Témoignage pour l’Histoire. Une contribution à l’Histoire de la séquence dite du « printemps arabe », particulièrement de la guerre intestine de Syrie que nous publions en partenariat avec Madaniya info  à l’occasion du 10e anniversaire de la guerre de Syrie.

 

Haytham Manna

Par Haytham Manna1  Intervention de l’auteur au Colloque La démocratie à l’Est de la Méditerranée, organisé par L’Institut Scandinave des Droits de l’Homme (SIHR), Genève 22-23 Septembre 2018. Adaptation en version française René Naba, Directeur du site www.madaniya.info et membre du groupe consultatif de l’Institut Scandinave des Droits de l’Homme (SIHR). Les intertitres sont de la rédaction de Madaniya info


 

Le IIIe millénaire paraissait prometteur en ce qu’une prise de conscience collective, quoique confuse pour un grand nombre, se faisait jour quant à la nécessité d’un changement. Le sentiment prédominant à l’époque était qu’un demi-siècle d’arbitraire, d’autoritarisme suffisait et qu’il était légitime à la population de cette partie du monde de jouir de liberté, de créativité, afin de compenser un demi-siècle d’obéissance, d’humiliation, d’impuissance, d’abdication et de défaite.

Les forums de discussion ont surgi tant à l’intérieur des pays arabes qu’à l’extérieur. La Commission arabe des droits de l’Homme qui avait édité The Short Universal Encyclopedia peu de temps avant le déclenchement de la séquence dite du « printemps de Damas » avait mis en chantier trois études complémentaires sur les thèmes de la démocratie et les droits de l’Homme en Syrie, de la Tunisie de Demain et de l’état d’urgence en Égypte.

 

A- Les Droits de l’Homme et la Démocratie en Syrie.

Les rédacteurs de l’ouvrage avaient pleinement conscience de la nécessité d’établir un rapport entre la démocratie et les droits économiques et sociaux d’une part, et d’autre part la nécessité d’une transition pacifique du pouvoir. L’hypothèse d’une intervention étrangère, d’origine régionale ou internationale, était absente de leurs préoccupations tant cette idée leur paraissait saugrenue.

L’idée dominante qui guidait la réflexion des 18 participants était qu’il importait de dégager une voie syrienne à l’accession à la démocratie. Le discours magnifiant les bienfaits du parti unique était devenu obsolète, qualifié de rétrograde. Il n’est pas indifférent de noter à ce propos que la campagne d’arrestation qui a mis fin au « Printemps de Damas » a cessé le 9 septembre 2001, soit deux jours avant le raid terroriste contre les symboles de l’hyperpuissance américaine, le 11 septembre 2001, de sinistre mémoire.

L’irruption du terrorisme islamique à l’échelle planétaire a mis un terme au débat inter-syrien mettant aux prises les oppresseurs en voie d’évanescence et les opprimés porteurs d’un avenir aux contours encore incertains.

 

B- L’invasion américaine de l’Irak (2003)

L’invasion américaine de l’Irak a opéré une première faille dans le raisonnement plaidant pour une transition politique, une transformation pacifique depuis l’intérieur de la société elle-même. L’opposition meurtrie par les arrestations et les traques engagées par le pouvoir irakien était placée face à un dilemme, le plus important qu’elle ait eu à affronter depuis l’indépendance de l’Irak. Souhaiter une intervention étrangère ou lutter de l’intérieur du pays pour provoquer un changement de régime.

Peu d’opposants irakiens étaient favorables, au départ, au changement du régime au moyen d’une intervention militaire étrangère. Mais la panique des régimes arabes et leur violence redoublée dans la répression de leur population ont fait voler en éclat cette attitude. L’opposition s‘est alors divisée entre partisans et adversaires de l’intervention militaire étrangère comme moyen le plus sûr de libérer le peuple des griffes de leurs dirigeants.

Il était évident qu’un mouvement de citoyenneté authentique s’est réellement manifesté au début de la séquence dite du « printemps arabe » et aucune opération de falsification ne saurait occulter ce fait.

 

C- 2010, l’étincelle de la Tunisie et les craintes de Mouncef Marzouki

Fin 2010, un mouvement spontané de la jeunesse tunisienne surgit des sphères de la société informelle, la plus marginalisée, sur le plan social et sur le plan économique, qui a pris la forme d’un soulèvement populaire généralisé contre la dictature de Zine El Abidine Ben Ali.

L’embarras de la France face à ce phénomène apporte la preuve que le soulèvement populaire ne figurait pas sur l’agenda des chancelleries occidentales. Il a en effet pris de court tant les pays occidentaux que la caste intellectuelle arabe. Je me souvient à ce propos la Nuit du Réveillon de 2011 que j’ai passée en compagnie de Mouncef Marzouki, après avoir rendu visite à la famille d’une victime de la répression du pouvoir tunisien.

