Le SNES-FSU13 émet de vives critiques sur les conditions dans lesquelles vont se tenir les épreuves du Bac 2021 et réclame notamment la suspension du Grand oral.


 

Ce jeudi 17 juin ont lieu les deux épreuves rescapées de l’examen national du baccalauréat session 2021. Nous aurions pu nous réjouir à l’idée de pouvoir, après un an et demi de pandémie, retrouver des conditions presque normales de déroulement du baccalauréat. Nous aurions pu nous réjouir de savoir nos élèves prêts à composer et à faire la preuve de leur sérieux et de la qualité de leur travail. Nous aurions pu, mais non…

Ce qui se profile pour le 17 juin et pour les semaines à venir a tout de la catastrophe annoncée. Certes les épreuves ont été aménagées pour tenir compte du contexte, une chance si l’on considère qu’aucun aménagement n’a été pensé pour le Brevet. Mais la multiplicité des sujets au choix, le fait de lister les séquences du programme non-traitées ou les consignes de bienveillance données aux jurys ne pourront pas compenser les difficultés accumulées tout au long de l’année. Que dire de la possibilité offerte aux élèves de préférer en philosophie la note du contrôle continu si elle est supérieure à celle de l’épreuve ? Tous ces aménagements décrédibilisent le travail des enseignants et confortent encore un peu plus la volonté du ministre de vider de son sens le baccalauréat.

Donc, non, Monsieur le Ministre, les enseignant.es ne se réjouissent pas du massacre du baccalauréat que vous leur imposez et du mépris avec lequel vous traitez leur travail et celui de leurs élèves.

Nous ne vous laisserons pas dire que tout va bien et que tout s’est bien passé !

Les convocations sont arrivées très tard, pour les élèves d’abord, puis elles ont dû être annulées et envoyées à nouveau car il y avait des erreurs. Les enseignants ont eu les leurs au dernier moment. Les enseignants de philosophie et de lettres croulent sous les convocations multiples (écrit, oral, BTS, surveillances, Grand Oral). À tout cela s’ajoute la numérisation des copies et la pénibilité que représente la correction de cent-trente à cent-cinquante copies de philosophie sur un écran en à peine une dizaine de jours. Pour y remédier, le ministère autorise les établissements à imprimer, pour les correcteurs et correctrices qui en font la demande, les copies papier qui auront d’abord été numérisées ! Ubuesque !

Cerise sur le gâteau : le Grand Oral

Cette épreuve évalue presque exclusivement les compétences orales, pourtant très peu travaillées en classe, et ne tient quasiment pas compte du contenu. Ainsi le candidat peut faire un oral d’anglais sans être obligé de parler en anglais, parler d’art sans montrer d’œuvre ni l’analyser, faire des mathématiques sans écrire de calculs ni de démonstration… Seule compte la forme ! Pas besoin donc d’un jury qui enseigne la discipline dont il est question et cela semble fort pratique pour trouver plus facilement des examinateurs. C’est ainsi que le Ministère invente le jury composé d’un spécialiste et d’un examinateur « candide » qui va évaluer un exposé dont il ne maîtrise pas le contenu. Mais malgré cela, l’administration peine à composer les jurys, doit aller chercher les professeurs documentalistes, les stagiaires, les enseignants de collège.

Le SNES-FSU1 dénonce la mascarade qui est en train de se jouer et demande au ministère de suspendre le Grand Oral, d’annuler la numérisation des copies, de veiller à ne pas surcharger de travail les enseignants de philosophie et de lettres, à allonger au maximum le temps de correction, à éviter de faire appel à des stagiaires pour les jurys et à tenir compte de la spécificité des missions des professeur.es documentalistes quand ils sont convoqués pour le Grand Oral.

Il appelle les personnels à faire entendre leurs désaccords et leurs revendications par des déclarations ou des motions à chaque occasion (réunion d’entente et d’harmonisation, jurys …). Il demande qu’un bilan soit fait avec les correcteurs et examinateurs à la rentrée scolaire. Il continue d’affirmer que le retour à des épreuves de baccalauréat anonymes, nationales et terminales est une nécessité pour assurer l’égale valeur du diplôme sur le territoire.

Notes:

  1. Syndicat national de l’enseignement secondaire, composante de la Fédération syndicale unitaire, majoritaire dans le secteur de l’enseignement.