour la désunion : Voilà plus de deux mois que le député désigné Saadeddine Hariri tourne en rond pour former le gouvernement. Il est vrai qu’il n’a pas eu encore le feu vert de son mentor saoudien. Pour passer le temps, il prend des vacances, tantôt en France, tantôt en Arabie Saoudite. Le milliardaire saoudo-libanais n’a que l’embarras du choix entre ses multiples demeures dorées. La famille Hariri s’est même offerte le luxe de prêter son appartement parisien au président Chirac. Pour faire patienter les Libanais, ses meutes et médias achetés et dévoués s’acharnent sur le Général Aoun, l’accusant de tous les maux. C’est le moment que choisit le patriarche Sfeir pour s’immiscer dans le débat politique. Après avoir jeté l’anathème sur une grande majorité des Libanais à la veille des élections législatives, le chef religieux se déclare contre un gouvernement d’union nationale. Le patriarche est pour la désunion. Au lieu que le berger prêche le rassemblement, il met à l’index une grande partie de la communauté qu’il est censé représenter. Le patriarche parle de majorité et d’opposition, d’élections législatives et de démocratie au lieu de parler de fraternité et d’amour. Le patriarche préfère visiter le président français Sarkozy à Paris, or nous aurions tant aimé qu’il accomplisse des visites épiscopales à sa communauté tant au Sud qu’au Nord ou la Bekaa. Et pourquoi pas une visite aux communautés chrétiennes de Syrie ou d’Égypte ? N’est-il pas le patriarche de tout l’Orient ? Il devient vraiment urgent et vital pour le Liban que la séparation de l’Église et de l’État ait lieu. L’Église n’a pas à s’occuper des affaires de l’État. Avons-nous oublié ces paroles : « Mon royaume n’est pas de ce monde. Rendons à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. »

 

** Michel Aoun – Traité avec désinvolture durant son exil parisien, le chef chrétien en a conçu une amertume certaine lorsque les pouvoirs publics français ont tenté de le dissuader de rentrer à Beyrouth pour ne pas faire ombrage à Hariri, l’ami de Jacques Chirac. Dès son retour à Beyrouth, le général Aoun avait d’ailleurs proposé un pacte quadripartite (Hariri, Joumblatt, Hezbollah et lui) pour gérer le pays après l’assassinat de l’ancien premier ministre libanais saoudien. Aiguillonné par le président français, l’Arabie saoudite et Condoleeza Rice, secrétaire d’état américain, le successeur désigné de Hariri, son fils Saad, en tandem avec le transfuge socialiste Walid Joumblatt a refusé l’offre pour conserver une cohérence à la coalition pro-occidentale et de ne pas évincer du jeu politique libanais les milices chrétiennes pro-américaines et pro-israéliennes (Samir Geagea, la famille Gemayel — Amine, Pierre, Nadim et Sami —, ainsi que Nayla Mouawad, veuve du président assassiné René Mouawad). Cette attitude a été jugée incompréhensible par le Général Aoun lorsque l’on songe qu’il avait tout de même témoigné devant le congrès américain lors du débat sur la Syria Accountability Act24. La pactisation avec l’ennemi officiel du monde arabe (Israël) équivalait à l’époque à la peine capitale : Anouar el Sadate (Égypte), Bachir Gemayel (Liban), auparavant le roi Abdallah I de Jordanie (en 1948) en ont fait la tragique expérience.

René Naba

 

Photo 1. Yûsuf al-Musawwir, Vierge Hodigitria entourée de saints (Alep, Syrie, 1650) Collection Abou Adal, Beyrouth

Article publié en partenariat avec Madaniya info

 

Notes:

  1. Les chrétiens d’Orient vivent au Proche-Orient et au Moyen-Orient. Ils représentent des minorités plus ou moins importantes en Irak, en Syrie, en Israël et au Liban (dont la communauté maronite), en Égypte (dont les communautés coptes), en Iran ou en Turquie, en Inde, au Pakistan. Ils ne forment pas un groupe homogène, mais appartiennent à différentes confessions chrétiennes
  2. Cf. à ce propos le martyrologe chrétien libanais entre culte du martyr et instrumentalisation d’une rente de situation – https://www.renenaba.com/?p=239
  3.   ou Karantina
  4. Les maronites sont des chrétiens catholiques qui constituent la plus importante communauté chrétienne du Liban.
  5. Après avoir jeté l’anathème sur une grande majorité des Libanais à la veille des élections législatives, le chef religieux se déclare contre un gouvernement d’union nationale. Le patriarche est pour la désunion. Au lieu que le berger prêche le rassemblement, il met à l’index une grande partie de la communauté qu’il est censé représenter. Le patriarche parle de majorité et d’opposition, d’élections législatives et de démocratie au lieu de parler de fraternité et d’amour. Il devient vraiment urgent et vital pour le Liban que la séparation de l’Église et de l’État ait lieu. L’Église n’a pas à s’occuper des affaires de l’État. Avons-nous oublié ces paroles : « Mon royaume n’est pas de ce monde. Rendons à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. » (Jésus de Nazareth)
  6. Saad Hariri est un homme d’affaires et homme d’État libanais. Possédant également les nationalités saoudienne et française, il fut président du Conseil des ministres du Liban du 16 septembre 2009 au 12 janvier 2011, et une seconde fois du 18 décembre 2016 au 21 janvier 2020.
  7. Cf. le journal libanais Al Akhbar du mercredi 7 juillet 2010 Le Hezbollah reçoit les condoléances et Walid Joumblatt fait une tournée dans la banlieue sud. Le 9 Août 2009, Le patriarche Sfeir avait pointé du doigt « les menaces sur l’identité libanaise » que faisait peser le comportement de certaines factions libanaises, assurant que la majorité pro-occidentale doit gouverner sans entrave, qualifiant le Hezbollah (le parti de Dieu) du terme méprisant de « Celui que se présente comme un parti de Dieu ». Cheikh Fadlallah lui avait répliqué, contestant à « certains dignitaires religieux le droit de s’imaginer comme dépositaire de la gloire du Liban ». « La gloire du Liban, seul le peuple combattant et résistant en est le dépositaire », avait il souligné comme pour souligner la défection des fractions maronites dans le combat pour la Libération du sol national. Au lendemain des obsèques de cheikh Hussein Fadlallah, le conseil des évêques maronites avait toutefois publié dans un geste de conciliation un communiqué rendant hommage aux qualités du dignitaire chiite.
  8. Pour une étude anthropologique du comportement maronite, cf. à ce propos Du voisin haïssable au voisin désirable ou les tribulations des maronites en territoire «voisin », par Roger Naba’a, dans Liban, chroniques d’un pays en sursis, ouvrage co-écrit par Roger Naba’a et René Naba, Éditions du Cygne – Janvier 2008.
  9. Dhimmi est un terme historique du droit musulman qui désigne les sujets non musulmans d’un État sous gouvernance musulmane.
  10. Cf. Antoine Saad Le livre rouge, journal al Akhbar du 18 septembre 2010, par Ghassane Saoud. Le Vatican au Kaslik rendant compte de l’intervention du Vatican, dans le scrutin de ce jour-là, qui vise au renouvellement des chefs des congrégations religieuses maronites.
  11. population arabe du Proche-Orient professant une religion musulmane hétérodoxe
  12. Les chiites désignent Ali, gendre et fils spirituel de Mahomet, au nom des liens du sang. Ils considèrent l’imam, descendant de la famille de Mahomet, comme un guide indispensable de la communauté, tirant directement son autorité de Dieu et prônent une séparation claire des autorités religieuse et politique.
  13. La ligne Bar-Lev était une chaîne de fortifications construites par Israël le long de la côte du canal de Suez après la conquête de la péninsule du Sinaï sur l’Égypte durant la guerre des Six Jours en 1967.
  14. Affaire française apparue en 2004. Un petit groupe de politiciens et d’industriels tente de manipuler la justice afin d’évincer des concurrents, en voulant faire croire à l’implication de ceux-ci dans le scandale des frégates de Taïwan où un contrat d’armement signé en août 199 prévoyait la vente par des industries françaises de six frégates devant servir à la marine taïwanaise. À cette occasion, des commissions explicitement interdites dans le contrat de vente ont été versées aux autorités chinoises et taïwanaises. Parmi celles-ci une partie est revenue en France sous la forme de rétrocommission.