Mouncef Marzouki, à l’époque un opposant de premier plan à la dictature Ben Ali, me confia alors avec douleur son problème : « Dans quelques jours, la validité de mon passeport va expirer. Je deviendrai alors captif de ce régime méprisable, qui me transformera en être à mobilité réduite, privé de mouvement. »

Il n’est au pouvoir de personne de déformer les faits. L’hymne de la liberté a partout résonné. À Kasserine, ville du Centre-Ouest de la Tunisie, j’ai publiquement rendu hommage à la vaillance de la jeunesse révolutionnaire tunisienne pour son exploit d‘avoir opéré une révolution civile pacifique. Une révolution profondément ancrée dans une relation dialectique entre démocratie et droits économiques et sociaux.
L’écho de la révolution tunisienne s’est propagé jusqu’à la place Tahrir au Caire, avant que la jeunesse syrienne de Dera’a ne prenne le relais au nom du mot d’ordre symboliquement mobilisateur : « Liberté, Liberté projette toi d’Égypte à la Syrie ».

De là, elle s’est prolongée jusqu’à Sana’a (Yémen), puis au Rond-Point Al Lou’loua (le rond-point de la perle), haut lieu de la contestation bahreïnie à Manama, détruit depuis lors par les autorités ; les mots d’ordre étaient identiques. La liberté qui ébranle les trônes devint subitement l’ennemi déclaré de tous les tyrans.

 

D – La Libye et Bernard Henry Lévy « le plus important militant des droits de l’homme en Europe »

La Libye a constitué le ventre mou de ce sursaut de la jeunesse arabe. Dans cet état d’exaltation, l’OTAN saisira l’occasion de s’y engouffrer. Et pour cause : La Libye, un des points d’ancrage de la Russie en Méditerranée, produit cinq fois plus de pétrole que l’Algérie pour une densité démographique infiniment moindre et le mouvement démocratique libyen est le plus faible du Maghreb.

Swing state [État-pivot, Ndlr] de la zone, quiconque en prend le contrôle est en mesure de faire pencher la balance par rapport à ses deux voisins frontaliers, la Tunisie à l’Ouest et l’Égypte à l’Est.

Avril 2013. L’ambassade de France à Tripoli cible d’un attentat. Photo DR

Main dans la main, l’OTAN est intervenu en Libye avec la caution du Qatar et des autres pétromonarchies, qui constituent la majorité des États membres de la ligue arabe… à coups de Fatwa de Youssef Al Qaradawi, le mufti2 du Qatar lequel invitera répétitivement les pays occidentaux à intervenir militairement en vue de liquider Mouammar Al Kadhafi, le « Guide de la Révolution libyenne ». Le zèle atlantiste de Youssef Al Qaradawi, membre éminent de la confrérie des Frères musulmans, d’origine égyptienne, lui vaudra d’ailleurs le sobriquet de « Mufti de l’OTAN ».
Dans un tel contexte de désorientation mentale, un quotidien du Qatar, Ar Raya, ira jusqu’à qualifier Bernard Henry Lévy comme étant « le plus important militant des Droits de l’Homme en Europe », alors qu’il est de notoriété publique que le philosophe du botulisme (maladie paralytique, Ndlr) fait office de fer de lance de l’offensive médiatique israélienne sur le théâtre européen.

En tandem avec Nicolas Sarkozy, soucieux de compenser son ratage de la révolution tunisienne, BHL s’emploiera à enjoliver aux yeux de l’opinion européenne l’intervention militaire de l’OTAN, parallèlement aux démarches du Quai d‘Orsay, en concertation avec Christopher Stevens, ambassadeur des États-Unis auprès de la rébellion libyenne, et de légitimer le Conseil National Transitoire (CNT) en tant que gouvernement de substitution libyen au pouvoir de la dictature.

Cette mascarade s’est déployée sur la base d’une alliance hybride entre des djihadistes, leur matrice originelle, la confrérie de Frères Musulmans, ainsi que quelques nationaux libyens. Elle a débouché sur un montage explosif qui a transformé la Libye, jadis atone et amorphe, en poudrière, la plus importante plate-forme du mouvement djihadiste en Afrique du Nord.

Leur sale besogne accomplie, Nicolas Sarkozy et BHL ont abandonné le navire, en plein naufrage, alors que l’ambassade de France à Tripoli était la cible d’un attentat simultanément à l’assassinat de l’ambassadeur des États-Unis auprès de la rébellion, Christopher Stevens, un arabisant agent de la CIA. Depuis lors, le modèle libyen s’est transformé en cauchemar qui hante le sommeil de l’ordonnateur de ce chaos.

 

E – La Syrie

L’intervention de l’OTAN en Libye s’est accompagnée de la contestation populaire en Syrie, un pays réputé pour la présence d’une opposition politique fort active, ayant souscrit dès 1979 au projet démocratique ; une opposition aguerri par la terrible expérience qu’elle vécue face à la double violence émanant de l’appareil répressif de l’État syrien et de la contre-violence de la branche syrienne des Frères Musulmans. L’épreuve de force entre le pouvoir syrien et la branche militaire des Frères musulmans de Syrie, At Taliha Al Moukatilla, qui a culminé en 1978, puis en 1982, a offert au pouvoir l’occasion de remplir les prisons de milliers de communistes, de démocrates et de syndicalistes.

En 1989, vingt ans après ces faits, la plupart des prisonniers avaient retrouvé la liberté portant les stigmates de cette double violence subie lors de cette guerre entre les deux camps antagonistes. Beaucoup porteront témoignage, dans des écrits, de leur douloureuse expérience.

Face à la contestation naissante, l’appareil répressif syrien a eu recours à la vieille ficelle de la démagogie, avançant des arguments fallacieux soutenant que la démocratie nécessite du temps pour sa mise en place ; qu’elle suppose au préalable une forme de maturité politique, alors que parallèlement, les groupements éradicateurs (takfiristes3) menaient une véritable guerre sainte contre la liberté, la démocratie et la concitoyenneté.

Dans une sorte de déchaînement aveugle contre le mouvement de libération démocratique, galvanisés par leurs soutiens extérieurs, les groupements éradicateurs takfiristes ont décrété « la démocratie, une idolâtrie » et « la laïcité, une apostasie ».
Telles des hordes sauvages, ils procéderont à l’extermination de leurs supposés ennemis, ne faisant pas de quartiers, ne tenant compte ni de la religion, ni même de la confession, ni non plus de la nationalité de leurs cibles, massacrant sans discernement, s’acharnant à détruire le projet visant à édifier un État démocratique civique doté de sa pleine souveraineté. Mais, la société syrienne a néanmoins résisté.

La violence politique est-elle compatible avec un projet démocratique ? Cette question posée dans la décennie 1970-1980 au sein des mouvements de libération d’Amérique latine, est revenue se poser avec force en Syrie, en 2011, alors que la contre-révolution gagnait du terrain du fait d’une coalition hétéroclite, constitué d’un flux islamiste déferlant sur le pays, propulsé par des puissances régionales, avec la caution de quelques libéraux et d’anciens communistes.

Le mot d’ordre de transformation démocratique du système politique de Syrie était relégué à un simple slogan dans une opération de relations publiques destinées à gagner à leur cause l‘opinion internationale. Nous étions fermement convaincus que la violence à elle seule favorise la régression en ce qu’elle règle le problème de la pire manière qui soit. Il était dès lors impératif d’inciter la victime à faire usage à son tour de la violence afin qu’elle reproduise un schéma identique à son bourreau.

La dictature a ainsi produit ce qu’elle recelait de pire, au diapason de ses homologues régionaux. Ainsi au fur et à mesure que la radicalisation se généralisait, le comportement des protagonistes du conflit syrien évoluait vers une moindre humanité pour se placer en deçà de toute humanité.

Dans un tel contexte, l’immigration devenait un impératif humain de survie, en même temps qu’elle signifiait le refus de cautionner des comportements oppressifs et injustes. Il n’est pas indifférent de noter à ce propos que les deux thèmes de non-violence et de combat civique n’étaient nullement mentionnés dans le discours politique des pays de la zone. Des thèmes totalement occultés en dépit de notre plaidoyer en leur faveur et cela depuis la chute du Mur de Berlin, en 1989.

Nous considérions en effet et continuons de considérer que le combat citoyen constitue l‘arme la plus importante et la plus efficace pour faire chuter les dictatures arabes. Le constat s’imposait sans ambages : Le degré de violence se répercutait directement et pleinement sur la nature de la transformation de l’État et de la société.

Autrement dit, la nature de la transformation de la société était tributaire du degré de violence qu’elle avait subie, car une violence exacerbée se répercutait négativement sur le processus de l’édification d’une société démocratique.

 

 

Carte de la Syrie. DR

 

 

A – Le positionnement de la Commission Arabe des Droits de l’Homme

Ainsi en 1996, un groupe d’intellectuels arabes (juristes, penseurs, écrivains, militants des droits civiques) tels Mouncef Marzouki (Tunisie), Violette Dagher (Liban), Mohamad Hazef Yaacoub, Mohamad Sayyed Al Said et Haytham Manna (Syrie) ont procédé à une relecture critique des « principes fondamentaux de l’État moderne », avec une attention particulière à des concepts tels que Souveraineté, Suivisme, Développement, Légitimité, Renaissance, les Droits des Personnes et des peuples, la relation dialectique entre les Droits Économiques, Sociaux, Politiques, Culturels et Civiques, ainsi que, dernier et non le moindre, le concept de Résistance Civile.

Le premier constat dressé par la Commission Arabe des Droits de l’Homme a porté sur le rôle de la violence dans la consolidation du système mondial et son emprise sur le processus de transformation dans un pays donné et dans une zone géographique déterminée, particulièrement dans les champs de confrontation de l’OTAN et du Pacte de Varsovie, à l‘apogée de la guerre froide soviéto-américaine (1945-1990).