  15. Le Parti Baas a pour but l’unification des différents États arabes en une seule et grande nation.
  16. Abdel Halim Khaddam était installé à Paris dans son fastueux hôtel particulier de l’avenue Foch qui lui avait été offert par Rafic Hariri
  17. Secrétaire général de l’organisation chiite Hezbollah depuis 1992
  18. le sandjak (la province) d’Alexandrette constitue le débouché naturel de la Syrie du Nord (d’Alep et de la Djezireh) et de l’Irak vers la Méditerranée. Il déclare son indépendance en 1938 et correspond à peu près à l’actuelle province turque du Hatay, située à l’extrémité orientale du littoral méditerranéen de la Turquie, à la frontière syrienne.
  19. Les sunnites désignent Abou Bakr, un homme ordinaire, compagnon de toujours de Mahomet, au nom du retour aux traditions tribales. Ils considèrent le Coran comme une œuvre divine : l’imam est un pasteur nommé par d’autres hommes, faisant office de guide entre le croyant et Allah pour la prière ; dans certaines situations, il peut s’autoproclamer. Ils acceptent que les autorités religieuse et politique soient fondues dans la même personne.
  20. Les salafistes constituent un mouvement religieux sunnite et prônent un retour à l’Islam de l’époque de Mahomet, une lecture littérale et rigoriste des textes et surtout une lecture non interprétée. La doctrine salafiste prône l’obéissance à la loi islamique (charia). Dans son application, le salafisme envisage une vie spirituelle mais pas une vie pratique. C’est la principale différence avec le wahhabisme, qui dans sa doctrine applique la charia tandis que le salafisme ne l’envisage que d’un point de vue théorique. Le salafisme est le pendant théorique du wahhabisme. Les wahhabites se situent principalement dans le Golfe persique (Arabie Saoudite) Ils prônent un retour aux pratiques telles qu’existantes à l’époque de Mahomet et de ses premiers califes, c’est-à-dire un Islam pur et pratique avec une application stricte de la charia.
  21. L’irrédentisme est le nationalisme défendant le rattachement à un État de certains territoires devant, à ses yeux, légitimement l’être, par exemple parce qu’ils en ont autrefois fait partie ou parce que leur population est considérée par ces nationalistes comme historiquement, ethniquement ou linguistiquement apparentée.
  22. Homme politique libanais qui fut président du conseil d’administration et rédacteur en chef du quotidien An Naharet, l’un des leaders de la Révolution du Cèdre où une grande part des Libanais s’opposent à la présence syrienne au Liban
  23. Historien et journaliste politique franco-libanais, un des stratèges de la Révolution du Cèdre ou « l’Intifada de l’Indépendance »
  24. La loi sur la responsabilité syrienne et la restauration de la souveraineté libanaise ( SALSRA , Pub.L. 108–175 (texte) est un projet de loi du Congrès des États-Unis adopté le 12 décembre 2003 dont l’objectif déclaré est de mettre fin à ce que les États-Unis considèrent comme un soutien syrien au terrorisme, de mettre fin à la présence de la Syrie au Liban, qui est en vigueur depuis la fin de la guerre civile libanaise en 1990, d’arrêter le développement présumé d’armes de destruction massive par la Syrie, de cesser l’importation illégale de pétrole irakien par la Syrie et mettre fin aux expéditions illégales d’articles militaires aux forces anti-américaines en Irak.
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René Naba est un écrivain et journaliste, spécialiste du monde arabe. De 1969 à 1979, il est correspondant tournant au bureau régional de l’Agence France-Presse (AFP) à Beyrouth, où il a notamment couvert la guerre civile jordano-palestinienne, le « septembre noir » de 1970, la nationalisation des installations pétrolières d’Irak et de Libye (1972), une dizaine de coups d’État et de détournements d’avion, ainsi que la guerre du Liban (1975-1990), la 3e guerre israélo-arabe d'octobre 1973, les premières négociations de paix égypto-israéliennes de Mena House Le Caire (1979). De 1979 à 1989, il est responsable du monde arabo-musulman au service diplomatique de l'AFP], puis conseiller du directeur général de RMC Moyen-Orient, chargé de l'information, de 1989 à 1995. Membre du groupe consultatif de l'Institut Scandinave des Droits de l'Homme (SIHR), de l'Association d'amitié euro-arabe, il est aussi consultant à l'Institut International pour la Paix, la Justice et les Droits de l'Homme (IIPJDH) depuis 2014. Depuis le 1er septembre 2014, il est chargé de la coordination éditoriale du site Madaniya info. Un site partenaire d' Altermidi.