Les auteurs d’ACHR ont conclu sur la nécessité de tout mettre en œuvre pour innover de nouvelles formes de résistance non violente en ce que l’économie de la violence, le fait de la brider et de la contenir, est indispensable pour limiter les dégâts tant humains que matériels dans les pays qui, de surcroît, subissent un double viol : un viol interne du fait du pouvoir, un viol externe du fait des grandes puissances.

 

B- L’engagement de personnalités islamistes Abdallah Hamed, Jawdat As Said, en contrepoint de la position des Frères Musulmans

Les démocrates laïcs n’étaient pas isolés dans leur combat. Des personnalités islamistes de premier plan partageaient le point de vue de la Ligue Arabe des Droits de l’Homme, notamment Docteur Abdallah Hamed, animateur du Mouvement constitutionnaliste de tendance réformiste de la péninsule arabique, de même que Jawdat As Said qui apporta son soutien aux thèses de la Ligue dans la revue Moukarabat (Approche comparative). Jawdat As Said n’hésitera pas à célébrer l’alliance de la science et de la raison, s’exclamant lors du lancement de la séquence dite du « printemps arabe » : « La science et la raison ont triomphé. »

 

C- La position de la Confrérie des Frères Musulmans

À contre-courant de cette tendance, les Frères Musulmans se sont prononcés, pour leur part, en faveur de la violence armée, justifiant leur recours aux armes par la légitime défense.

Une thèse difficile à admettre en ce que céder à la violence équivaut à conférer à la violence le soin de décider du cours des événements, selon la célèbre maxime du Cheikh syrien Jawdat Said suivante : « La guerre est morte. N’y recourt que les ignorants et les hypocrites qui tirent profit de l’ignorance des ignorants ».

Il serait injuste à ce stade du raisonnement d’omettre de mentionner la position du Docteur Mohamad Ammar, un des fondateurs du Comité de Coordination Nationale, lorsqu’il a établi la relation entre la violence et la politique début 2010, assurant à juste titre que « Quiconque œuvre en vue de propulser au pouvoir des militaires ne saurait le conserver sans l’appui de ces mêmes militaires devenant ainsi prisonnier de leur puissance et de leur force ».

 

D- Le manifeste de Moaz Al Khatib et de ses compagnons

Dans le même ordre d’idées, il importe de signaler la position de l’Imam Moaz al Khatib et de ses quatre compagnons — Khaled Tayfour, Khalil Al Asmar, Said Salem et Souleymane Al Zoubeiby — consignés dans un manifeste publié le 30 juillet 2011, soit quatre mois après le déclenchement de la protestation dans le secteur de Dera’a4.

Moaz al Khatib sera le premier président de la Coalition nationale des forces de l’opposition syrienne, de sa création le 11 novembre 2012 à sa démission le 21 avril 2013 en signe de protestation contre les ingérences du Qatar dans les délibérations de cette instance. Dans son manifeste, il décrète le « tabou du sang et frappe d’interdit la guerre intestine, le pillage, le viol ».

Le document exige « le respect de l’armée syrienne » et de « veiller à ne pas l’entraîner dans l’engrenage de la violence, de la considérer comme la garante d’une solution pacifique au conflit » ; les signataires proclament leur attachement à une contestation populaire pacifique, ainsi que la réaffirmation de l’intégrité territoriale de la Syrie et à l’unité de sa population, le rejet du confessionnalisme, de considérer comme « sacré les droits de l’Homme».

 

E – Le principe des trois Non

Parallèlement à ce manifeste, les trois plus importantes formations civiques opérant à l’intérieur de la Syrie adoptaient le principe des trois Non : Non à la violence ; Non au confessionnalisme ; Non à l’ingérence étrangère.

 

F – De la révolution pacifique à la contre révolution islamiste

Bon nombre d’opposants, sans doute aveuglés par la perspective d’une chute prochaine du pouvoir syrien, une thèse propagée particulièrement par les médias français, ne se sont pas rendu compte qu’une distribution anarchique d’un armement, en quantité importante, sans le moindre discernement, visait, en premier lieu, non la dictature syrienne, mais le principe même d’une contestation civile et ses objectifs.

Quiconque proclamait son attachement aux principes des trois Non (Non à la violence, non au confessionnalisme, Non à l’intervention étrangère) était tenu en suspicion, qualifié de défaitiste, voire même accusé de connivence avec la dictature syrienne. La contestation pacifique était, dès lors, frappée d’obsolescence.

2019, Opération chammal. Photo Dr

Par glissements successifs, l’affaire syrienne a ainsi muté en une stratégie de puissance et d’influence régionale et internationale des divers protagonistes du conflit syrien, à l’arrière-plan d’un financement exorbitant d’une guerre psychologique d’intoxication, sur fond d’exploitation de la misère de la population et de sa désespérance. Dans le désordre ambiant, les vendettas se sont multipliées, de même que les règlements de compte.

Les groupements islamistes opérant en Syrie vont détourner les mots d’ordre de la révolution pacifique pour en dévier le cours en vue de susciter une contre-révolution animée par une clique agréée par les pays occidentaux et les pétromonarchies, qui forgera sa réputation par sa fréquentation assidue des hôtels 5 étoiles, adossée sur un réseau politico-médiatique et financier.

Le schéma libyen s’imposait ainsi comme acceptable aux yeux d’une fraction de la population syrienne sous le fallacieux prétexte de détruire la dictature et de sauvegarder la révolution. Ce faisant, ils ont entravé la contestation populaire civique, la privant des moyens d’atteindre ses objectifs : la fin de la dictature syrienne et l’éradication de la corruption.

 

G – Août 2011, date de la transition effective de la contestation pacifique à la confrontation armée

Le pouvoir syrien s’est déchaîné dans une violence multiforme durant le premier semestre de la protestation populaire, conduisant la société syrienne à renoncer à la contestation pacifique au profit de la confrontation armée.

Août 2011 marquera la transition effective d’une contestation autonome pacifique proprement syrienne à une confrontation armée, orchestrée de l’étranger et propulsée par une campagne médiatique de mobilisation, débouchant sur une militarisation du conflit. Ce tournant a occulté les revendications du départ.

 

H – La rupture entre Haytham Manna et Mouncef Marzouki, deux membres fondateurs de la Commission Arabe des Droits de l’Homme (voir plus loin encadré sur cette affaire)

Cette déviation du combat nous a conduit à saisir la Ligue Arabe et le Conseil National transitoire syrien (le groupement de l‘opposition soutenu par les pétromonarchies et les pays occidentaux) en vue d’opérer un rapprochement entre les deux composantes de l’opposition syrienne (l’opposition interne, opérant sur le terrain et l’opposition externe).
38 jours de négociations pour un accord qui tiendra 12 heures.

Au terme de 38 jours de négociations, nous sommes parvenus à un accord avec le CNT sur le refus de toute ingérence étrangère, considérant la résistance civile comme la voie la meilleure pour parvenir à une transition pacifique vers la démocratie. L’accord tiendra douze heures. Il volera en éclat du fait des interférences extérieures.

La rupture de l’accord a conduit les protagonistes extérieurs à la Syrie (les puissances étrangères OTAN et pétromonarchies) à prendre l’initiative des combats, miroitant tantôt la possibilité d’un aménagement d’un couloir humanitaire, tantôt l’aménagement d’une zone d’exclusion aérienne en Syrie, à l’arrière-plan d’un afflux considérable de djihadistes en provenance de près de 40 pays. En vain, nous avons tenté de stopper le flux djihadiste vers la Syrie. Ce sujet a d’ailleurs constitué un motif de rupture entre Haythan Manna (Syrie) et Mouncef Marzouki (Tunisie), deux opposants historiques de la mouvance démocratique arabe, co-fondateurs de la Ligue Arabe Pour les Droits de l’Homme.

[Contre toute attente Mouncef Marzouki fera alliance avec Rached Ghannouchi, chef du parti An Nahda de Tunisie, la branche tunisienne de la confrérie des Frères Musulmans pour briguer la Présidence de la République, devenant ainsi le premier président post-dictature. Sous la pression de ses parrains néo-islamistes, il abritera la première conférence des « pays amis de la Syrie », un conglomérat international faisant office de base arrière à la guerre des djihadistes en Syrie. NDT].

 

I – L’alliance entre le courant salafiste et les Frères Musulmans

L’alliance entre le courant salafiste et les Frères Musulmans, la plus ancienne formation transnationale du monde arabe, a été scellée par la Fatwa de 107 oulémas5 du monde musulman incitant les soldats syriens à la défection, même si cette désertion devait « déboucher sur la mort du soldat récalcitrant ». Le premier communiqué conjoint émanant de la confrérie des Frères Musulmans et des groupements salafistes portait la date du Mardi 15 Rabih Al Awal 1434 de l’Hégire, correspondant au 7 Février 2012.

Signé des personnalités suivantes : Cheikh Youssef Al Qaradawi, prédicateur du Qatar, Rached Ghanouchi, chef du parti An Nahda, la branche tunisienne de la confrérie des Frères Musulmans, ainsi que de deux prédicateurs saoudiens, Awad Al Qarni et Salmane Al Awda, il invitait les soldats syriens à faire défection, au péril de leur vie.

Ci-joint le texte complet de cet appel :

« Il n’est pas permis aux membres des forces armées syriennes, aux forces de l’ordre et à toute autre formation sécuritaire de tuer un membre du peuple syrien ou d’ouvrir le feu contre lui. Il leur incombe de désobéir aux ordres donnés en ce sens, même si cela doit déboucher sur la mort du soldat récalcitrant. Il leur incombe d’abandonner leur poste et de renoncer à leur mission.« Il n’est pas permis de continuer à exercer des responsabilités de sécurité et des forces armées dans les circonstances présentes. Il incombe de faire sécession toute affaire cessante.

« Nous lançons un appel à soutenir l’Armée Libre Syrienne (ALS) en vue de la renforcer, d’y adhérer pour contribuer à la défense des civils et des villes cibles du pouvoir, aussi longtemps qu’ils seront présents.

« Nous Lançons un appel aux musulmans et au monde libre en vue de soutenir les formations de l’Armée Libre Syrienne par tous les moyens matériels et moraux afin de lui permettre d’accomplir sa mission face au pouvoir.

« Nécessité de soutenir les révolutionnaires de Syrie et de leur fournir toute l’aide matérielle et morale pour leur permettre d‘accomplir leur révolution et de récupérer leur liberté et leurs droits.

« Nous invitons les États arabes et musulmans à arrêter une ferme position face au régime syrien, en expulsant ses ambassadeurs et à rompre les relations avec lui ».

 

J – Mohamad Morsi décrète le djihad en Syrie

L’alliance salafiste-confrérique a atteint son paroxysme le 15 juin 2013, moins d’un an après, lorsque Mohamad Morsi, le premier président néo-islamiste d’Égypte, décrétera le djihad en Syrie.

Cette décision a été avalisée par 500 oulémas, lors d’un congrès tenu au Caire sous l’égide du président néo-islamiste égyptien, avec la participation des représentants des islamistes des pétromonarchies du Golfe (Qatar, Arabie Saoudite, Koweït, Bahreïn) ainsi que des courants islamistes d’Égypte, du Yémen et de la Tunisie.

Faute stratégique majeure qui abrégera brutalement son mandat, cette décision a été très mal perçue par la hiérarchie militaire égyptienne en raison de la fraternité d’armes qui liait les armées égyptiennes et syriennes dans les quatre batailles qu’ils ont livré contre Israël, en 1948, en 1956 (expédition de Suez), 1967 et 1973, (destruction de ligne Bar Lev sur le Canal de Suez et récupération d’une portion du Golan par la Syrie).

 

K – « Le djihadiste en Syrie est beau quoiqu’il fasse »

Ni les personnalités laïques, pas plus que les animateurs du « Printemps de Damas » (2000-2001) ne se sont élevés contre l’internationalisation du conflit. Face à ces développements, le pouvoir s’est engouffré dans une opération de récupération lançant un train de réformes forgeant même à la hâte un nouvelle constitution.

À ce stade du conflit, des néologismes, tels des stigmates, ont fait leur apparition à l’exemple de Chabbiha (fiers à bras), ou pire Fourak al Maout (les escadrons de la mort), annihilant d’un trait des décennies de combat démocratique.

Bon nombre de populistes ont été démasqués par des slogans de grande démagogie du genre « Le djihadiste en Syrie est beau quoiqu’il fasse » au point que dans les milieux libéraux voire même dans des milieux religieux, une perte du sens de l’intérêt national a été constaté, notamment en ce qui concerne le Golan (plateau syrien occupé par Israël depuis 1967) que certains par quête exacerbée du pouvoir étaient prêts à brader pour parvenir à leurs fins.

La responsabilité de cet état de fait pitoyable incombe conjointement au pouvoir et à l’opposition. Les partisans de la confrontation armée ont échoué à placer le militaire sous l’autorité du politique ; à libérer les combattants de leur ornière confessionnelle en n’enrôlant que des combattants appartenant à la même chapelle de religiosité que la leur ; à dégager une vision commune tant en ce qui concerne la stratégie que l’objectif final de leur combat. Éprouvant de vives craintes sur l’opération de destruction programmée en cours d’exécution, de manière consciente ou inconsciente, il nous a paru impérieux d’établir une claire démarcation entre le projet démocratique pacifique et les diverses formes de lutte à base confessionnelle, de suivisme politique et financier.

Une claire démarcation entre guerre et révolution, en mettant en avant la nécessité d’adhérer à une vision d’avenir de la Syrie et non à se préoccuper de solder le passif du régime, tant il est aisé qu’une révolution dégénère en guerre intestine, au-delà en guerre régionale.

La guerre civile a constitué immanquablement une bouffée d’oxygène pour le pouvoir en place, qui traîne pourtant un lourd passif en matière de crimes contre l’humanité.

 

L – L’autocritique tardive d’Okab Yahya

Un de ceux qui ont grandement contribué à cet état de fait déplorable, Okab Yahya, a voulu s’exonérer de ce passif, confessant que « la militarisation du conflit a modifié les objectifs de la révolution du fait de l’affaiblissement du politique au profit du militaire ; de la neutralisation de la participation populaire, de même que celle de l’Armée Syrienne Libre (ASL) — constituée de soldats syriens dissidents —, au profit des forces islamistes animées par d’autre enjeux et qui ne cachaient d’ailleurs pas leur mépris pour la démocratie, la considérant comme une apostasie.

Les Frères Musulmans, eux non plus, n’ont fait objection aux thèses islamistes dans leur nouvelle version exacerbée considérant qu’elles constituaient un prolongement des leurs. Cette évolution a brouillé l’image de la révolution au sein de larges fractions de la population ».

Okab Yahya, in Les obstacles au retour de la révolution vers la démocratie, 19 Mai 2018. En dépit de ces critiques, cet opposant syrien s’est maintenu à son poste au sein de l’opposition ôtant tout crédit à ses propos.

 

M – Les conséquences de la militarisation du conflit : une mise en avant des partisans du « Djihad mondial »

La militarisation du conflit a propulsé sur le devant de la scène les partisans du « Djihad mondial » ou de la « violence révolutionnaire », projetant des centaines de milliers de citoyens pacifiques, auparavant fortement engagés dans la contestation pacifique, sur le chemin de l’exode et de l’exil (réfugiés déplacés, prisonniers, victimes) dans des zones à majorité kurde de Syrie.

 

N – Des combattants Kurdes

Les Forces démocratiques syriennes, abrégé en français FDS (ou QSD en kurde/arabe) sont une coalition militaire formée le 10 octobre 2015 pendant la guerre civile syrienne. Active dans le nord de la Syrie, les FDS visent surtout à chasser l’État Islamique de la zone. Largement dominées par les Kurdes des Unités de Protection du Peuple (YPG), les FDS regroupent également des rebelles arabes proches de l’Armée syrienne libre, des tribus locales comme l’Armée Al-Sanadid. Les FDS sont activement soutenues par la coalition internationale, notamment les États-Unis et la France, qui leur fournissent des formateurs, des armes et un appui aérien.

Forts de 40 ans d’expérience acquise dans des combats contre la Turquie, les Forces Démocratiques Kurdes ont émergé en tant qu’unique force combattante au Rojava6.
Du mieux de nos possibilités, nous avons veillé à éviter avec les kurdes la répétition des erreurs du passé en ce que l‘émergence d’un parti unique sous l’autorité d’un chef unique, particulièrement à une période où Daech7 ciblait les zones kurdes dans une guerre chauvine à connotation religieuse risquait de déboucher sur de tragiques dérives. Nous nous sommes dressés contre l‘enrôlement des femmes, des enfants, des personnalités politiques et religieuses et œuvré pour la constitution d’un « Haut Conseil Kurde » fédérant les diverses composantes de la population kurde dans un cadre civil et démocratique.

 

O – Le jeu des Américains auprès des Kurdes

Mais les Américains qui envisagent le conflit de Syrie sous l‘angle étroit de leurs propres intérêts n’étaient nullement intéressés par une quelconque forme d’autogestion dans les zones sous contrôle kurde. À la veille de sa démission de son poste d’émissaire américain auprès de l’opposition syrienne, en Mars 2014, Robert Ford m’avait demandé d‘intervenir auprès des dirigeants kurdes en vue d’obtenir la libération de 24 personnalités détenues par leurs forces.

[En Août 2013, Haytham Manna avait dit à Robert Ford, l’émissaire américain auprès de l’opposition off-shore, que « l’opposition syrienne avait besoin d’une conférence dotée de plénitude de décision et de souveraineté, d’où seraient bannis les khawajat (notables en costumes trois pièces), privés de leurs mobiles (pour couper la voie à d’instructions téléphonées), privés de dollars (qui lubrifieraient leurs votes) ». Robert Ford lui avait alors répondu : « Les Khawajat sont présents car l’opposition syrienne n’est pas en mesure de régler ses problèmes par elle-même. » Haytham Manna avait alors répliqué : « L’opposition que vous avez intronisée n’est pas en mesure d’atteindre cet objectif. », NDT]

Depuis lors, plus aucun responsable américain n’a fait part de sa préoccupation concernant le respect des droits de l’homme et de libertés politiques à l’est de l’Euphrate, auprès des protagonistes du conflit syrien, particulièrement auprès de leurs alliés antagonistes, kurdes et turcs.

La préoccupation majeure des Américains a été d’amener les Kurdes à la table des négociations avec la Turquie dans le secteur de Qandil8, et de procéder à un désengagement des Forces Démocratiques Kurdes du PKK, le Parti des Travailleurs Kurdes de Turquie, afin de subordonner les Kurdes à la stratégie américaine.

Dans une démarche destinée à affirmer sa singularité, la Direction de la Société Civile Démocratique Kurde a proclamé son intention d’instaurer un fédéralisme, suivant en cela l’exemple d’Abdallah Oçalan, le chef du PKK emprisonné en Turquie. La proclamation de ce projet politique, de manière unilatérale, selon la méthode baasiste9, a constitué une catastrophe non seulement pour la cause arabe mais également pour la cause kurde en ce qu’elle marquait une prise de distance des formations kurdes avec les courants laïcs et démocratiques de Syrie qui avaient vigoureusement lutté afin d’atténuer les effets de la militarisation du conflit, et, corrélativement, la subordination du politique au militaire.

L’opposition démocratique syrienne avait pourtant reconnu dans son manifeste fondateur au congrès du Caire de juin 2015 le « Droit de la minorité kurde en Syrie et des autres minorités ethnico-confessionnelles ». Il était notamment dit que « l’État syrien reconnaît l’existence d’un peuple kurde en tant qu’élément constitutif de la population syrienne, de ses droits nationaux légitimes, conformément aux engagements et conventions internationales, et ceci dans le cadre de l’unité du peuple syrien, considérant que la nationalité kurde de Syrie comme un élément authentique (assil-originel) [de noble origine, NDT] du peuple syrien.

L’État syrien reconnaît de même l’existence, l’identité et les droits nationaux identiques aux nationalités syriaques, assyriennes, turkmènes, cire-caucasiennes (tcherkess), tchétchènes et arméniennes, les considérant comme un élément authentique du peuple syrien ».

Il n’existe aucun exemple dans l’Histoire contemporaine d’un déchaînement de violence qui débouche sur un régime démocratique. Pas un cas de victoire militaire obtenue en pareilles circonstances qui ne dégénère sur une radicalisation du comportement, une volonté d’éradication et de vengeance.

Nous n‘avons cessé de mettre en garde sur les conséquences d’un usage inconsidéré et immodéré de la violence sur la cohésion sociale, la paix civile, l’intégrité territoriale et l’unité de la Syrie. La violence politique n’a jamais constitué l’expression de revendications nationales ou d’aspirations démocratiques.

La violence politique en Syrie n’a pas été le fait du hasard, mais préméditée et impulsée en vue de favoriser la radicalisation et la confessionnalisation et la communautarisation du mouvement de contestation populaire pacifique, les trois facteurs générateurs de mort, de destruction et de vengeance.

Haytham Manna, traduit par René Naba

Notes:

  1. Haytham Manna est un écrivain syrien ; il a passé trois décennies en tant que militant des droits de l’homme qui a aidé à créer et est devenu porte-parole de la Commission arabe des droits de l’homme.
  2. mufti : religieux musulman sunnite qui est un interprète de la loi musulmane ; il a l’autorité d’émettre des avis juridiques, appelés fatwas.
  3. Les takfiri sont des extrémistes islamistes adeptes d’une idéologie violente. Le terme takfiri signifie littéralement « excommunication » (des autres musulmans). Les takfiris considèrent les musulmans ne partageant pas leur point de vue comme étant des apostats, donc des cibles légitimes pour leurs attaques.
  4. Dera’a : ville du sud-ouest de la Syrie proche des frontières avec la Jordanie, le Liban et Israël.
  5. L’ouléma est un théologien effectuant des recherches dans le domaine du Coran et de la tradition prophétique (la sunna)
  6. Le Rojava est une région rebelle autonome de fait dans le nord et le nord-est de la Syrie. Elle s’est autoproclamée en 2013 sous le nom d’Administration transitoire intérimaire.
  7. L’État islamique, aussi appelé Daech, est une organisation terroriste, militaire et politique, d’idéologie salafiste djihadiste ayant proclamé le 29 juin 2014 l’instauration d’un califat sur les territoires sous son contrôle.
  8. Qandil est situé à la frontière entre le Kurdistan irakien et le Kurdistan iranien.
  9. Baasisme :  idéologie politique de la mouvance politique nationaliste arabe connue comme Baas, créé en 1944 en Syrie avec comme but l’unification des différents États arabes en une seule et grande nation et qui dit combiner le socialisme arabe et le nationalisme panarabe. La laïcité est un autre pilier du Baas.
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René Naba est un écrivain et journaliste, spécialiste du monde arabe. De 1969 à 1979, il est correspondant tournant au bureau régional de l’Agence France-Presse (AFP) à Beyrouth, où il a notamment couvert la guerre civile jordano-palestinienne, le « septembre noir » de 1970, la nationalisation des installations pétrolières d’Irak et de Libye (1972), une dizaine de coups d’État et de détournements d’avion, ainsi que la guerre du Liban (1975-1990), la 3e guerre israélo-arabe d'octobre 1973, les premières négociations de paix égypto-israéliennes de Mena House Le Caire (1979). De 1979 à 1989, il est responsable du monde arabo-musulman au service diplomatique de l'AFP], puis conseiller du directeur général de RMC Moyen-Orient, chargé de l'information, de 1989 à 1995. Membre du groupe consultatif de l'Institut Scandinave des Droits de l'Homme (SIHR), de l'Association d'amitié euro-arabe, il est aussi consultant à l'Institut International pour la Paix, la Justice et les Droits de l'Homme (IIPJDH) depuis 2014. Depuis le 1er septembre 2014, il est chargé de la coordination éditoriale du site Madaniya info. Un site partenaire d' Altermidi.